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Les différences entre les hommes et les femmes expliquées par la science

René Écochard : « La sexuation a débuté il y a très longtemps dans le développement de l’univers. »

Le professeur René Écochard, docteur en médecine, professeur à l’université Claude Bernard (Lyon I) est membre du laboratoire de Biostatistique-Santé de Lyon. Son dernier livre est le fruit de plusieurs années d’études sur le chromosome Y pour faire comprendre ce qui différencie sur le plan génétique les hommes et les femmes. Il avait déjà publié en 2022 un ouvrage intitulé « Homme, femme… ce que nous disent les neurosciences ».

« Ce que l’homme doit à son chromosome Y : les révélations des neurosciences » du professeur René Ecochard est publié chez Artège.

Kernews : On nous répète depuis plusieurs décennies qu’il n’y a pas réellement de différences entre les hommes et les femmes, mais qu’un conditionnement éducatif et culturel incite les hommes à se comporter comme tels et les femmes comme telles. La science est-elle en train de démontrer l’inverse ?

René Écochard : En effet, cette idée que tout serait culturel est très répandue. Elle est liée à la psychologie et à la sociologie des années 70. C’est une affaire assez ancienne, qui arrive maintenant en France après avoir parcouru l’Amérique, l’Australie et la Suède. Simone de Beauvoir avait dit que l’on ne naît pas femme, mais qu’on le devient et cela a parcouru les têtes des sociologues. C’était une hypothèse qui n’était pas du tout fondée sur la science ! Depuis vingt ans, la science étudie la différence entre les hommes et les femmes. Nous n’avons plus le droit, depuis 2005, de publier un article scientifique sans faire une colonne sur ce qu’il en est pour la femme et une autre colonne pour l’homme. Chaque jour, il y a de nouveaux articles qui nous disent que pour tel médicament, il est plus efficace chez l’homme que chez la femme, ou inversement. La tension artérielle n’est pas la même, le risque des maladies n’est pas le même, Alzheimer n’a pas la même fréquence… On découvre en permanence que ces gens, qui partaient peut-être d’une bonne intention, se sont trompés. Il y avait une bonne intention à l’origine, qui était de dire que l’on naît homme ou femme et que l’on développe cette masculinité ou cette féminité, progressivement, grâce à la culture ou à l’éducation.

En fait, les scientifiques sont allés à l’inverse des thèses wokistes selon lesquelles on ne doit plus faire de différences entre les hommes et les femmes…

Il y a toujours un grand retard entre la recherche et la vie quotidienne. Les personnes qui diffusent ces idées les ont trouvées dans les textes de leurs formations philosophiques et sociologiques qui datent vraiment. Les travaux des scientifiques démontrent comment la génétique et l’épigénétique font de nous des hommes et des femmes, avec des potentiels différents.

La vie n’est faite que de différences : il y a le courant positif et négatif avec l’électricité, il y a le chaud et le froid, le jour et la nuit, la viande et le poisson, les fruits et les légumes… comme il y a les hommes et les femmes…

Cela veut dire que nous sommes complémentaires. La masculinité ne se comprend pas sans observer la féminité, et la féminité se comprend vraiment lorsqu’on la voit en relation avec la masculinité. Plus on va quitter la guerre des sexes, plus on va se dire que la biologie nous donne des forces particulières, plus on va pouvoir développer notre relation humaine et progresser dans notre rôle de parents ou dans nos relations au sein d’une entreprise. On ne peut se comprendre qu’en complémentarité.

Les études scientifiques que vous avez menées visent à écarter toute opposition : personne n’est supérieur à l’autre et les hommes et les femmes sont simplement différents…

C’est pour cela que votre comparaison avec le courant électrique est très juste : que ferait le plus s’il n’y avait pas le moins et que ferait le moins sans le plus ?. La sexuation a débuté il y a très longtemps dans le développement de l’univers, il y a plus d’un milliard d’années, et il y a eu l’apparition des fleurs, qui sont totalement liées au masculin et au féminin. Il n’y a que quelques espèces qui ne sont pas d’emblée masculines ou féminines, comme les œufs de tortue. Toute la vie qui jaillit se fait dans la complémentarité entre le masculin et le féminin.

