la baule + L’essentiel de la presqu’île guérandaise ! Mensuel gratuit d’informations - N° 249 - Mars 2025 SOYEZ RESPECTUEUX DE L’ENVIRONNEMENT : NE JETEZ PAS CE JOURNAL SUR LA VOIE PUBLIQUE, EMPORTEZ LA BAULE+ CHEZ VOUS ! GASTRONOMIE Une nouvelle décoration au Gulf Stream : l’esprit rétro chic sublimé Page 3 DROIT DU TRAVAIL Caroline Labbé : une spécialiste des documents des risques professionnels Page 5 MAISON Art de la Menuiserie : le pari gagnant du made in Pornichet Page 17 Pages 18 et 19 Yvan Le Bolloc’h L’acteur est à l’affiche de la comédie « Le Bracelet », samedi 12 avril à Atlantia Nos entreprises locales communiquent : Za de Beslon - 2 allée du Messephin - LA BAULE Tél . : 02 40 60 25 08 - www.ernauldvert.fr (contact et demande de devis) Un savoir-faire familial depuis 1918 . Débouchage de toutes vos canalisations . Passage caméra, localisation des anomalies . Retraçage de vos canalisations . Vidange fosses . Entretien de vos pompes de relevage . Nettoyage, dégazage, condamnation de vos cuves à fuel Assainissement Débouchage Vidange Comprendre les dessous de la guerre en Ukraine Pages 6 à 8 Franck Louvrier réagit au classement du JDD sur l’attractivité de La Baule Page 4 Comment prendre notre argent en main Pages 10 et 11 Jacques Hogard Bitcoin : comprendre et investir Pages 14 et 15 Matthias Baccino Philippe Herlin Santé, logement, budget, urbanisme... Jean-Claude Pelleteur dresse le bilan de son action Pages 12 et 13 Votre radio de proximité : infos locales, agenda, et la meilleure bande-son de votre vie !
la baule+ 2 | Mars 2025 Avec l’arrivée de la saison estivale et l’afflux massif de visiteurs, la question de la sécurité sur le littoral est une priorité. La Baule pourra compter cet été sur le retour des renforts de sécurité, notamment les compagnies républicaines de sécurité (CRS maîtres-nageurs sauveteurs) pour assurer la surveillance et la protection des plages. Le maire de La Baule, Franck Louvrier, accompagné de ses homologues de Pornichet et du Pouliguen, a sollicité le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, pour demander la reconduction du dispositif de renforts. Une demande acceptée, confirmant ainsi l’engagement de l’État en matière de sécurisation des zones touristiques. « Cette décision traduit la reconnaissance, par le gouvernement, des enjeux de sécurisation liés à l’afflux important de population sur notre territoire. Elle intervient également après une année marquée par les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, qui avaient mobilisé d’importantes ressources de sécurité », explique Franck Louvrier. Les modalités précises du dispositif seront définies par le préfet de la région Pays de la Loire, en charge de sa mise en œuvre. Dans le cadre de la réglementation européenne et nationale sur la lutte contre les nuisances sonores, la Ville de Pornichet lance une consultation publique sur son Plan de Prévention du Bruit dans l’Environnement (PPBE). Cette initiative vise à informer les habitants sur leur niveau d’exposition au bruit et à recueillir leurs avis sur les actions envisagées pour réduire cette pollution sonore. La consultation se déroulera du lundi 3 mars au vendredi 2 mai 2025. Durant cette période, les Pornichétins pourront prendre connaissance du projet et exprimer leurs observations. Deux moyens sont mis à leur disposition : un registre consultable à l’accueil des Services Techniques (105 avenue du Général de Gaulle) ou une participation en ligne via le site officiel de la Ville www.ville-pornichet.fr. Il sera également possible d’adresser ses remarques par mail à ppbe@mairie-pornichet.fr. À l’issue de cette consultation, l’ensemble des contributions sera analysé avant l’adoption définitive du PPBE lors du Conseil Municipal du 25 juin 2025. Sécurité estivale : La Baule bénéficiera de renforts cet été Prévention du bruit à Pornichet : la Ville donne la parole aux habitants
