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Bertrand Plouvier : « On a reconnu aux habitants de la Brière le fait de pouvoir extraire la tourbe, mais aussi chasser et pêcher. »

Les habitants de la Presqu’île sont tous propriétaires de la Brière grâce à Louis XVI !

Bertrand Plouvier, élu de La Baule-Escoublac et conseiller de Cap Atlantique délégué aux économies primaires et à la transition écologique, a été élu président de la Commission syndicale de la Grande Brière Mottière. La Commission syndicale de la Grande Brière Mottière administre les 7 000 hectares du marais indivis, propriété des habitants des 21 communes qui composent le Marais de Brière. Bertrand Plouvier revient sur l’histoire de la Grande Brière. Il estime que l’entretien des canaux est une urgence.

Extraits de l’entretien

Kernews : Pour comprendre le statut particulier de la Grande Brière, il faut remonter aux rois de France…

Bertrand Plouvier : Effectivement. La Commission syndicale de la grande Brière Mottière est l’héritière d’une lettre patente, qui date de 1461, par laquelle François II, qui était le père d’Anne de Bretagne, a donné un droit de jouissance aux habitants des 14 paroisses qui formaient la Brière à l’époque. Louis XVI reconnaîtra ce droit de jouissance et le transformera en droits indivis en 1784. Avec l’apparition des départements et des communes, les 14 paroisses deviendront 21 communes, et c’est pour cette raison que l’on retrouve notamment La Turballe, qui était une frairie de Guérande. En 1838, on prend l’appellation de Commission syndicale de la grande Brière Mottière, notamment pour l’exploitation de la tourbe et du roseau. On connaît l’exode dans les années 30, avec l’apparition des chantiers à Saint-Nazaire, puis l’aéronautique. Aujourd’hui, ce marais indivis, c’est 7 000 hectares de marais et 280 kilomètres de canaux qui sont administrés par la Commission syndicale où l’on retrouve 21 représentants des 21 communes qui représentent les 200 000 habitants de ce territoire. Donc, tous les Baulois sont aussi des propriétaires indivis de la grande Brière Mottière.

Concrètement, qu’apporte ce droit de jouissance ?

Cela signifie que l’on a reconnu aux habitants de la Brière le fait de pouvoir extraire la tourbe, qui permettait de se chauffer, mais aussi chasser et pêcher, sans devoir payer la moindre redevance à un seigneur ou au clergé. Cela concerne les habitants des 21 communes.

Ainsi, un habitant de Guérande, La Baule, Pornichet ou Saint-Nazaire peut librement aller ramasser de la tourbe en Brière…

Exactement, mais aussi couper du bois, selon un plan de coupe que nous définissons avec la Commission syndicale. La personne ne devra payer qu’une petite somme pour couper le bois.

Quels sont les sujets sur lesquels vous travaillez ?

Nous travaillons sur l’élevage, avec la mise en pâturage de plus de 1 000 animaux, entre mai et décembre, mais aussi la chasse, puisque 700 permis de chasse sont délivrés pour chasser en Brière. Il y a également la pêche avec 600 pêcheurs. Le tourisme est très dynamique, avec une dizaine de promeneurs en chalands, mais aussi en calèches. Nous venons de nous doter d’un responsable des finances, puisque la commission syndicale doit régler au quotidien les conflits et les usages, mais nous avons besoin d’entretenir la Brière, ce qui nécessite des moyens. Dans un premier temps, nous devons établir un état des lieux des marais, avant d’établir un plan pluriannuel de travaux, ce qui nous permettra ensuite d’aller chercher des financements. On doit entretenir les canaux qui permettent de circuler et de garder l’eau. Il faut aussi lutter contre les espèces invasives. Enfin, il faut entretenir les ouvrages qui nous permettent de nous préserver des inondations.

Quelle est la différence entre votre fonction et celle d’Éric Provost, président du Parc naturel régional de Brière ?

Le Parc de Brière est un Parc naturel régional. La Commission syndicale gère le marais indivis, c’est-à-dire les 7 000 hectares qui appartiennent aux habitants des 21 communes. Le Parc naturel régional a une emprise territoriale, mais il n’est pas propriétaire des terrains. Le Parc doit mener un travail énorme sur la biodiversité, la mise en valeur du territoire, la marque du Parc, la valorisation de différentes filières, notamment l’élevage et la production laitière.

Écrit par Rédaction

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