Jacques Myard, conseiller de Valérie Pécresse sur les questions internationales : « L’élargissement de l’OTAN, de plus en plus proche de la Russie, est une erreur tragique et cela alimente la position rigide et agressive de la Russie »
Entretien avec Jacques Myard, ancien député, président de l’Académie du Gaullisme, maire de Maisons-Laffitte sur les tensions entre l’Ukraine et la Russie. L’Invité de Yannick Urrien : mercredi 9 février 2002
Jacques Myard rappelle que « le général de Gaulle disait que la Russie allait boire le communisme comme le buvard boit l’encre, cela veut dire que les peuples et les Nations sont les fondements mêmes des relations internationales et les États, qui sont l’incarnation juridique des Nations, sont toujours là pour régler la marche du monde. Au moment où il y a ces tensions sur l’affaire de l’Ukraine, il est évident que la France doit avoir des relations permanentes et soutenues avec la Russie, qui fait partie de l’équilibre européen. Je suis de ceux qui pensent qu’il faut prendre en compte les dimensions géostratégiques de l’Ukraine, de la Russie, de l’Europe et des Américains. On va commencer par les Américains. »
« La Russie a une culture forte avec l’ensemble des peuples européens. Cela ne veut pas dire qu’il faut embrasser Poutine sur la bouche ! Il faut simplement prendre en compte la réalité géostratégique de l’Europe. Donc, plus l’OTAN avance près de la Russie, plus cela crée des tensions. L’élargissement de l’OTAN, de plus en plus proche de la Russie, est une erreur tragique et cela alimente la position rigide et agressive de la Russie. Les États-Unis veulent que l’Ukraine rentre dans l’OTAN, c’est une faute géostratégique qui accroît les tensions. »
Elle n’est pas du tout fermée à reconnaître que l’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN serait une erreur.
Sur les positions de Valérie Pécresse : « Elle a une image atlantiste, comme on l’a accusé d’être Macron compatible, mais elle est extrêmement ferme sur les matières régaliennes. Sur les questions internationales, et les choix européens, elle est européenne, mais nous sommes tous européens puisque nous sommes français. Il n’en demeure pas moins, pour avoir évoqué ce problème avec elle, qu’elle parle très bien le russe, elle me dit un peu moins aujourd’hui, mais elle est parfaitement sensible à ce que représente l’Ukraine pour la Russie. À ce titre, elle n’est pas du tout fermée à reconnaître que l’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN serait une erreur. Je vais même plus loin, je pense que l’entrée de la France dans l’OTAN a été une faute, même si beaucoup de nos militaires y sont favorables, parce qu’ils trouvent que c’est une machine qui prospère. »