la baule+ Mars 2025 | 3 Une nouvelle décoration au Gulf Stream : l’esprit rétro chic sublimé C’est un sujet qui anime de nombreuses conversations en ce début de printemps : le restaurant de plage Le Gulf Stream s’offre une nouvelle décoration ! Une transformation surprise, puisque l’établissement, déjà réputé comme une belle adresse bauloise, ne souffrait d’aucun besoin apparent de renouveau. Une cliente a d’ailceux qui ne nous connaissent pas encore. Et puis, Justine et toute l’équipe du Gulf Stream doivent se sentir bien dans leur environnement. » Le Gulf Stream reste ancré dans son esprit rétro chic. «Nous ne sommes pas un restaurant pour la jet-set tropézienne, mais nous avons voulu créer une atmosphère élégante qui corresponde à l’image de La Baule. On a essayé de faire l’inverse d’une paillote de plage: la décoration est presque ambiguë, chaleureuse l’hiver et rafraîchissante l’été… » On ne vient pas pour être « comme à la maison », mais pour vivre une expérience leurs plaisanté : « C’est comme si une jolie femme s’offrait une opération de chirurgie esthétique ! » Mais ce serait mal connaître Franck et Justine, les propriétaires, qui ont voulu surprendre les habitants de la presqu’île pour cette nouvelle saison. Franck explique ce choix audacieux : « C’était un choix cornélien. Nous sommes à cinq ans de la reconduction, ou non, de notre concession. Cinq années, cela peut sembler court, mais c’est aussi long. C’est un délai suffisant pour entreprendre des travaux et faire plaisir à nos clients. Nous voulions remercier nos fidèles habitués qui nous suivent depuis cinq ans, mais aussi attirer L’approche est différente de La Bergerie, l’autre établissement de Franck Haloche. « À La Bergerie, l’ambiance est faite pour que les gens se sentent chez eux. Au Gulf Stream, c’est une autre démarche : on ne vient pas pour être «comme à la maison», mais pour vivre une expérience, une vraie sortie. » Une formule à 20 € (entrée – plat) et 26 € (entrée – plat – dessert) Si le cadre a évolué, la cuisine demeure fidèle à sa réputation d’excellence. Nicolas Flores, le chef, et toute son équipe de cuisine, continuent de revisiter avec talent les classiques français, entre terre et mer. «Le client est au centre de nos attentions, cela se résume par la formule : respect du produit et respect du prix », souligne Justine. Bonne nouvelle pour les habitués, les tarifs restent inchangés. « Il n’était pas question d’augmenter les prix car ce n’est pas au client de payer les travaux ! » insiste Franck. La semaine, hors vacances scolaires, le Gulf Stream propose une formule à 20 € (entrée – plat) et 26 € (entrée – plat – dessert), avec une cuisine fraîche et des produits du marché. Avec cette nouvelle décoration et un esprit toujours aussi authentique, Le Gulf Stream s’affirme plus que jamais comme une adresse incontournable sur la plage de La Baule. Le Gulf Stream, face au 14 boulevard René Dubois à La Baule. Tél. 02 40 24 48 07. Contactez-nous pour votre publicité dans La Baule+ : la baule+ L’efficacité de la lecture papier n’est plus à démontrer en matière de publicité. 1/ Meilleure compréhension et mémorisation 2/ C’est la publicité préférée par la majorité de consommateurs. 3/ Plus d’attention et moins de distractions 4/ Une lecture plus lente 5/ Stimule les émotions et le désir La Baule+ c’est : - 35 000 exemplaires distribués et un minimum de 60 000 lecteurs. - Un lectorat multigénérationnel. - Le seul journal gratuit lu et attendu par une majorité de la population. - Le seul journal gratuit produit sur la presqu’île et imprimé en France. Fabienne: 06 08 80 39 55 fabienne@labauleplus.com
la baule+ 4 | Mars 2025 Attractivité ► La Baule gagne 54 places dans le Top 500 des villes du JDD ! Franck Louvrier : « De plus en plus de gens veulent vivre au pays des vacances. » En un an, La Baule-Escoublac a gagné 54 places dans le Top 500 des « Villes et villages où il fait bon vivre » publié par le Journal du Dimanche, atteignant ainsi la 275e position parmi 34 808 communes françaises. Les éléments de sélection portent notamment sur la sécurité, la fiscalité et le dynamisme culturel. La Baule+ : Le Journal du Dimanche a mis à l’honneur La Baule dans le classement des villes où il fait bon vivre. Quels sont les critères spécifiques de ce palmarès ? Franck Louvrier : C’est vrai, il y a beaucoup de classements, mais il y a deux critères importants. D’abord, le temps, et ce classement existe depuis plusieurs années. Ensuite, il y a les critères effectifs. Dans ce classement, il y en a 205 à partir des données de l’INSEE et d’autres organismes spécialisés. Ce sont des éléments qui concernent la sécurité, l’environnement, les finances et les impôts locaux. Cette année, La Baule a gagné 54 places, en 275e position, sur plus de 34 000 communes. La Baule a retrouvé son dynamisme pour une raison simple : de plus en plus de gens veulent vivre au pays des vacances. C’est devenu une ville balnéaire à l’année, avec une activité qui n’est pas uniquement liée à la saison estivale. La population augmente et l’État considère que