la baule+ Juin 2022 // 19 moment, il y a énormément de coups bas avec des pays qui font tout pour que des groupes français perdent de gros appels d’offres. À partir de 200 millions de dollars de contrats, les entreprises françaises vont être systématiquement espionnées, afin que les entreprises américaines puissent obtenir des informations. Il y a un point essentiel dans cette guerre économique : c’est la réputation. On constate qu’il y a des associations, des O.N.G., qui au nom de bons sentiments, comme la protection de la planète, des animaux ou des droits de l’homme, ciblent des entreprises, mais on découvre ensuite leurs sources de financement, avec une volonté politique d’affaiblir des États ou de grandes entreprises. Malheureusement, le grand public est parfois naïf… Tout à fait. Je vais évoquer L214. Aux États-Unis, des milliardaires financent, par le biais de fondations, des associations de lutte contre la consommation de viande animale. L214 a reçu plus d’un million en 2017. Le but de cette association est de dire aux gens de ne plus consommer de viande animale, parce que c’est un crime. Ils font des vidéos sensationnelles et ils dénoncent la cruauté de certains abattoirs ou de certains éleveurs. Ces mêmes milliardaires américains financent des laboratoires qui fabriquent de la viande artificielle, une viande de substitution pour demain, un marché qui vaut des milliards et des milliards d’euros. L’idée est de financer des associations comme L214. Malheureusement, tous les activistes n’en sont pas conscients. Tout cela pour faciliter une baisse de la consommation de viande en France, alors qu’au même moment des start-up développent de la viande artificielle en laboratoire aux États-Unis. À Singapour, ils ont autorisé la consommation de viande artificielle. À terme, c’est une véritable menace pour les éleveurs français, puisque des startup américaines vont vendre de la viande de substitution dans les fast-foods. Parfois, certaines O.N.G. ne s’attaquent qu’à des entreprises françaises Tout cela a été réfléchi et il y a ceux que l’on appelle les idiots utiles qui relaient ces combats… Il y a maintenant une prise de conscience des experts dans le domaine de l’intelligence économique qui tentent d’alerter les pouvoirs publics. J’ai également des problèmes avec d’autres O.N.G., car il est toujours intéressant de voir d’où provient le financement. Greenpeace possède une filiale en Allemagne, Planet Energy, qui a des investissements dans l’éolien, alors que Greenpeace mène une lutte acharnée contre le nucléaire. Lorsque la réputation d’une entreprise est attaquée par une O.N.G., il faut faire attention et regarder d’où proviennent les financements. Parfois, certaines O.N.G. ne s’attaquent qu’à des entreprises françaises, ce qui est déjà douteux. D’ailleurs, le chef d’entreprise doit savoir poser le diagnostic avec un cabinet d’intelligence économique lorsqu’il est attaqué. Je veux surtout faire de la pédagogie auprès des PME, parce que les grands groupes disposent tous de cellules d’intelligence économique, avec des personnes formées pour identifier les menaces. Enfin, pour déstabiliser des entreprises, certains grands groupes font du lobbying afin d’augmenter certaines normes, dans un catalogue de bonnes intentions. Or la réalité est différente, puisqu’il s’agit d’écarter des petites entreprises qui ne sont pas capables de s’aligner sur les nouvelles normes… Vous avez un certain nombre de PME françaises qui font des logiciels libres, et, au sein de l’Éducation nationale, vous avez des élèves et des professeurs qui utilisent des logiciels de Microsoft. Inconsciemment, cela va devenir une norme et cela se fait au détriment de toutes les PME qui savent pourtant faire la même chose que Microsoft. Quand des milliers d’étudiants, pendant toute leur scolarité, vont utiliser les solutions de Microsoft, il y a de très grandes chances pour qu’ils utilisent les mêmes produits dans leur vie professionnelle. Pourtant, nous avons un certain nombre de PME en France qui savent faire des solutions concurrentes. Par exemple, la gendarmerie nationale a passé 80 000 postes sous Linux et ils ont arrêté d’utiliser les services de Microsoft. Donc, c’est possible. Pourtant, cet acteur américain fait du lobbying pour écarter toutes les PME françaises. On est face à une influence normative qui se fait au sein des écoles françaises. Propos recueillis par Yannick Urrien.
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