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Florence Lautrédou : « Notre âme nous envoie des messages à travers nos rêves. »

Florence Lautrédou partage sa vie entre Paris et Le Pouliguen. Normalienne et agrégée de lettres modernes, elle est psychanalyste et coach en entreprise. Elle est l’auteure de « Cet élan qui change nos vies », « L’inspiration » et « L’Amour, le vrai ». Dans son dernier livre, elle nous emmène dans l’univers des rêves. En effet, tout le monde rêve, au propre et au figuré. Et beaucoup oublient les deux, ceux de la nuit et ceux du jour. Comment convoquer la puissance créatrice des premiers pour réaliser les seconds et s’accomplir ? C’est à cet exercice que nous invite Florence Lautrédou. Rompue à l’exercice de l’écriture bien troussée, elle nous entraîne dans un récit vivant, enlevé, où se croisent trois personnages – une psychanalyste, un coach sportif et une publicitaire – qui rêvent « d’autre chose », d’une autre vie.

Florence Lautrédou dédicacera son livre mardi 12 juillet à 19h30 à la Librairie Lajarrige, 2 avenue Lajarrige à La Baule.

« La Femme qui ne se souvenait plus de ses rêves » de Florence Lautrédou est publié aux Éditions Odile Jacob.


Kernews : On décèle d’abord dans votre livre quelques piques contre tout ce qui tourne autour du développement personnel et ces prétendus coachs qui se disent thérapeutes…

Florence Lautrédou : Effectivement, contre tout ce qui est volontariste, même si le niveau de conscience ou le niveau d’éveil psychologique de la population a augmenté, puisque les gens ont développé leur connaissance globale dans ce domaine, ce n’est pas la même chose que de s’improviser thérapeute, psychanalyste ou coach. Ce n’est pas par la volonté que l’on y arrive, mais par l’expérience, les fondements et le travail.

Vous soulignez que les métiers du développement personnel ont jeté leur dévolu sur le quantique, donc le magique, à savoir la spiritualité. Dans beaucoup de vos réflexions, il y a pourtant des références à la spiritualité…

Parce que la spiritualité est omniprésente dans notre corps. La vie, c’est déjà un miracle, plein de choses sont magiques. Je trouve pathétique l’utilisation forcée de la physique quantique, voire des neurosciences, plaquées sur une réalité psychologique, alors qu’il n’y a pas d’évidence scientifique. C’est une pique que je lance, parce que se prévaloir d’une approche de physique quantique en psychologie, cela donne tout de suite un caractère scientifique, mais il n’y a rien de démontré dans la plupart des cas.

Peut-on parler de prétention scientifique alors que l’on sait que nous sommes dans les prémisses de la compréhension de notre complexité humaine ?

On peut parler de prétention quand on parle de ce que l’on ne connaît pas, mais il y a des chercheurs en neurosciences et en physique quantique qui s’intéressent à ces phénomènes de rapprochement entre certaines capacités extrasensorielles et la science. Ces personnes savent en parler. J’ironise aussi sur des gens comme moi, qui peuvent parfois avoir des métaphores scientifiques, mais de là à prétendre avoir une réalité scientifique derrière, il n’y en a pas, parce que ce sont des univers mystérieux à explorer, tout comme le rêve.

Dans votre nouveau livre, vous nous invitez à réfléchir sur le rêve…

C’est essentiel. Les Cherokees disent qu’un homme qui ne se souvient plus de ses rêves est un homme perdu, c’est un poulet sans tête. Dans certaines civilisations, comme le bouddhisme, les rêves sont des clés pour, non pas piloter sa vie, mais pour recevoir toutes les guidances nécessaires pour mener une bonne vie.

Est-ce une manière de clarifier des projets, comme des départs, des créations, un déménagement ?

Cela repose sur l’analyse. On ne contrôle pas ses rêves. Personne ne peut s’endormir en se disant qu’il a besoin de rêver pour savoir s’il doit déménager, quitter son conjoint, ou accepter une offre professionnelle. En fait, cela ne se décrète pas. En revanche, on peut poser la question et, peut-être, recevoir un rêve, comme un cadeau. Il y a des rêves qui ne veulent rien dire, qui sont simplement des rêves de défoulement, mais il y a aussi des rêves plus puissants, chacun peut sentir que c’est un message.

La perte des rêves est-elle liée à l’évolution de notre civilisation ?