nous sommes une ville de 80 000 habitants, alors que nous sommes réellement 18 000 à l’année. Mais cela fluctue, puisqu’il y a des gens qui vivent de plus en plus longtemps sur notre commune, parfois entre 6 et 8 mois. C’est cette dynamique qui est aussi saluée. Il y a de plus en plus d’animations tout au long de l’année Que répondez-vous à ceux qui estiment que La Baule est souvent triste au mois de novembre ou de janvier, avec très peu de monde… C’est vrai que nous sommes une ville qui est très liée à la météo et vous ne citez pas les mois les plus attractifs... En réalité, il y a de plus en plus d’animations tout au long de l’année. La municipalité a investi 600 000 € dans les animations commerciales l’an dernier, de Noël Magique aux nocturnes du marché l’été. Nous devrions avoir un mois de mai intéressant car il y aura beaucoup de ponts. La population augmente et il y a une demande légèrement différente en matière culturelle. La dynamique commerciale a beaucoup d’impératifs, puisque le mode de consommation des Français a changé. Malheureusement, les magasins physiques sont moins fréquentés, au profit des magasins virtuels, et il faut donc avoir une approche un peu différente. Notre objectif est de gagner en population, parce que c’est le nerf de la guerre. On finissait souvent la saison avec le Triathlon, qui a lieu en septembre. Aujourd’hui, on termine la saison avec le Marathon, qui a lieu au mois de novembre. Nous ne cherchons pas à avoir plus de monde l’été, mais nous voulons plus de monde l’hiver. C’est aussi la raison pour laquelle nous avons investi 1,5 million d’euros dans un nouvel espace événementiel au-dessus de la Galerie du Casino. En ce moment, nous travaillons sur le quartier du Casino Jusqu’à présent, on faisait souvent une corrélation entre l’accroissement de la population et le dynamisme des commerces physiques. Aujourd’hui, cette trajectoire ne se vérifie plus. Auparavant, avec mille habitants supplémentaires, on pouvait prédire et quantifier l’accroissement de chiffre d’affaires potentiel pour les commerçants. Désormais, notamment avec le développement d’Amazon, qui a beaucoup communiqué pour cibler la population de la presqu’île, cela ne se mesure plus réellement… C’est la réalité et il suffit de voir nos enfants, ils ne consomment pas de la même façon que nous ou nos parents. Maintenant, certaines personnes vont dans un magasin pour simplement voir un produit. Il y a des méthodes commerciales à travailler. Il y a quand même des chiffres positifs. Le nombre de commerces vacants à La Baule est inférieur à la moyenne nationale, puisqu’il est autour de 3 % contre 13 à 14%. Il y a donc une rotation permanente. Cela signifie qu’il n’y a pas de commerces abandonnés, comme on a pu les observer avenue Lajarrige qui a connu une période difficile. Aujourd’hui, elle est devenue une avenue très dynamique. En ce moment, nous travaillons sur le quartier du Casino. Nous allons aussi changer l’accès à ce quartier. On dit toujours que la voiture amène le business : on va donc y accéder plus facilement et, plutôt que de le faire contourner, les services de la voirie travaillent pour que les voitures passent davantage dans ce quartier. Doit-on aussi analyser la consommation à l’échelon de la presqu’île ? Notre bassin, c’est également le bassin industriel de Saint-Nazaire. Il y a des gens qui travaillent à Saint-Nazaire et qui habitent à La Baule. Il suffit de se lever tôt le matin pour voir toute cette circulation sur l’ensemble des axes de communication terrestres vers Saint-Nazaire et Nantes. Les gens recherchent aussi une forme de sécurité. Nous avons mis des moyens techniques et humains, et c’est un vrai plus produit. Les grandes villes n’apportent plus cette sérénité et cet apaisement. Une famille bauloise peut déjeuner à LB Mer ou La Bergerie à La Baule, puis aller acheter des vêtements masculins chez Leprêtre au Pouliguen, ensuite passer à Guérande chez Cadréa pour acquérir un tableau, et se retrouver le soir au Château des Tourelles… C’est donc un PIB global qui est à prendre en compte… Il serait intéressant de mesurer la richesse produite sur l’ensemble du territoire. Il faut aussi continuer d’offrir de nouveaux services. Chaque week-end, nous proposons une manifestation culturelle. Je remercie vraiment nos commerçants qui essayent d’avoir de nouvelles offres. Il y a des commerçants qui investissent pour, justement, essayer d’attirer une nouvelle clientèle. Propos recueillis par Yannick Urrien.
