Le chirurgien et cancérologue nous invite à booster nos défenses immunitaires pour faire face à la Covid-19.
Pour le professeur Henri Joyeux, notre système immunitaire est une merveilleuse machine de défense et de réparation, une puissante source d’auto-guérison, et donc notre premier vaccin ! En effet, le corps humain abrite des milliards de milliards de cellules, de bactéries et de virus. Certes, la majorité sont nos alliés, mais dans d’autres cas ils deviennent nos adversaires et des sources de maladies auto-immunes, jusqu’au cancer.
Henri Joyeux, ancien chirurgien cancérologue et chirurgien des hôpitaux, a aussi enseigné à la Faculté de médecine de Montpellier. Il a publié de nombreux ouvrages sur l’alimentation comme « Changez d’alimentation » et « Manger mieux et meilleur ».
« Face aux virus, bactéries… Boostez votre immunité. Le système immunitaire est le premier vaccin » du professeur Henri Joyeux est publié aux Éditions du Rocher.
Ecoutez Henri Joyeux sur Kernews
Extraits de l’entretien
Kernews : Vous nous rappelez que notre système immunitaire constitue notre premier vaccin : cela signifie que vous ne remettez pas en cause les vaccins, alors que certains vous accusent de contester leur utilité…
Henri Joyeux : Vous êtes l’un des premiers à avoir compris le titre de ce livre. Effectivement, nos défenses immunitaires sont présentes dans notre corps, mais elles sont mouvantes. Cela veut dire que l’on peut les augmenter ou les réduire. On peut faire beaucoup de bêtises avec, tout simplement parce que l’on ne sait pas comment cela fonctionne. Ce temps de confinement m’a beaucoup fait réfléchir, quand j’ai vu la population terrorisée, avec des gens extrêmement inquiets à la moindre douleur, à la moindre toux ou au moindre trouble respiratoire. Le point positif, c’est l’évocation des comorbidités : il y a l’obésité, donc c’est le surpoids, ensuite l’hypertension artérielle, ce sont les cardiologues, puis le diabète et enfin les gens atteints de cancer qui sont en chimiothérapie. Tous ces gens ont compris qu’ils n’avaient pas une bonne immunité. Si cette crise sanitaire permet aux gens de faire attention à l’obésité, c’est déjà essentiel. Il est important de comprendre ce qu’est notre système immunitaire qui se met en place dans le ventre de notre maman, car il y a un véritable état-major. L’état-major est dans la moelle osseuse. On sait qu’il y a des trous dans les os, ils ne servent pas à rien, ils travaillent du matin au soir pour fabriquer des globules rouges, des globules blancs, des plaquettes et des milliards de cellules. Quand vous n’avez pas suffisamment de globules rouges, vous êtes fatigué, vous avez peut-être une pathologie cancéreuse, vous allez voir le médecin qui va vous donner un stimulant. C’est un peu la même chose pour les globules blancs : il y a sept bataillons de globules blancs qui ont des missions différentes ! C’est comme si le chef d’état-major de l’armée française ne connaissait pas ses troupes et n’était pas capable de dire à quoi sert telle arme ou spécialité dans l’armée. C’est vraiment dommage et ce sera peut-être le résultat positif de cette crise sanitaire, c’est-à-dire apprendre aux gens à se comporter de manière intelligente. Nous avons tous peur quand nous allons à l’hôpital pour recevoir des injections ou pour faire un scanner. En plus, le stress, qui est extrêmement présent dans la société, est un réducteur d’immunité. Les médias contribuent à angoisser les gens. Ensuite, les ministres nous expliquent que, quand on a mal à la tête, il faut prendre du Doliprane… Ils ne savent même pas qu’il y a une magnifique publication, datant de trois ou quatre ans, démontrant que le paracétamol réduit l’immunité ! Alors, est-ce astucieux de dire qu’il faut prendre du paracétamol quand on a mal à la tête et puis appeler le 15 quand on a des troubles respiratoires ? Avec cette Covid 19, et maintenant Covid 20, ce qui est important, c’est de l’accueillir. J’aime beaucoup ce mot. Quand vous accueillez quelqu’un chez vous, vous préparez la maison, vous préparez un bon repas… C’est la même chose avec ce virus, que nous devons savoir accueillir pour qu’il nous fasse le moins de mal possible. Pour cela, le premier vaccin, c’est l’état immunitaire. Quelqu’un qui a le sida a le syndrome d’immuno déficit acquis. Cela veut dire qu’il a des défenses immunitaires dans les chaussettes et nous savons qu’il ne faut jamais vacciner quelqu’un qui est dans cet état, parce que l’on va lui balancer la maladie. Cela veut dire que cet état immunitaire personnel est essentiel et, pour cela, il faut avoir une bonne alimentation, une bonne respiration et un bon sommeil réparateur, ce qui implique une activité physique importante et des comportements de vie qui soient des comportements de santé.