C’est intéressant, le phénomène arrive en deuxième partie de cycle, on rêve tous, sinon on deviendrait fou. Il y a quelques sinistres médecins qui ont essayé d’arrêter les rêves des gens et les malheureux sont devenus déments. Ce qui est différent, c’est de s’en souvenir, parce que la vie moderne, dans son rythme accéléré, a entraîné une perte de temps de sommeil. C’est quelque chose de chiffré et, depuis cinquante ans, on a perdu en moyenne une heure de sommeil : donc, cela ne favorise pas la mémorisation des rêves. Avant, on dormait de façon biphasée, les gens se réveillaient vers minuit, après une première partie de sommeil, parfois pour casser une croûte ou discuter, et ils se recouchaient. Ce genre de sommeil peut évidemment favoriser les rêves. J’adore les rêves, c’est le moment le plus sexy du monde, on ne sait pas ce qui va se passer, on peut avoir des rêves puissants. J’ai eu des rêves de guidances sur de nombreux thèmes. J’ai su quand je devais quitter un pays, j’ai su quand je devais quitter un compagnon, j’ai su quand je devais quitter un travail… J’ai eu des rêves très symboliques, comme un défunt qui me parlait. La femme qui ne se souvenait plus de ses rêves, c’est aussi un peu moi, même si je ne suis pas l’héroïne du roman, j’avais vraiment le sentiment d’être dévitalisée. Un moment donné, je me suis demandé où était la magie et c’est à partir de ce moment que j’ai commencé à m’interroger et à suivre des séminaires sur les rêves, à faire des retraites, à lire de nombreux livres et à m’interroger sur mes propres rêves. À partir de ce moment, ils sont revenus petit à petit.

On vous entend beaucoup dans les médias vous exprimer sur des thèmes autour de l’anxiété, des rapports dans le couple ou la vie au travail, mais vous vous doutez bien que le rêve n’est pas forcément un thème vendeur…

Pour moi, c’est le thème le plus sexy ! J’écris sur les choses qui me passionnent et je considère que le rêve est d’utilité publique. C’est un sujet majeur, plus que le sommeil. Le sommeil sert à réparer nos structures cérébrales et notre corps, mais le rêve, c’est le bonus, c’est la guidance de notre inconscient, c’est une intelligence encore plus pure. Les mystiques diront que c’est le moment où les anges vous parlent et je rappelle qu’il y a plus de 14 références à des messages d’anges dans la Bible. D’autres diront que c’est aussi la plate-forme qui permet de parler à ceux qui sont partis de l’autre côté, c’est-à-dire les défunts, puisqu’ils peuvent nous rejoindre dans les rêves. Il y a beaucoup de pistes. Enfin, certains penseront que c’est simplement un endroit où l’on fait des expériences extraordinaires. Pour moi, c’est vraiment un extraordinaire espace d’aventures. C’est aussi donné à tout le monde, que l’on soit riche ou pauvre, peu importe son ordre social. D’ailleurs, plus on est préoccupé, moins on se rappelle ses rêves. Ceux qui sont beaucoup dans la matière, dans l’occupation ou dans le stress de l’activité ont de plus en plus de mal à se souvenir de leurs rêves. À l’inverse, celui qui a plus de temps et de disponibilité se rappelle davantage ses rêves. On sent très bien quand un rêve peut vous parler ou pas. Freud est l’un des premiers à avoir travaillé sur ce sujet. Depuis, la science a évolué et on sait que les rêves de désir sont les premiers rêves.

L’absence de rêve rend dépressif…

Oui, on est lourd, on est dans la matière, on est dans la réalité et cette réalité n’est pas toujours excitante quand elle n’est pas alimentée par l’âme. Une personne qui ne se rappelle pas ses rêves est souvent une personne très préoccupée. Je pense qu’elle a un sommeil réparateur, c’est un chantier de réparation du corps, mais on n’a plus le côté moelleux du rêve. Forcément, on est réparé, prêt à repartir, tel un bon petit robot, mais il manque la guidance. Donc, forcément, cela rend un peu plus terne et cela dévitalise petit à petit. C’est de cette manière que j’ai ressenti cette période.

Comment éviter que les rêves soient des faux amis et que l’on interprète dans le mauvais sens un message que l’on a cru recevoir ?

Il faut en parler avec une personne. Cela n’a rien à voir avec un dictionnaire des rêves, qui serait une absurdité, mais il y a beaucoup de sens possibles dans un rêve. Bien évidemment, on est tous très doué pour arriver à tirer un rêve vers notre désir principal. Donc, discuter avec un thérapeute qui vous aide à trouver du sens par rapport à ce que vous ressentez, c’est important. Le ressenti compte énormément. On peut rêver que l’on est en train de quitter son conjoint, on se réveille en étant très angoissé, or ce n’est pas forcément une indication sur le fait qu’il faut le quitter. Au contraire, le ressenti du réveil peut montrer qu’il y a une tension ou une peur. Après, si l’on veut vraiment analyser un rêve, il faut creuser les motifs, voir comment cela résonne… Chaque personne a autour d’elle des motifs qui donnent des indications favorables ou défavorables. Même sans thérapie, il est important que les couples et les familles se racontent leurs rêves au petit-déjeuner, ce serait une belle manière de démarrer la journée.