la baule+ Mars 2025 | 5 L’absence de document unique d’évaluation des risques professionnels peut coûter très cher aux entreprises ! Plus de la moitié des entreprises en France prennent à la légère cette réglementation Toute structure, peu importe la taille de l’entreprise, y compris un artisan ou un commerçant, doit obligatoirement avoir, dès l’embauche de son premier salarié, un DUERP (Document unique d’évaluation des risques professionnels). Or, plus de la moitié des entreprises en France prennent à la légère cette réglementation, alors que les conséquences peuvent être dramatiques. Mais à qui s’adresser ? Caroline Labbé lance DUER44, un cabinet de conseil qui accompagne les TPE et PME dans la rédaction ou la mise à jour de leurs documents des risques professionnels. Après plus de 20 ans d’expérience RH à l’aéroport d’Orly, cette habitante de Saint-André-des-Eaux, dià 1500 € pour une personne physique et 7500 € pour une personne morale, jusqu’à un an d’emprisonnement. Si le salarié a un accident de travail, et que le document unique n’est pas à jour, ou n’est pas disponible, alors les risques sont très importants pour l’entreprise. Par exemple, si un salarié subit un dommage physique suite à un accident de travail, l’employeur peut être lourdement condamné, jusqu’à prendre en charge l’adaptation du domicile de la personne. » plômée auditrice rédactrice DUER, propose aux entreprises de rédiger leur DUERP. Les risques sont très importants pour l’entreprise Chaque entreprise doit avoir ce document : « Ce document est obligatoire, il peut y avoir des contrôles inopinés de l’inspection du travail et, si vous ne l’avez pas, l’amende commence J’évalue les risques qu’il peut y avoir, mais également les risques psychosociaux Caroline Labbé précise : «C’est un document très difficile à élaborer, j’ai été formée pour cela, cela demande du temps. » Concrètement, lors de sa mission, elle intervient au sein de l’entreprise et analyse le métier de chaque salarié : « Je suis le salarié sur son poste de travail, j’évalue les risques qu’il peut y avoir, mais également les risques psychosociaux, les risques chimiques et la pénibilité. Par exemple, pour des personnes qui travaillent debout dans un atelier, l’employeur peut mettre en place des solutions pour que les salariés se sentent mieux dans leur travail, comme un tapis anti-fatigue, de manière à ce que la station debout soit moins pénible. » Chaque employeur a un devoir de santé et de sécurité vis-à-vis de ses salariés En effet, chaque employeur a un devoir de santé et de sécurité vis-à-vis de ses salariés. Il doit évaluer les risques professionnels, les consigner dans le document unique, et les rendre disponibles aux salariés. Actuellement, seulement 46 % des entreprises ont un document unique et, sur ces 46 %, seulement 35 % des salariés sont au courant de son existence. Caroline Labbé précise que « ce document unique est valable un an pour les entreprises de plus de 11 salariés et, pour les entreprises de moins de 11 salariés, il y a une tolérance puisqu’il doit être réécrit à chaque changement significatif, comme un déménagement, la mise en place d’une nouvelle machine, ou un accident de travail non recensé. Par exemple, si le salarié se blesse avec une machine qui n’a pas été identifiée, il faut refaire une mise à jour du document unique. » C’est la survie même de l’entreprise qui est en jeu Caroline estime que les risques sont considérables, puisque c’est la survie même de l’entreprise qui est en jeu, alors qu’il est si simple de faire appel à un professionnel qui, en quelques heures, peut permettre à l’entreprise d’être en conformité avec la loi. Contact : Caroline Labbé, Duer44, au 07 44 47 52 06. Courriel : contact@duer44.fr Site : www.duer44.fr Les clients du Marché de Pornichet vont pouvoir profiter un peu plus longtemps. Désormais, les stands resteront ouverts jusqu’à 13h les mercredis et samedis, offrant ainsi 30 minutes supplémentaires aux clients pour faire leurs emplettes. Et, comme chaque été, en juillet et août, le marché fermera ses portes à 13h30. Cette extension d’horaires répond aux attentes exprimées par les commerçants et les visiteurs. L’allongement du temps de marché a été pensé pour concilier activité commerciale et circulation en centre-ville. Ainsi, les opérations de nettoyage auront lieu après la fermeture, permettant la libération complète de la place à 16h, facilitant ainsi le stationnement. Le Marché de Pornichet prolonge ses horaires
