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Charles Prats : « 42 % des personnes qui bénéficient des prestations familiales sont des gens nés à l’étranger et 37 % des retraités sur le territoire national sont des gens nés à l’étranger. »

Le magistrat spécialisé dans la lutte contre les fraudes révèle que la fraude sociale représenterait 50 milliards d’euros !

Le livre de Charles Prats, « Cartel des fraudes », est incontestablement le plus explosif de l’année. Il est numéro un des ventes et ses révélations bousculent la sphère politique. Connu pour ses nombreuses interventions médiatiques, Charles Prats est vice-président au Tribunal de grande instance de Paris, il a été juge d’instruction et magistrat chargé de la lutte contre les fraudes fiscales et sociales au ministère des Finances.

La France consacre chaque année 787 milliards à sa protection sociale, ce qui représente un tiers du PIB, et la fraude sociale correspondrait à 50 milliards ! Ainsi, une pension de retraite sur deux est versée à une personne née à l’étranger, des retraites sont encore versées à des centaines de centenaires, les fausses déclarations permettent à des djihadistes de bénéficier de prestations sociales et un tiers des 21 millions de personnes nées à l’étranger et immatriculées à la Sécurité sociale l’auraient été sur la base de faux documents. Les révélations du juge Prats font tellement de bruit que l’État, quelques jours avant la sortie de son livre, a reconnu du bout des lèvres qu’il ne connaissait pas l’identité de près de 2,5 millions de bénéficiaires de prestations sociales dans notre pays.

« Cartel des fraudes » de Charles Prats est publié aux Éditions Ring.

Ecoutez l’interview de Charles Prats sur Kernews

Kernews : Votre livre explosif crée l’événement et il figure en tête des ventes. D’abord, est-il exact que vous receviez des menaces de mort ?

Charles Prats : Effectivement, depuis que le livre est paru et que je suis interviewé par des journalistes ou des parlementaires, j’ai reçu des menaces de mort très précises et très ciblées. La dernière en date faisait référence aux fusillades du Bataclan. Ce sont des menaces de mort qui ont des connotations d’apologie du terrorisme islamique. On fait avec… J’ai, bien sûr, demandé à mon avocat, Maître Thibault de Montbrial, de déposer une plainte. L’enquête sera menée et je pense que l’on retrouvera ces petits plaisantins au tribunal correctionnel. Cela perfectionnera leur culture judiciaire.

Naïvement, on pourrait être tenté de vous demander quel peut être le rapport entre les fraudes sociales et le terrorisme islamique, sauf si l’on fait un parallèle avec celui que vous appelez Abou Allocs ?

Ce n’est pas si naïf que cela, puisque les djihadistes donnent pour instruction à leurs sympathisants de faire de la fraude sociale pour se financer. C’est quelque chose qui fait partie de la manière de procéder des islamistes, en France ou en Belgique. Si vous posez la question à Tracfin en France ou à la CTIF en Belgique, les dossiers de financement du terrorisme sont très souvent des dossiers de fraudes aux prestations sociales. On le sait pour tous les gens qui ont été au commando du 13 novembre et qui ont fait les attentats à Paris. La plupart vivaient du détournement des allocations, on le voit régulièrement, et je donne cet exemple dans mon livre…

Abou, c’est le prénom arabe que l’on donne au père…

En l’occurrence, il s’agissait d’Abu Zubair, l’un des fondateurs de Daech. Son nom d’état civil était Zakaria Asbai et je l’ai surnommé Abou Allocs, parce que je trouve qu’il est caractéristique de ces djihadistes non français qui sont venus tricher et escroquer les allocations en France. Il est symptomatique d’un manque de contrôle dans l’immatriculation des gens nés à l’étranger et dans le fait que les faux papiers puissent passer de cette manière pour escroquer les allocations sociales en France. Pour revenir à cette problématique des djihadistes et des escroqueries aux prestations sociales, évidemment il ne s’agit pas de la majorité des escroqueries, parce qu’heureusement il n’y a pas des millions de combattants djihadistes qui se baladent sur notre territoire… En revanche, si l’on regarde le financement du terrorisme, le détournement des allocations sociales est une partie non négligeable du financement du terrorisme. C’est une manière pour eux de voler et de se venger. Pour eux, c’est quelque chose de normal, c’est un acte de djihad combattant, car si le sympathisant islamiste vole la communauté française, c’est pour lui un acte de combat. Il faut le savoir et il faut évidemment lutter contre.

