C’est un nouveau rendez-vous que vous propose Kernews : une semaine avec une personnalité de notre région. Chaque jour, du lundi au vendredi, cette émission permet de découvrir les différentes facettes d’une personnalité pendant une dizaine de minutes. Le programme est diffusé à 7h10, 12h15 et 19h10.
Philippe Martin, président du Tribunal de commerce de Saint-Nazaire, était l’invité de Yannick Urrien entre le 23 et le 27 octobre dernier.
Partie 1
Philippe Martin : Présentation du Tribunal de commerce de Saint-Nazaire.
Philippe Martin rappelle que « les juridictions commerciales sont des juridictions de premier degré, composées de juges consulaires bénévoles. » Il ajoute : « C’est une juridiction de première instance, ce qui veut dire que nous dépendons de la Cour d’appel de Rennes, donc que les justiciables qui ne sont pas satisfaits des décisions que l’on peut prendre ont cette possibilité de saisir la Cour d’appel de façon à ce que le procès soit revu sur un plan juridique strict où là ce sont des juges professionnels. D’ailleurs, on ne dit plus juges professionnels, mais de carrière. Je respecte cette nouvelle appellation. » Philippe Martin estime qu’il est difficile de trouver des bénévoles : « On ne peut pas se lancer dans ce genre de fonction si on n’est pas préparé psychologiquement en pouvant dégager du temps. » (…) « C’est extrêmement enrichissant puisque nous avons affaire à un éventail important d’entreprises de tous secteurs. »
Philippe Martin veut aussi rassurer les chefs d’entreprise, « parce que le tribunal n’est pas là uniquement pour prononcer des sanctions, on en prononce très peu et, quand c’est le cas, c’est vraiment que l’on affaire à des gens qui trop tirés sur la corde. Nous avons aussi en amont des procédures collectives, ce qu’on appelle la prévention des difficultés des entreprises, des solutions aussi qui sont même des solutions confidentielles. » Autre conseil : les entrepreneurs doivent venir le plus tôt possible « pour que l’on ait un maximum de chances de pouvoir les sauver. »
Partie 2
Philippe Martin : La culture économique des entrepreneurs : être un bon chef d’entreprise.
Philippe Martin rappelle qu’il faut avoir des notions de gestion, avant de créer une entreprise, et savoir qu’il faut déposer ses comptes chaque année : « C’est plus facile maintenant, d’autant plus qu’il y a la possibilité de ne pas les publier. » Philippe Martin a de l’admiration pour les entrepreneurs : « Quand on fait du commercial, on n’est pas sur le terrain, puisque dans les petites entreprises il faut que le patron soit présent, qu’il soit productif, cela demande du temps de présence dans l’entreprise… » Philippe Martin souligne que la période difficile est souvent lors des trois premières années : « C’est là que les entreprises sont les plus fragiles, le taux de mortalité concerne beaucoup plus les petites entreprises. »
En cas de problème, « pendant que l’entreprise est en procédure collective, dans ce qu’on appelle la fameuse période d’observation, on va demander des prévisions, on va demander le carnet de commandes en nombre de mois, en montant, donc il va falloir que le chef d’entreprise présente un prévisionnel pour démontrer que son affaire est viable. »
Partie 3 :
Philippe Martin : Entreprendre : les pièges à éviter.
Pour Philippe Martin, un bon entrepreneur « doit avoir une bonne formation technique, que sa formation technique ait été mise en application sur le terrain, comme avoir été salarié du domaine. Je prends l’exemple d’un particulier qui adore faire la cuisine quand il reçoit sa famille, ses amis, et tout le monde est content. C’est bon et il décide d’ouvrir un restaurant et là, on a bien souvent remarqué que c’est la catastrophe… » Autre conseil, « il faut se donner à fond, il ne faut pas considérer que le chef d’entreprise va se retrouver richissime du jour au lendemain. Oui, il faut il faut vraiment ramer, c’est le terme que l’on peut employer ! »
Partie 4
Philippe Martin : La situation économique
Philippe Martin constate une augmentation des risques, avec notamment le remboursement des PGE, mais pas seulement… Il rappelle que « la cessation des paiements, c’est quand votre actif disponible ne couvre pas le passif exigible, c’est-à-dire que vous avez un premier impayé, et puis d’autres qui vont s’accumuler, donc il faut déclarer dans les 45 jours à partir du premier impayé ».
Partie 5
Philippe Martin : le moral des chefs d’entreprise
Philippe Martin accepte de recevoir tous les chefs d’entreprise : « Je reçois bien volontiers ceux qui me demandent spontanément un rendez-vous dans le cadre de la prévention des difficultés des entreprises. » Il y a des procédures qui existent et qui sont confidentiels « pour éviter que tel ou tel fournisseur apprenne que l’entreprise est en conciliation ou en mandat ad hoc. » Le Tribunal de commerce peut aussi détecter des problèmes : « On a un fichier qui nous permet de contacter les chefs d’entreprise pour les inviter à venir nous voir, malheureusement, ce que l’on constate, c’est que l’on nous pose des lapins, donc on est là pour les aider et ils ne viennent pas nous voir, et je trouve que c’est dommageable… »