L’héroïne du livre explique que la nuit permet de réfléchir. La différence, c’est que dans la réflexion, on pilote la télécommande de son programme, on décide de réfléchir à tel ou tel sujet, alors qu’à l’inverse le rêve est quelque chose que l’on reçoit… On dit souvent qu’il faut attendre une nuit avant de prendre une décision…

Les Américains disent toujours qu’il faut dormir sur sa problématique. Parfois, certains rêves laissent leur empreinte sans que l’on s’en souvienne, il y a juste une évidence qui nous guide vers telle ou telle direction et cela peut être l’empreinte du rêve. J’aime bien ce côté rebelle du rêve.

Vous rappelez que les thérapeutes sont à l’origine une secte juive qui vivait dans le désert d’Égypte, hommes et femmes séparés, au service des Ecritures et de la contemplation : c’était finalement la médecine de l’âme…

On y revient et je trouve que c’est essentiel. Un moment, je me suis posé la question sur l’origine du mot thérapeute. Au départ, c’étaient des personnes qui étaient au service du salut et du bien-être des autres.

Vous faites beaucoup de références à Jésus et à la spiritualité…

On parle beaucoup des rêves dans la Bible. L’ange Gabriel annonce à Marie qu’elle va être enceinte, alors qu’elle n’a pas connu d’hommes, c’est un rêve. Il y a énormément de rêves qui annoncent des bonnes ou des mauvaises nouvelles dans la Bible. Dans la Grèce antique, les gens venaient près du temple du Dieu de la médecine, pour attendre un rêve qui allait leur dire s’ils allaient guérir ou non. La notion d’une aide divine qui viendrait par les rêves est très ancienne.

Le corps est composé d’eau et l’eau représente les émotions, c’est intéressant quand on rapproche cela des travaux sur la mémoire de l’eau…

Un scientifique japonais, Masaru Emoto, a fait des travaux sur ce sujet. Il a été contesté par certains scientifiques sur des motifs que je ne pourrais pas discuter, mais en mettant des étiquettes avec des mots sur des bassines d’eau, on a vu que les cristaux d’eau se modifiaient. Ils devenaient totalement désordonnés quand les mots étaient négatifs et ils restaient harmonieux quand les mots étaient positifs. Comme nous sommes composés d’eau, on peut imaginer à quel point la bonté, la beauté et la douceur peuvent influencer notre équilibre.

Dans la langue française, dans le vocabulaire courant, on dit que l’on rêve d’être acteur de cinéma ou d’être influenceur, ce qui signifie que l’on se projette un film. En réalité, le rêve est une projection que l’on reçoit, c’est l’opposé…

Oui, mais les deux peuvent se rejoindre. Si c’est dans notre mission de vie, si c’est véritablement dans notre cœur, je pense que l’on peut rêver de cela. Young avait assez peu de supports visuels, il était dans une recherche très spirituelle, il lisait énormément de textes sur les civilisations anciennes et il relate des rêves qui sont réellement liés à ce qui le passionnait dans la journée. Il faisait des rêves dans des palais d’or avec des rubis, il faisait des cathédrales de marbre, cela correspondait à ce qui l’animait toute la journée. Il y a une correspondance entre ce que l’on vit et ce que l’on veut. Je suis d’accord avec vous, on ne contrôle pas les rêves qui arrivent, mais on peut accueillir davantage certains rêves. Certaines personnes, au début de leur vie d’adulte, viennent me voir avec des tensions très fortes et je remarque qu’elles font très souvent des cauchemars. Au fil du temps, ces cauchemars s’estompent et les rêves s’ouvrent sur des paysages un peu plus avenants. On ne contrôle pas ses rêves, mais on conditionne le type de rêve que l’on fait par son cheminement.

Évoquons maintenant les cauchemars, en opposition aux rêves : est-ce le paradis et l’enfer qui se bousculent dans notre cerveau ?