D’ailleurs, s’ils se sont rués vers le système social, c’est aussi parce que c’est facile…

Oui et je peux expliquer comment Abou Allocs a procédé. Il est de nationalité belge, il s’est procuré une fausse carte d’identité belge en modifiant une lettre de son prénom, pour essayer de passer en dessous des radars des fichiers de police et, avec cette fausse carte d’identité, de très mauvaise qualité, il a essayé d’ouvrir des comptes bancaires en France au moment des attentats du 13 novembre 2015. Cependant, il a été stoppé par plusieurs banques en raison de la bande MRZ, cette succession de lettres et de chiffres que vous avez en bas, qui peut être passée dans un lecteur pour vérifier la cohérence de la carte. Le faussaire qui lui avait fait sa carte d’identité était relativement mauvais et l’algorithme de création de la bande MRZ n’était pas bon. Un simple logiciel de contrôle de premier niveau détecte immédiatement le faux document, c’est ce qui s’est passé dans deux banques, qui ont donc bloqué Abou Allocs. Mais il a certainement pu ouvrir un compte dans une autre banque, puisqu’il est ensuite allé à la Sécurité sociale et dans une caisse d’allocations familiales pour percevoir les allocations. Tout cela avec de faux papiers. Malheureusement, c’est très facile. Une commission d’enquête parlementaire a récemment fait, à mon initiative, ce que l’on appelle un crash test. Je les ai mis en relation avec une société spécialisée dans la détection des faux papiers pour l’ouverture des comptes bancaires. Cette société a fourni à la commission d’enquête parlementaire environ 200 fausses identités et le rapporteur de la commission d’enquête est allé à la Sécurité sociale en inversant la logique. Il a présenté les faux papiers en demandant si ces gens avaient un numéro de Sécurité sociale, ce sont des gens nés à l’étranger, en demandant également s’ils touchaient des allocations. J’avais demandé uniquement des faux papiers étrangers de pays européens, à savoir la Belgique, l’Espagne, l’Italie et le Portugal.

Pourquoi des faux papiers européens ?

Parce que nous sommes dans l’Union européenne et, quand un ressortissant européen s’inscrit à la Sécurité sociale, il n’a pas besoin de justifier d’un titre de séjour, parce qu’il y a la liberté de circulation et d’établissement. Il doit simplement fournir la copie de sa pièce d’identité d’origine et un extrait d’acte de naissance. Donc, cela devient très facile. La technique, c’est d’avoir un faux papier d’un pays de l’Union européenne, avec un lieu de naissance qui est situé dans un pays beaucoup plus exotique sur lequel on ne peut pas vraiment contrôler l’état civil et les actes de naissance. En ce qui concerne Zakaria Asbai, il avait une carte d’identité belge avec un lieu de naissance au Maroc. Sur les 200 documents, globalement, la moitié de ces gens étaient inscrits à la Sécurité sociale et étaient passés au travers des filtres de contrôle. C’est effarant !

Dans le catalogue édité sur papier de La Redoute, qui faisait des centaines de pages, il y avait des rayons comme dans un grand magasin entre les vêtements, la hi-fi, le bricolage ou la maison… Or, dans votre livre, c’est un peu la même chose, il y a toutes les fraudes possibles et inimaginables…

Il y a mille et une manières de frauder. Il y a les fraudes des allocataires, mais il y a aussi les fraudes des professionnels de santé. Je reprends notamment les données de la Cour des Comptes, qui s’est amusée à faire des évaluations des taux de fraude des médecins libéraux, des infirmiers libéraux ou des masseurs kinésithérapeutes. Et l’on atteint des pourcentages hallucinants.

