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Alexandra Cardinale : « Misatango est une œuvre magnifique. Elle grave le cœur et l’âme. »

L’invitée de Yannick Urrien : Alexandra Cardinale

L’invitée de Yannick Urrien : vendredi 29 octobre 2021 à 7h10 (rediffusion à 9h10) sur Kernews

Alexandra Cardinale Opéra Ballet Production et le Palais des Congrès Atlantia présentent le Boléro et Misatango à travers trois pièces exceptionnelles signées du chorégraphe Julien Lestel. On retrouvera donc les musiques de Max Richter, Maurice Ravel et Martín Palmeri avec, sur scène, Alexandra Cardinale de l’Opéra de Paris. Nous revenons avec elle sur Misatango car cette représentation est un événement. Créée en 1996 par le compositeur et chef d’orchestre argentin Martín Palmeri, Misatango, ou Misa à Buenos Aires, transcende le répertoire spirituel en le faisant fusionner avec les traditions musicales profanes latino-américaines, en particulier le tango, lié à la musique sacrée depuis plus d’un siècle. Cette messe liturgique à la renommée planétaire a emballé le public du Carnegie Hall en avril 2016, ainsi que le Pape François, en l’honneur de qui elle avait été́ jouée en 2013 au Vatican en référence à ses origines argentines. On dit d’ailleurs que Misatango est devenu le requiem préféré du Pape François.

Pratique : Boléro – Misatango, samedi 20 novembre à 20h30 au Palais des Congrès Atlantia de La Baule. Renseignements et réservations : 02 40 11 51 51.

Kernews : Vous avez été danseuse au ballet de l’Opéra National de Paris. Même après avoir quitté cette grande maison, on doit conserver dans son âme une proximité avec elle…

Alexandra Cardinale : C’était un honneur de pouvoir servir cette grande maison pendant tant d’années. Cette maison est le temple de la danse. J’ai eu le privilège d’honorer cette scène, mais la danse continue à circuler à travers d’autres scènes et la transmission est la même. C’était un moment intense de quitter cette grande maison, mais il n’y avait pas vraiment de tristesse puisque la danse reste avec moi. Je savais que j’allais continuer à travers la structure que j’avais montée bien en amont de mon départ de l’Opéra et tout s’est enchaîné très rapidement.

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Absolument ! Nous sommes de bons petits soldats à l’Opéra, on nous donne notre planning, on ne s’occupe de rien… Mais l’esprit d’entreprendre était déjà en moi. J’aime découvrir et échanger avec les directeurs de théâtre et travailler sur d’autres propositions artistiques. C’est un travail que j’ai appris en le pratiquant, parce qu’il n’y a pas d’école de direction artistique et l’on apprend par expérience. Cette structure existe depuis treize ans et je continue à apprendre. Il y a effectivement une multiplicité de fonctions administratives ou techniques et il est important de savoir tout faire. D’ailleurs, on dit toujours qu’un danseur doit savoir tout faire : il doit être capable de recoudre son chausson, même si à l’Opéra on avait des couturières merveilleuses, et donc être autonome en toutes circonstances. Selon les théâtres, les publics sont différents et les attentes sont différentes. Donc, on doit aussi savoir s’adapter et amener un public non averti vers la musique classique.

Nous avons tous en nous le requiem de Fauré et celui de Mozart, or dans Misatango, on retrouve l’esprit du tango adapté au requiem. Misatango a été créé à Buenos Aires en 1996 et a fait le tour du monde. C’est le requiem préféré du Pape François. Vous présentez ce ballet à Atlantia le 20 novembre prochain…

La musique est absolument unique et il faut aussi parler du ballet créé par le chorégraphe Julien Lestel. C’est une création mondiale, puisque c’est la première fois qu’un ballet est créé sur cette musique, et Julien Lestel a le talent pour nous toucher en plein cœur grâce à son langage chorégraphique. Nous sommes touchés par la grâce à l’écoute de cette musique. Au début, j’étais assez déstabilisée et, comme tout le monde, j’étais étonnée de voir un tango associé à un requiem… J’avais hâte de le découvrir. Julien Lestel s’est approprié cette musique et il en a fait un vrai chef-d’œuvre. Un ballet, c’est un tout, la musique et la danse sont absolument indissociables. On est vraiment touché par la grâce. Il y a un silence absolu dans la salle et on en sort élevé. Il y a vraiment une dimension mystique. Julien a aussi un langage chorégraphique très sensuel, ce qui peut paraître paradoxal, mais tous les sens sont aiguisés. Il y a vraiment une sensualité du mouvement.

C’est un travail d’équilibriste de maintenir cette sensualité sans tomber dans la provocation, voire la profanation, puisqu’il s’agit d’un requiem…

Oui, il y a vraiment une osmose entre cette musique et ces corps dansants magnifiques.

L’âme de ces personnes disparues que l’on honore à travers un requiem revient peut-être sur Terre et, pour qu’elle renaisse, c’est évidemment grâce à cette sensualité et à ce mélange des corps qui donne la vie…

C’est la chair, c’est la vie, on réunit l’humain et l’âme… Misatango est une œuvre magnifique. Elle grave le cœur et l’âme. Quand on a vu cette pièce, on est ancré à vie parce qu’elle nous touche à travers de nombreux sens. Finalement, ce requiem donne la vie et l’on ressort avec une force incroyable. Il y a, bien sûr, des airs assez tristes qui nous bouleversent, mais on ressort vraiment avec une énergie et une puissance extraordinaires.

Des morceaux comme le Kyrie, le Sanctus ou l’Agnus Dei, que nous retrouvons dans Misatango, rappellent aussi les œuvres de Mozart et de Fauré…

C’est ce qui permet aussi de conserver cette touche spirituelle très intense. On sait dans quel cadre nous sommes, on est vraiment dans les profondeurs de soi. Mais c’est accessible à tout le monde. Certains pourraient se dire que c’est accessible seulement à une certaine élite, mais c’est un requiem avec une telle palette de couleurs que l’on n’a pas besoin d’être un grand connaisseur de musique pour accéder à la grâce. Cette musique est vraiment universelle.

Écrit par Rédaction

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