Vous utilisez beaucoup la métaphore militaire dans votre livre…
Mon grand-père est mort à la guerre de 14, je ne l’ai pas connu, mais cette métaphore militaire est importante dans notre monde présent. Il y a du respect dans la société pour les militaires, c’est une bonne chose. Nous devons nous rendre compte que nous avons une armée en nous, qui nous est donnée par l’architecte de la vie, et nous devons la respecter. On parle beaucoup de la grippe espagnole, mais on a oublié que beaucoup de jeunes sont morts de la grippe espagnole parce que l’on venait de découvrir l’aspirine. Effectivement, l’aspirine fait disparaître le mal à la tête mais, pendant la grippe espagnole, on a gavé des jeunes et des soldats d’aspirine et l’on a abîmé leurs défenses immunitaires. Or, certains sont morts d’une hyper dose de ce médicament. C’est très intéressant parce que cela démontre combien la chimie peut être formidable, mais aussi dangereuse.
Vous évoquez le virus Ebola en expliquant que plus le virus est dangereux et meurtrier, moins il a de risques de se propager, alors que la Covid, très faiblement meurtrière, ne peut pas être arrêtée. Par exemple, comme on meurt immédiatement avec Ebola, les gens de l’OMS doivent se résoudre à brûler des cadavres en arrivant…
C’est ce qui se passe. On évoque un retour d’Ebola en Guinée et cela veut dire qu’il faut immédiatement confiner tous ceux qui risquent de l’avoir. Les gens qui vont ramasser les malades ou les décédés sont en scaphandre. La protection doit être majeure, parce qu’il suffit de toucher la peau de la personne pour attraper Ebola. On n’entendait pas parler d’Ebola il y a quarante ans et nous devons nous demander si nos modes de vie ne favorisent pas des virus ou des bactéries plus pathologiques. Aujourd’hui, on nous explique que l’on a éradiqué la polio, mais ce n’est pas vrai. D’ailleurs, Bill Gates essaie de vacciner contre la polio dans des pays en difficultés et l’on voit que ceux qui sont vaccinés font des polios… Un prix Nobel, André Lwoff, a pu démontrer quelque chose de formidable : quand un enfant démarre une polio, sa température monte jusqu’à 40. Or, si sa maman lui donne du paracétamol pour réduire son hyperthermie, elle risque de créer chez lui une vraie polio, alors que le 40 de température c’est justement une réaction immunologique qui tue le virus. Le gosse qui va monter à 40 n’aura pas la polio et celui à qui vous allez donner un antipyrétique, pour baisser sa température, va permettre à la polio de se développer. Cet exemple est extraordinaire !
Vous nous recommandez d’écouter notre corps lorsque nous ressentons une douleur, une envie de légumes ou une envie de sucre… Notre corps nous envoie-t-il ces signaux en temps utile ? Ou, quand on les reçoit, est-il déjà trop tard ?