Tout cela représente un cumul de 50 milliards d’euros…

C’est ce que j’appelle un enjeu de fraude, cela peut être plus, cela peut-être moins, mais c’est ce dont on parle. En réalité, je démontre dans mon enquête – que je mène depuis plusieurs années, qui s’est terminée fin juillet et qui a rebondi début septembre – que tout commence en 2010 lorsque j’étais magistrat en charge de la coordination de la lutte contre les fraudes au ministère du Budget. Nous avions un problème sur les numéros de Sécurité sociale attribués à des gens nés à l’étranger. Les gens arrivaient avec des faux actes de naissance et des faux papiers en réussissant à s’inscrire dans le système social pour percevoir des allocations. On se rend compte du problème, on fait une étude très rapide avec la police de l’air et des frontières spécialisée dans les faux documents, ainsi que les gens de l’INSEE, et l’on se rend compte qu’il y a un taux de fraude de 10 % environ : c’est-à-dire que 1,8 million de numéros de Sécurité sociale sont attribués sur la base de faux documents sur le fichier des gens nés à l’étranger. Il y a deux ans, j’expliquais que l’enjeu de fraude était de 14 milliards d’euros, parce que je prenais la dépense moyenne de Sécurité sociale par personne en multipliant par le nombre de cas de fraudes. Cela faisait 14 milliards d’euros. Depuis, il y a eu des polémiques. L’enquête s’est poursuivie et il y a eu un rapport parlementaire du sénateur Vanlerenberghe disant qu’il n’y avait pas de fraudes, que cela représentait 0,13 % et que tout cela était des fake news pour faire le jeu de l’extrême droite… Je ne savais pas que les finances publiques étaient d’extrême droite ou d’extrême gauche, ou de droite ou de gauche ! Pour moi, quand il y a une fraude, il y a une fraude, on ne se pose pas la question du bulletin de vote du fraudeur. Derrière, les investigations se sont poursuivies, parce que j’avais des informations me disant qu’il y avait effectivement un gros problème, et j’ai réussi à obtenir le nombre de personnes qui touchaient réellement des prestations sociales. Mon idée était de dire qu’à l’époque il y avait 8,2 millions de personnes nées à l’étranger qui étaient sur le territoire national et, en regardant le registre national de la protection sociale, je voulais voir combien de personnes bénéficient réellement de prestations sociales : si le nombre est similaire, c’est qu’il n’y a pas de problème, mais il y a en réalité une grosse différence entre le nombre de gens qui existent et le nombre de gens qui perçoivent. Un enfant de cinq ans comprendrait qu’il y a un problème… À l’époque, il y avait déjà 12,4 millions de personnes nées à l’étranger qui bénéficiaient de prestations sociales françaises ! On en avait déjà 4,2 millions de plus par rapport aux personnes qui existent sur le territoire. J’explique cela à la commission d’enquête parlementaire et les députés étaient ahuris. Tout cela a été publié au Journal officiel. Les députés regardent les documents, je leur explique qu’il faut enlever les gens qui sont à la retraite et qui sont à l’étranger, qu’il faut aussi compter les Polynésiens, mais, au final, on arrivait à 2,5 millions de fantômes qui passaient à la caisse tous les mois. J’ai d’ailleurs expliqué dans le Figaro Magazine que l’on était passé de 14 à 30 milliards, parce qu’avec 2,5 millions de fantômes à 11 800 euros de dépenses de protection sociale chaque année par personne, cela faisait 30 milliards. Il faut préciser que la protection sociale va au-delà de la Sécurité sociale, puisqu’il faut rajouter le chômage, la maladie, la vieillesse et la branche famille. L’ensemble des dépenses de protection sociale du pays représente 787 milliards d’euros par an. Maintenant, on arrive à 50 milliards car, au mois de mars, nous étions simplement sur les gens nés à l’étranger. À la fin de mon audition, j’explique aux parlementaires que nous savons que nous avons un énorme problème sur les gens nés à l’étranger et qu’il faut aussi regarder sur l’ensemble du fichier; parce qu’il n’y a pas de raison pour qu’il n’y ait un problème que sur les gens nés à l’étranger. J’ai donc invité les parlementaires à poser la question sur l’ensemble de la population. Les députés ont fait cet acte d’investigation. Ils ont interrogé sous serment le directeur de la Sécurité sociale, les 27 et 30 juillet derniers, et, quand ils l’ont fait, ils ont appris que 73,7 millions de personnes percevaient des prestations sociales en France, alors que nous avons 67 millions d’habitants ! Effectivement, il y a toujours ces fameux retraités à l’étranger, il y a quelques expatriés qui dépendent de la caisse des Français de l’étranger, mais cela ne représente pas 6,7 millions de personnes ! Donc, j’arrive à 5 millions de fantômes. On fait une réévaluation de l’enjeu, cela fait 50 milliards d’enjeux de fraude. J’ai envoyé mon livre à l’impression début août, mais, entre temps, le 8 septembre dernier, la Cour des Comptes a rendu un rapport à la demande du Sénat, toujours sur cette question de la fraude aux prestations sociales, il n’y a pas eu beaucoup de publicité sur les données, et la Cour des Comptes a elle-même cherché le nombre d’assurés sociaux en France. Dans mon livre, je dis qu’il y en a 73,7 millions, car c’était la déclaration sous serment de l’administration devant la commission d’enquête parlementaire, mais les magistrats de la Cour des Comptes en ont trouvé encore plus ! La maison France ne recule devant aucun sacrifice : nous avons 75,3 millions assurés sociaux en France. C’est dans le rapport de la Cour des Comptes !