Dans nos gènes, nous avons 23 paires de chromosomes et 22 ne sont pas liées au sexe… La paire de chromosomes qui est liée au sexe détermine tout…

Nous avons une très grande humanité commune, 22 gènes communs, mais la nature a prévu que chacun de nous, dans chacune de nos cellules, ait une marque particulière qui va faire travailler chaque cellule de manière spécifique, grâce à cette 23ᵉ paire de chromosomes.

C’est donc cette 23ᵉ paire qui a une influence sur la couleur et la texture des cheveux, la voix, les traits de caractère…

Oui, c’est assez impressionnant. Quand on analyse les cellules, par exemple la base des cheveux, la peau ou la voix, c’est grâce à la présence de cette 23e paire de chromosomes qui est comme un chef de chantier. L’ensemble des chromosomes va travailler sous les ordres de cette 23e paire. Dans l’amygdale du cerveau, il y a plus de 2 000 gènes qui travaillent différemment chez l’homme et chez la femme, alors que le chromosome Y a moins de 100 gènes. Mais c’est un chef de chantier. Il fait travailler les autres chromosomes de la cellule, de manière à ce que cela convienne pour un homme. À l’inverse, le deuxième X de la femme fait travailler l’ensemble des chromosomes de la cellule de la femme pour que celles-ci soient optimales pour une femme.

Évoquons maintenant deux sujets bien distincts : homosexualité et transgenre. D’abord, l’homosexualité existant depuis la nuit des temps, peut-on penser que c’est simplement un plaisir personnel qui n’a rien à voir avec cette affaire de chromosomes ? À l’inverse, la transidentité est-elle quelque chose qui fait que l’on peut réellement se sentir femme en naissant avec un corps d’homme, ou l’inverse ?

C’est cela. En ce qui concerne l’homosexualité, il est nécessaire d’être délicat, c’est le vécu de nombreuses personnes. Selon la  biologie, il ne faut pas dire qu’une personne est homosexuelle car ce n’est pas le verbe être, comme s’il y avait une identité, et il faudrait plutôt parler d’orientation. Chacun de nous est plus ou moins orienté par un désir plus ou moins fort, de la même manière que l’on est plus ou moins musicien ou attiré par le football, et petit à petit notre biologie nous donne plus ou moins d’attrait pour les personnes de sexe opposé. Il n’y a pas de gène de l’homosexualité. Chez l’homme, c’est très clair, il y a le développement de deux petits noyaux du cerveau, à la base du crâne, qui nous donnent le goût de la présence féminine. Ces noyaux sont petits chez la femme et plus gros chez l’homme. Ils se développent de manière à nous rendre désirables de la compagnie des femmes. Cela existe aussi chez l’animal. Ce n’est pas une question de sexe, c’est simplement une question de goût. Donc, chacun de nous est plus ou moins sensible à l’attrait du sexe opposé. Mais la sexualité trouve initialement son sens dans la transmission de la vie, donc en pratique il était nécessaire d’être attiré par le sexe de l’autre, or c’est plus ou moins fort, comme on peut être plus ou moins musicien. Donc, une personne qui est relativement peu attirée par les personnes de l’autre sexe n’est pas forcément homosexuelle. Ensuite, elle va vivre sa vie sexuelle. Il ne faut pas confondre non plus l’amitié profonde avec une personne du même sexe, y compris une grande tendresse, avec cette question. Donc, il n’y a pas de gène de l’homosexualité : c’est simplement une question de tempérament.