Le cauchemar peut être positif, il exprime une tension. Il y a des cauchemars récurrents, des cauchemars d’agression, c’est assez commun, mais il y a aussi des cauchemars qui peuvent être positifs parce que cela exprime une angoisse, ou une peur : il vaut mieux que cela sorte. Il ne faut pas se résigner à vivre dans une peur, sinon cela nous ronge petit à petit, cela nous réduit, Alors, face à cela, cela vaut le coup de regarder les cauchemars et de les analyser. Dans le livre, j’explique que quelqu’un qui se noie dans son travail fait un cauchemar en rêvant qu’il se noie dans la mer… Au réveil, on peut se dire qu’il y a péril de mort, donc il faut s’interroger et réajuster sa vie. Les rêves ne sont pas des productions démentes sollicitées par notre cerveau et qui ne servent à rien. Cela peut nous aider à résoudre des névroses ou des problématiques.

On a l’impression qu’un rêve dure une éternité, or on s’aperçoit qu’il s’est produit en quelques minutes. Comment analyser l’espace-temps du rêve ?

Les scientifiques disent que le temps n’existe pas… Je suis incapable de commenter cela, mais effectivement les rêves nous plongent dans cet état de distorsion du temps qui serait, semble-t-il, la réalité du temps. On sort du chrono du temps linéaire pour passer dans un temps magique et c’est fascinant.

Le rêve peut-il être une sorte de voie de communication avec une autre dimension ?

J’ai expérimenté cela et je peux répondre oui. D’autres personnes ont expérimenté cela. Une Américaine, spécialiste du deuil, a travaillé là-dessus. Michael Newton a beaucoup travaillé sur l’autre monde, mais il y a aussi des médecins et des psychiatres qui se sont intéressés à cela. Justement, comme la mort est dans un autre espace-temps, on a le sentiment qu’une personne disparue vient nous voir, surtout après sa mort, en nous disant qu’elle a laissé telle ou telle chose dans tel endroit, alors que l’on ne connaissait pas l’existence de cet objet ou de ce document. Pour moi, on peut entrer en connexion avec les défunts par le rêve. Le rêve, c’est une connexion avec l’invisible. Pour les bouddhistes, il est important de faire attention à ses rêves, parce que cela permettra de bien mourir et d’avoir une bonne réincarnation. Il y a vraiment une école du rêve. Cela nous permet d’aller dans des espaces beaucoup plus agréables et aussi d’aller voir ceux qui sont encore vivants et qui s’inquiètent de nous.

Le rêve est-il aussi une connexion avec ses vies passées ?

C’est très étrange. Une cliente m’a dit qu’elle avait l’impression de sortir d’outre-tombe après ses rêves. C’est une très belle expression. Les rêves peuvent nous ramener à des vies antérieures, si l’on y croit, ou en tout cas dans des espaces qui ne sont pas ceux de la réalité que nous connaissons. Il y a aussi de nombreuses découvertes scientifiques qui ont été faites pendant les rêves. Un scientifique russe a fait des découvertes fantastiques à la faveur d’un de ses rêves. Thomas Edison a trouvé beaucoup de ses inventions, notamment l’électricité ou la prise de son, à travers ses rêves. D’ailleurs, il avait l’habitude de faire des petites siestes, car il savait qu’il allait avoir des évidences…

Pourquoi le rêve est-il tabou dans nos sociétés occidentales ?

Parce que le rêve n’est pas contrôlable et c’est très agaçant pour beaucoup de personnes. Le rêve n’est pas explicable. Le rêve peut aussi vous communiquer des choses très désagréables. Il y a une notion d’intime, c’est quelque chose qui est de l’ordre du secret, il y a une pudeur. Beaucoup de gens ne respectent pas les rêves. Pour eux, ce sont des foutaises, surtout les gens très sérieux. Pour toutes ces raisons, c’est souvent discrédité.

Si l’on fait une distinction entre l’âme et le corps, les rêves sont-ils les gardiens de l’âme ?

L’âme incarne des désirs et des envies et si le corps ne peut plus vivre ce que l’âme aime, comme marcher ou prendre des gens dans ses bras, à un moment donné, l’âme dit qu’il vaut mieux s’arrêter là. Les rêves sont des messagers de l’âme. Notre âme nous envoie des messages à travers nos rêves, c’est quelque chose qui est parfois plus grand que nous. Beaucoup de grands hommes qui ont fait de grandes actions confient que cela a été à la faveur d’un rêve. Il y a de très belles chansons inspirées par des rêves. Paul McCartney dit qu’il s’est réveillé un matin et qu’il a composé « Let it be », comme s’il téléchargeait les paroles après son rêve. C’est une chanson totalement mystique et magnifique. On peut très bien imaginer qu’un ange ait choisi Paul McCartney pour chanter cette chanson, qui est toujours écoutée cinquante ans plus tard. Il dit clairement que c’est un rêve qui a inspiré cette chanson.

Écrit par Rédaction

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