la baule+ 6 | Mars 2025 Géopolitique ► Comprendre les dessous de la guerre en Ukraine Jacques Hogard : « Le vrai responsable de la guerre, ce n’est pas celui qui la déclenche, mais celui qui l’a préparée, voulue et provoquée. » Le nouveau discours officiel n’est plus le même que celui qui était tenu depuis le début de la guerre en Ukraine. Ce revirement est-il lié à l’élection de Donald Trump ? Emmanuel Macron a reconnu le 24 février dernier à la Maison Blanche que les problèmes existaient bien avant le déclenchement du conflit et il a rappelé que les accords de Minsk n’ont pas été respectés. Ces propos ont évidemment dérouté ceux qui n’ont pas eu le temps ou la volonté de creuser ce dossier. Nous avons demandé au colonel Jacques Hogard de revenir sur cette affaire. Jacques Hogard est un ancien parachutiste de la Légion étrangère. Il est aujourd’hui président de sociétés de conseil pour le développement à l’international. Jacques Hogard est officier de la Légion d’honneur, titulaire de la croix de guerre des TOE et de la croix de la valeur militaire. Notons qu’il a toujours baigné dans l’univers de la défense et de la géopolitique. Il est le fils du général Jacques Hogard, officier d’infanterie de marine, combattant de la Seconde Guerre mondiale et des guerres d’Indochine et d’Algérie, lui-même fils du général ÉmileLouis Hogard (1894-1990), officier de l’armée d’Afrique, proche collaborateur du maréchal Lyautey au Maroc et commandant les goumiers marocains (1944-45). Il est aussi le neveu du général Pierre de Bénouville, héros de la Résistance et Compagnon de la Libération. Son frère, le général d’armée Jean-François Hogard, a été directeur de la DRSD entre 2014 et 2018. « La guerre en Ukraine : regard critique sur les causes d’une tragédie » de Jacques Hogard est publié chez Hugo Doc. La Baule+ : Vous avez une culture historique, géopolitique et militaire, ce qui est aussi lié à votre environnement familial. Cela vous confère-t-il une approche différente dans l’analyse des conflits ? Jacques Hogard : J’ai baigné dedans. Mes grands-parents ont beaucoup compté pour moi. Je n’ai pas connu mon grand-père maternel qui avait fait la Première Guerre, mais j’ai connu mes autres grands-parents. Ils m’ont beaucoup parlé de 1418, des campagnes au Maroc, et mon père m’a souvent parlé de la Deuxième Guerre mondiale, de l’Indochine et de l’Algérie, toujours avec un regard géopolitique. J’ai toujours été assez prudent dans les approches que je pouvais avoir des conflits en cours. Ma première révélation, c’était le Rwanda, en 1994, et la deuxième c’était le Kosovo en 1999. C’est ce qui a fait que je me suis intéressé au dessous des cartes. On voit toujours monter les velléités de guerre Cette introduction était importante car elle permet de comprendre, lorsque l’on s’intéresse à ces conflits, qu’il s’agit très rarement d’un fou qui se réveillerait un matin en décidant d’attaquer son voisin sans raison. C’est un peu comme le surveillant dans une cour de récréation devant deux élèves qui se battent : il y a souvent un historique et il est très compliqué de dérouler cette pelote de laine… Vous avez raison. Frédéric II de Prusse avait dit que le vrai responsable de la guerre, ce n’est pas celui qui la déclenche, mais celui qui l’a préparée, voulue et provoquée. Cette formule est très importante, parce qu’elle éclaire pratiquement tous les conflits de manière fine et précise. Vous savez, on voit toujours monter les velléités de guerre. Lors de la Première Guerre mondiale, il y avait un certain nombre de tensions, comme l’assassinat de l’Archiduc à Sarajevo par Gavrilo Princip. C’est dramatique, parce que c’est une civilisation qui a commencé à s’autodétruire. Les vieilles nations européennes de culture chrétienne ont