On peut voir cela sous un autre angle, en disant que l’INSEE fait peut-être mal son travail de recensement et qu’il y a 75 millions d’habitants en France…

La Cour des Comptes va plus loin, c’est hallucinant ! Je démontre que 42 % des personnes qui bénéficient des prestations familiales sont des gens nés à l’étranger et 37 % des retraités sur le territoire national sont des gens nés à l’étranger. Mais j’étais un petit joueur, parce qu’en relisant ce rapport de la Cour des Comptes du 8 septembre dernier, j’ai découvert avec effarement une note de bas de page : on y explique qu’il n’y a pas 4,1 millions de retraités nés à l’étranger, mais 7,7 millions. La Cour des Comptes explique clairement que 7,7 millions des retraités sont nés à l’étranger, sur 14,5 millions de retraités en France. Donc, 80 % des gens nés à l’étranger qui sont sur le territoire français seraient des retraités. Quand je regarde dans la rue, je n’ai pas l’impression que ce soit la situation actuelle… Donc, on a une fraude énorme et, quand on nous explique que l’immigration est une chance pour la France et qu’il faut faire appel aux flux migratoires pour payer nos retraites, on a la démonstration inverse, parce que si 80 % des gens nés à l’étranger sont des retraités, ils pèsent sur les retraites, donc, au contraire, il faudrait inverser le flux migratoire. Ce chiffre vient de la Cour des Comptes, c’est gravissime ! Je suis d’ailleurs étonné que personne ne soit allé questionner la Cour des Comptes sur ces données. C’est un vrai scandale, puisque nous avons des millions de personnes qui détournent des retraites ou le minimum vieillesse. C’est un vrai sujet et je pense que ce sera ma prochaine investigation parce que nous avons quand même quelques milliards en jeu, cela représente quand même la moitié des retraites.

Vous pouvez mener cette investigation maintenant, mais dans quelques années ce sera plus difficile puisqu’en France nous avons cette combinaison du droit du sol et du droit du sang. Les personnes nées à l’étranger ont le matricule 99 à la Sécurité sociale et ce 99 mélange les Français dits de souche et les immigrés naturalisés. Votre méthode de calcul est pertinente avec le droit du sol. Cependant, compte tenu de notre histoire particulière, parmi les personnes nées à l’étranger, il y a des gens comme Alain Souchon, Dominique de Villepin, Didier Bourdon ou Jean-Charles de Castelbajac et l’on sait bien que vous ne pensez pas à ceux-là… Mais c’est une partie de la France du XXe siècle. À partir du moment où la France a abandonné ses colonies et ses protectorats, la France du XXIe siècle ne devrait plus avoir énormément de 99 s’il n’y avait que le droit du sang. Mais avec le droit du sol, vous pouvez avoir une famille étrangère de passage en France, qui fait un enfant qui naît en France : il sera français par le droit du sol, il pourra retourner dans son pays pour toucher sa retraite, mais il n’aura pas le matricule 99… N’est-ce pas un cocktail politiquement très délicat et aussi explosif ?

C’est le problème de l’immigration de première et de deuxième génération.  Ma question n’est pas celle de l’immigration, même s’il y a un sujet immigration dans la fraude aux prestations sociales, mais c’est à chacun d’en tirer les conclusions qu’il veut en tirer. Je démontre que nous avons un surplus de personnes par rapport aux gens qui existent et, par définition, si l’on vient m’expliquer que ce n’est pas de la fraude, alors, que l’on me dise qui sont ces gens ! Je suis assez basique : j’ai quelques millions de personnes en trop, alors qui sont-elles ? Elles ne sont pas censées être sur le territoire, elles ne sont pas censées exister et elles ne remplissent pas les conditions légales pour bénéficier de prestations sociales, parce qu’il y a très souvent une condition de résidence effective sur le territoire. Donc, pour moi, ce sont des fraudeurs. Vous abordez une autre question, c’est une problématique : vous citez Alain Souchon ou Dominique de Villepin. Dans ma génération, Dalida et Claude François étaient aussi dans les 99. J’ai des liens très forts avec l’Égypte avant le drame de l’arrivée au pouvoir de Nasser, parce que c’était un vrai paradis, notamment pour les Français, et beaucoup de Français sont revenus après l’opération Mousquetaire. C’est une problématique que je connais bien et qui est d’ailleurs antérieure à l’Algérie, au Maroc et à la Tunisie. Tout cela est lié aux persécutions de Nasser contre les chrétiens et les Occidentaux, mais c’est un autre sujet….