L’autre partie de ma question, qui est différente, porte sur les gens qui se sentent réellement mal à l’aise dans leur corps…

Cela a toujours existé, mais de manière plus exceptionnelle. Il y a des personnes qui ne sont pas bien dans leur masculinité, ou dans leur féminité, et c’est souvent associé à d’autres traits de tempérament. Les études montrent qu’il n’y a pas de choses réellement biologiques, mais c’est souvent associé à d’autres traits de tempérament, comme la prise de risque. C’est un terrain différent. La situation actuelle de la transidentité n’a rien à voir avec cela, notamment avec ce qui se passe chez les enfants. Il y a quelques années, c’était vraiment un problème qui concernait les garçons qui se sentaient mal dans leur identité, donc ils recherchaient un aspect extérieur plus féminin. Actuellement, c’est l’inverse et beaucoup de jeunes femmes ne se sentent pas bien dans leur corps de femme, elles veulent se faire enlever les seins. Mais ce n’est pas biologique. C’est surtout une influence culturelle. Il faut savoir que c’est un très grand changement que de passer de l’état d’enfant à un corps de femme. Le regard des autres change, cela peut être terrifiant. Alors, il y a tout un réseau de gens qui font de l’influence, en disant que c’est pratique de se faire enlever les seins… Mais on plonge ces jeunes dans une très grande souffrance. Toute personne qui va faire de la chirurgie, ou qui va prendre des médicaments, pour changer d’aspect, va perdre sa fertilité et va être obligée de se soigner toute sa vie. Dès que l’on s’arrête, la force revient, puisque l’on n’a pas changé de chromosomes. Une verge et des testicules, cela ne fait pas un vagin et un utérus, ni l’inverse. Donc, il faut parler franchement, afin que les gens qui font cela le fassent en connaissance de cause. Malheureusement, on ne gère pas les choses de manière scientifique, mais de manière émotionnelle.

J’ai essayé de trouver ce qui démarque les hommes et les femmes en lisant votre livre. Or il y a cette réflexion que l’on entend souvent formuler chez les femmes à propos des hommes : « Il est incapable de faire plusieurs choses en même temps ! » Est-ce cela la différence ?

Oui, c’est très joli, c’est assez extraordinaire. Le cerveau de la femme est une sorte de grande salle où il y a à la fois place pour les émotions et pour la rationalité. Chez l’homme, il y a plutôt deux pièces séparées, une pour les émotions et une pour le rationnel. Ce qui fait que la femme, comme on dit en Afrique, a mille mains. Elle peut penser à son fils qui est en train d’arriver à l’école, tout en assurant sa tâche au travail. Lorsqu’un homme est au boulot, il est au boulot, il va avoir du mal à penser à téléphoner à sa femme.. Ce n’est pas un manque de capacité de l’homme. Si l’on rend inactif le chromosome Y de l’homme dans le ventre de sa maman, il va évoluer comme une femme. La masculinité protège l’homme contre un trop grand contact entre les émotions et le rationnel. La nature a prévu cette complémentarité entre des gens qui font mille choses à la fois et des gens qui se concentrent sur un aspect des choses.

Vous avez aussi découvert que lorsque la maman subit une agression pendant sa grossesse, les répercussions sont plus fortes si le fœtus est un garçon : comment peut-on expliquer cela ?

Le stress entraîne une grande quantité de cortisol. Cela bloque la sécrétion de testostérone chez le petit garçon, donc il manque de testostérone pendant cette période de stress et cela le fragilise. Donc, on a un peu plus de mortalité néonatale et le petit aura un peu plus de mal à grandir les premiers temps de sa vie. Le stress de la maman, les agressions subies par la maman, vont faire que les petits garçons n’auront pas le meilleur climat pour se développer. À l’inverse, les petites filles sont plus robustes, car le cortisol ne modifie pas l’activité hormonale. Au contraire, au moment de l’adolescence, les filles deviennent plus fragiles que les garçons. Jusqu’à la puberté, les garçons sont plus fragiles que les filles et, après, c’est l’inverse. On est vraiment très différent, mais il faut prendre soin des mamans, que ce soit un petit garçon ou une petite fille, parce que le cerveau se sculpte au moment de la grossesse, dès le ventre maternel. Finalement, le rôle de l’homme, dans la nature biologique, c’est de prendre soin de la famille et de la société, pendant que la maman donne la vie.

Écrit par Rédaction

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