Les signaux, on les voit souvent un peu trop tard… Aujourd’hui, il y a plus de filles que de garçons qui fument, alors qu’elles n’ont pas la capacité respiratoire des garçons. Une fille qui fume un paquet par jour, c’est comme un homme qui en fume deux et cela veut dire que nous commençons à avoir de plus en plus de cancers du poumon chez des jeunes femmes et à des stades plus avancés que chez les hommes, parce qu’elles fument autant et elles abîment plus rapidement leurs bronches. Si nous apprenons au grand public à repérer ces signaux, on peut vraiment l’aider. Je connais pratiquement tous les centres anticancéreux en France, on continue d’en construire, nous n’avons pas suffisamment d’infirmières et de chirurgiens. C’est un problème car en 2021, on devrait fermer les centres anticancéreux, il ne devrait plus y avoir de cancer ! Je fais souvent la comparaison avec la tuberculose. On a créé les sanatoriums en 1870 sous Napoléon III et on les a fermés en 1970 parce qu’il n’y avait plus de tuberculose. Le général de Gaulle a créé les centres anticancéreux en 1945 et j’espère qu’on pourra les fermer en 2045. Malheureusement, vu la façon dont nous continuons à nous comporter, il faudra les doubler…
Que pensez-vous des propos d’Emmanuel Macron, qui souhaite que les nouvelles générations soient totalement non-fumeuses ?
C’est bien, mais quelle information font-ils passer pour cela ? On nous met des photos de cancer du poumon sur les paquets de cigarettes, on augmente le prix du paquet… Puisque nous sommes dans une dictature sanitaire, pourquoi ne pas interdire le tabac du jour au lendemain ? On va me parler de liberté, mais en ce moment nous sommes bien dans une forme de dictature…
Je ne vais pas utiliser l’argument de la liberté, mais celui de la drogue…
Tout à fait, mais la première drogue, le premier ennemi de notre santé, c’est le sucre ! Le sucre va vous donner du diabète, abîmer vos reins, et vous vous retrouverez avec une canne blanche parce que vous perdrez la vue. Il ne faut absolument pas sucrer. Un bon café ne doit pas être sucré !
Vous mentionnez également la question de l’obésité : à partir de quel niveau doit-on s’inquiéter ?
D’abord, il y a une différence entre l’homme et la femme. Pour un homme, le poids idéal est le nombre de centimètres au-dessus d’un mètre : je mesure 1,78 m, je devrais donc peser idéalement 78 kg. Soyons sympathiques, on peut être à plus ou moins 2… Pour les dames, ce n’est pas la même chose, c’est le nombre de centimètres au-dessus du mètre, moins 5 à 10. Quand une dame arrive à la ménopause, c’est le poids idéal. Une dame m’appelle parce qu’elle a le cancer du pancréas : je regarde son dossier en détail, j’observe qu’elle est sur le chemin, elle a 15 kg de trop et je lui donne quelques conseils, comme supprimer le pain blanc, supprimer les produits laitiers, supprimer les sodas, de temps en temps un petit ballon de vin, mais pas plus… Il faut supprimer tous les produits gras, sauf l’huile d’olive, mais sans la faire cuire. Je suis sûr que cette femme, par l’angoisse qu’elle a reçue, va changer son comportement.
Vous expliquez bien que c’est la graisse qui réduit nos défenses immunitaires…
La graisse que nous avons provoque une sorte d’alimentation inflammatoire qui est cancérigène. Pour les dames, il y a les glandes mammaires, c’est un véritable fléau social. Et pour les hommes, c’est le cancer de la prostate.
Nous avons tous connu des gens qui ont fait la fête en buvant et en fumant, et qui ont vécu jusqu’à 90 ans, mais aussi d’autres qui prenaient grand soin de leur corps et qui avaient un pépin à 60 ans… Notre humeur, notre joie de vivre, ont-elles une influence ?
Je dis souvent que je suis joyeux 24 heures sur 24 ! Il y a un besoin d’être heureux pour notre psychisme et je prépare d’ailleurs un livre sur le cerveau. Il faut comprendre comment gérer nos émotions et comment décider. Nous connaissons mal le cerveau émotionnel. Le point clé, c’est la sagesse, la philosophie et la spiritualité.
Ce qui expliquerait pourquoi nos bons vieux curés sont bien portants à 85 ans…
Exactement. Un philosophe qui s’occupait des soldats de Barkhane m’a dit que ceux qui gèrent le mieux leur stress sont ceux qui ont une spiritualité élevée, notamment les bouddhistes et les chrétiens. Leur engagement a un sens. Ils savent qu’ils risquent la mort, mais ils ont une source de spiritualité qui les aide à mieux vivre des événements extrêmement lourds.