Finalement, ce qui vous intéresse le plus, est-ce de comprendre pourquoi il y a davantage de cartes vitales que d’habitants en France ?

Attention, ce n’est pas un sujet sur les cartes vitales, c’est un sujet sur les numéros de Sécurité sociale et les bénéfices de prestations sociales. La carte vitale comporte votre numéro de Sécurité sociale, mais tous les gens n’ont pas forcément une carte vitale et vous n’avez pas besoin d’avoir une carte vitale pour percevoir des prestations sociales, comme pour la branche famille et les retraites. Cette confusion est volontairement entretenue par tous les gens qui ne veulent pas que le scandale éclate et ainsi ils laissent les gens dire des bêtises, pour ensuite les dénoncer. C’est une vieille technique de communication. Vous allez accuser les gens de proférer des mensonges qu’ils n’ont pas tenus, pour les décrédibiliser. Il faut faire très attention avec ces histoires, parce qu’un certain nombre de personnes qui ne veulent pas que le scandale éclate entretiennent, avec une certaine presse complice, ce flou artistique pour, ensuite, mieux taper sur les gens en faisant des soi-disant décryptages sur le thème le vrai du faux des fake news. Beaucoup d’observateurs qui ne sont pas au fait de ces choses techniques confondent les choses, mais c’est la même chose pour le personnel politique qui, parfois, parle de fausses cartes vitales, alors que cela n’a rien à voir. On a effectivement un problème de surnombre de cartes vitales. D’ailleurs, les parlementaires de la commission d’enquête ont demandé à saisir le procureur de la République de poursuites pénales contre de hauts fonctionnaires qui, selon eux, auraient menti à la commission d’enquête. Le ministre Olivier Véran vient de faire un communiqué de presse en disant qu’il ne restait qu’un très petit nombre de cartes vitales en surnombre, alors que la commission d’enquête parlementaire a établi qu’il en avait pratiquement 2 millions… Les parlementaires ont demandé à saisir la justice pénale sur le fait qu’on leur aurait menti au cours de la commission d’enquête. L’histoire des cartes vitales n’est pas terminée. Il y a effectivement un sujet de cartes vitales surnuméraires, c’est connu depuis des années. Beaucoup de journalistes ont dit que c’était des fake news, mais ce n’est pas le cas. D’ailleurs, j’explique dans mon livre que ces cartes vitales actives, qui correspondent à des droits ouverts à l’assurance maladie, ont des doyens, ce sont les doyens du cartel des fraudes. La doyenne de l’humanité, Jeanne Calment, avait 122 ans. Aujourd’hui, c’est un Japonais qui doit avoir 117 ans, et en France c’est un Antillais. Mais je vous donne un scoop : il y a trois doyens de l’humanité qui sont toujours en vie, puisqu’ils sont à la Sécurité sociale française, et ils ont 128 ans ! En plus, nous en avons 252 qui sont âgés de plus de 120 ans… Ils sont au régime de Sécurité sociale des armées, ce qui signifie que nous avons toujours des régiments de la bataille de Verdun… En droits ouverts à l’assurance maladie en France, toujours selon la commission d’enquête parlementaire, nous avons environ 75 000 centenaires qui ont encore des droits ouverts à l’assurance maladie, alors que l’INSEE nous dit qu’il y en a 21 000 sur le territoire. C’est symptomatique d’une mauvaise gestion du système de protection sociale. Ce qui est amusant, c’est que lorsque les organismes donnent ces réponses, ils envoient la réponse sans que cela leur pose le moindre problème !

