L’invité de Yannick Urrien : Antoine Labbé
« Le Private Equity n’a rien à voir avec les fonds de pension à l’anglo-saxonne. »
L’invité de Yannick Urrien : lundi 27 septembre 2021 à 7h10 (rediffusion à 9h10) sur Kernews
Antoine Labbé a été fonctionnaire, banquier (Worms & Cie) et il anime depuis plus de vingt ans sa société d’investissement dans le Private Equity et il a notamment été le financier de Balmain. La pandémie du Covid-19 et la crise économique qu’elle a provoquée soulèvent la question du financement des entreprises françaises. Dans un premier temps, l’action massive et volontariste de l’État a répondu aux objectifs que la puissance publique s’était fixés : éviter l’effondrement de l’appareil économique, assurer la cohésion sociale du pays et permettre le redémarrage de l’outil de production dès que possible. Cette réponse se révèle toutefois insuffisante lorsque l’on se projette dans l’avenir, car l’effort d’investissement des entreprises doit être considérable pour leur permettre de s’adapter au « Nouveau Monde » en train d’émerger.
Nous évoquons cette question avec Antoine Labbé, à l’occasion de la sortie de son dernier livre, dans lequel il explique que le capital-investissement est la réponse privilégiée à ce défi. Pourtant, ce n’est pas une nouveauté, puisque l’investissement dans les entreprises non cotées a toujours existé : « Le financement des entreprises existe effectivement depuis très longtemps. Ce livre a un double objectif, d’une part, faire un focus sur ce type de financement, mais aussi présenter des exemples. C’est une histoire ancienne qui a connu un développement plus récent. Ce que l’on appelle le Private Equity rassemble plusieurs segments d’activités et c’est un type de financement dont l’origine remonte aux États-Unis au siècle dernier. Paradoxalement, ce sont des Français qui ont été à l’origine de la création et de la diffusion de ce type de financement. C’est un type de financement qui n’est pas nouveau mais, ce qui est intéressant, c’est de remarquer qu’il a connu un essor exponentiel au cours des 20 dernières années. On considère que cette classe d’actifs rassemblait environ 2 000 milliards de dollars au début des années 2000 et, aujourd’hui, on parle de 4 500 milliards. Les projections pour 2025 permettent de penser que cela représentera 10 000 milliards de dollars. Il y a une accélération prodigieuse qui fait qu’une source de financement, relativement confidentielle, est maintenant devenue une voie de financement qui a acquis toutes ses lettres de noblesse. »
Pourtant, tout le monde fait du Private Equity sans le savoir : « On peut considérer que le chef d’entreprise qui investit son patrimoine dans son entreprise fait aussi du Private Equity et il peut également demander à sa famille et à ses proches de concourir au financement de son entreprise. C’est quelque chose de tout à fait classique. Mais il faut noter qu’il y a eu une industrialisation du Private Equity avec des fonds tiers. »