L’invité de Yannick Urrien du mardi 12 avril 2022
Karl Toussaint du Wast est investisseur dans les nouvelles technologies et cofondateur de Netinvestissement, cabinet de conseil en patrimoine. Il commente pour nous l’actualité économique et les tendances en matière de cryptomonnaies.
Karl Toussaint du Wast évoque la disparition des espèces et la réglementation des cryptomonnaies.
« Sur les cryptomonnaies, il y a beaucoup de fantasmes. Le patron de la CIA avait dit l’année dernière que les échanges frauduleux en cryptomonnaies sont pour les agences de renseignements une aubaine, puisque toutes les transactions sont inscrites dans la blockchain et sont accessibles au public. Si je vous envoie 50 € en cryptomonnaie, cela peut passer sous les radars. Mais si l’on fait une transaction d’armes pour 20 millions de dollars, cela va se voir dans les volumétries. Si c’était de l’argent liquide, ce serait intraçable. Donc, c’est un fantasme que de dire que le bitcoin finance le terrorisme ! Il faut savoir que le dollar prédomine totalement dans le financement des activités illicites sur la planète. Évidemment, les États-Unis et l’Europe veulent légiférer sur les transactions en cryptomonnaies pour tracer les achats et les reventes. Mais si je n’ai rien à cacher, je n’ai pas de problèmes. Je suis plutôt partisan de cette législation. L’encadrement de ces monnaies vise simplement à savoir qui a quoi et ce qu’il en fait. Mais quand vous utilisez votre carte Visa, c’est exactement la même chose, ne soyons pas naïfs. »
« La crise sanitaire a totalement démocratisé l’utilisation des paiements sans contact. Vous pouvez payer avec votre téléphone portable n’importe quel achat et je peux vous dire que cela fait des mois et des mois que je n’ai plus touché un billet de banque. Je fais totalement confiance au système pour les achats que vous pouvez qualifier de plus intimes. Les autorités veulent encadrer tout cela, donc on n’est pas loin de la dictature. Il va falloir composer avec souplesse pour permettre l’utilisation de petites cryptomonnaies qui seront plus difficilement traçables. Je ne parle pas de transactions illicites, mais de transactions intimes. Par exemple, si vous voulez faire un cadeau à votre maîtresse, vous n’avez pas forcément envie que cela se sache… Il faut bien comprendre que tout cela est très nouveau et qu’il faut tout construire. C’est un nouveau continent qui est en train d’apparaître. Il y a une forme d’anarchie constructive, mais cela reste quand même de l’anarchie. Donc, tout est à construire et, comme les volumétries sont importantes, les institutions financières veulent évidemment légiférer sur ce point. Je pense que c’est une bonne chose. Comme toujours, c’est fait de manière maladroite en Europe et intelligemment aux États-Unis. Donc, comme toujours, ce sont eux qui vont gagner. »