Si j’étais directeur d’une caisse de retraite et si l’on me disait qu’il y a une personne de 128 ans, je prendrais ma voiture pour lui apporter un bouquet de fleurs ou une boîte de chocolats, ce qui me permettrait ainsi de vérifier son existence…

Et vous pourriez aussi venir avec la commission d’homologation du Guinness des records, sans oublier d’appeler TF1, parce que cela pourrait faire l’ouverture du journal de 13 heures…

En conclusion, vous proposez que le contrôle soit détaché de l’organisme qui paie…

Les deux principales propositions, c’est d’abord de créer un FBI de la lutte contre la fraude fiscale, c’est-à-dire de donner la compétence de la lutte contre la fraude à une agence de l’État qui dépendrait du ministère des Finances. Il faut que la lutte contre la fraude et le pouvoir de sanction ne dépendent plus des organismes de protection sociale, dont le métier est de payer des prestations et de s’occuper des gens, mais dont l’état d’esprit n’est pas d’aller traquer des bandits. C’est une question de culture. Par ailleurs, par rapport à ces millions de fantômes que nous avons dans le système, on voit bien que l’on ne peut pas rester avec 75 millions de personnes qui perçoivent des prestations sociales. Donc, il faut remettre tout à plat. Il faut à nouveau enrôler tout le monde en certifiant le numéro de Sécurité sociale, avec la biométrie, y compris pour les gens qui sont à l’étranger. On pourrait ainsi vérifier que les gens n’ont pas plusieurs identités pour percevoir les prestations sociales à de multiples reprises. En plus, on sécuriserait l’identité de la personne qui va chez le médecin ou chez le pharmacien, et cela permettrait aussi de vérifier que les gens respectent bien la condition de résidence. C’est une modernisation du système qui ne coûterait pas très cher, parce que le coût d’une carte biométrique est de 0,50 €. C’est quelque chose qui ferait entrer la France véritablement dans le XXIe siècle en matière de protection sociale, parce que nous sommes très en retard sur la sécurisation de l’identité et, derrière, il y a quand même des enjeux financiers énormes. Je rappelle le chiffre de 787 milliards d’euros par an de protection sociale, avec 75 millions d’assurés sociaux dans un pays de 67 millions d’habitants…

C’est un tiers de la richesse qui est créée en France…

Si, sur un tiers du PIB, vous avez quasiment 10 % de fantômes, c’est qu’il y a un vrai problème ! Cela signifie que la fraude aux prestations sociales représenterait quasiment 2 à 3 points de PIB. Nous sommes dans un pays où les déficits sont en train d’exploser. Nous sommes dans un pays qui a besoin de recherche fondamentale en matière médicale. On nous bassine avec Greta Thunberg et le réchauffement climatique en nous disant qu’il faut faire de la transition écologique, tout en sachant pertinemment que si l’électricité c’est l’avenir, il faut passer par des réacteurs de type ITER, donc cela coûte cher en termes de recherche. Le salut est dans la recherche et le développement et tout cela a un coût. On voit bien le problème que nous avons avec la Turquie en ce moment, ainsi que les tensions entre la Chine et les États-Unis. On sait que nos armées ne sont plus dimensionnées pour faire face aux nouveaux risques qui sont en train d’apparaître. On doit financer un deuxième ou un troisième porte-avions, on doit avoir plusieurs Rafale et à nouveau des chars… Tout cela coûte de l’argent. Il faut aussi de l’argent pour l’éducation, pour la justice, pour la police et pour construire des places de prison. Pour faire ces choix politiques, il faut avoir des moyens en face, alors que nous sommes dans un pays qui est étouffé par les impôts et les taxes. Donc, on doit aussi trouver des marges de manœuvre pour réduire la pression fiscale, relancer l’économie et redonner de la liberté aux gens. Soit on reste dans un système actuel et on s’enferre de plus en plus à devoir diminuer les prestations et à renoncer à des politiques publiques, et en augmentant les impôts et les taxes – c’est le schéma depuis une vingtaine d’années – soit on inverse les choses et on trouve des marges de manœuvre pour améliorer les politiques publiques, retrouver un financement pour ce qui est vraiment important et, en même temps, baisser les charges et les taxes pour relancer l’économie. On peut le faire en étant courageux, en identifiant le problème, à savoir l’augmentation exponentielle des dépenses de protection sociale depuis 40 ans, notamment en raison d’un vrai problème de fraude. On prend le taureau par les cornes, on traite le problème très vite et on réutilise derrière les marges de manœuvre budgétaire. Aucun homme politique ne pourra proposer quelque chose de crédible dans les années qui viennent si, à côté, il n’est pas en capacité de démontrer qu’il va avoir des marges de manœuvre financières pour pouvoir conduire la politique qu’il prône pour l’avenir de la France. C’est la même chose depuis les rois et l’Ancien régime. L’incapacité à financer des politiques publiques conduit à la catastrophe et le pays ne se relève que quand il a des finances publiques saines.

Écrit par Rédaction

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