commencé à se livrer une guerre atroce, qui s’est étendue au monde entier, et c’est la première raison du déclin du continent européen. Pour la Deuxième Guerre mondiale, quand le traité de Versailles a été signé en 1919, le Maréchal Foch avait dit que c’était une trêve de vingt ans. Il avait raison. En 1939, la guerre a éclaté, mais on la voyait venir depuis 1934. À chaque fois, des signaux nous permettent de dire qu’il va y avoir une situation de conflit. On peut parler de l’Ukraine, on voyait venir cette guerre depuis la fin de l’Union soviétique. Aujourd’hui, il y a de nombreuses révélations à la faveur du changement d’administration aux États-Unis. Ce n’est pas fini, mais on voit bien que dès la chute de l’Union soviétique, la puissance américaine, inspirée par Brzezinski, voulait détacher l’Europe de la Russie pour affaiblir les deux camps. Maïdan était un putsch contre le gouvernement élu de l’Ukraine En 2004, il y a eu une révolution orange qui n’a pas vraiment réussi en Ukraine. On sait maintenant qu’elle a été financée par l’USAID, que vient de démanteler Elon Musk aux États-Unis. Dix ans plus tard, on sait
la baule+ Mars 2025 | 7 que Maïdan était un putsch contre le gouvernement élu de l’Ukraine. C’était un gouvernement qui n’était sans doute pas parfait, que l’on a renversé par la force, avec des tireurs d’élite qui ont tiré sans distinction dans la foule à Kiev. C’était une volonté de déstabiliser l’Ukraine de l’époque, qui était relativement pro-russe. Cette Ukraine voulait devenir un pont entre la Russie et l’Europe, et l’on sait maintenant, grâce à Victoria Nuland, sous-secrétaire d’État de Joe Biden, que cette affaire a coûté 5 milliards de dollars. Tout cela pour monter un putsch contre les autorités légitimes de l’Ukraine de l’époque. J’ai servi au Kosovo sous la bannière de l’OTAN et je peux dire qu’à partir de ce moment il y a eu une prise en main du pays par l’OTAN. La partie Est de l’Ukraine, c’est le berceau de la Russie Le seul but de tout cela, c’était de détacher l’Ukraine de la Russie. Or, la partie Est de l’Ukraine, c’est le berceau de la Russie, particulièrement Kiev. Les liens sont donc extrêmement forts entre l’Ukraine et la Russie. Pour les Américains, il était essentiel de briser tout cela. Nous n’avons pas vu le piège tendu par nos alliés américains. Il faut lire cet excellent livre d’Éric Branca, « L’ami américain », qui dit tout sur nos relations avec notre allié. Les ÉtatsUnis d’Amérique existent grâce au roi Louis XVI qui a aidé les insurgés à gagner leur indépendance contre la Grande-Bretagne. Les États-Unis nous l’ont bien rendu en 1917 et en 1942, en jouant un rôle important dans la victoire finale, mais il ne faut pas oublier tout ce que l’on doit à l’URSS. Pourtant, je n’étais pas un chaud partisan de l’URSS, qui m’apparaissait comme un gigantesque goulag... Mais c’est quand même la réalité. Le nombre de millions de morts consenti par l’Union soviétique est considérable. On oublie tout cela en refaisant l’histoire. Les Français sont des gens sensés, ils ont besoin de savoir ces choses, sans exagération et sans manipulation. Cela va bouger avec cette révolution incroyable aux États-Unis Permettez-moi de préciser que Louis XVI a permis cette libération sans contrepartie financière, alors que les Américains sont venus nous libérer du nazisme en nous présentant plus tard la facture, ce qui a provoqué l’exaspération du général de Gaulle… (Suite page 8)
la baule+ 8 | Mars 2025 Je suis d’accord. On peut remercier le général de Gaulle qui nous a débarrassés des projets de mise sous tutelle de la France par l’administration américaine, notamment le plan Marshall et l’OTAN. L’OTAN est une création face au danger de l’Union soviétique de l’époque, mais l’OTAN est restée le bras armé des intérêts américains. On voit maintenant l’OTAN sortir de sa zone d’Atlantique Nord pour aller jusqu’en Afghanistan ou en région Indo-Pacifique, ce qui est étonnant. Cela va bouger avec cette révolution incroyable qui est en train de se passer aux États-Unis. Tout ne sera pas parfait et profitable pour nous, Européens, mais cela va permettre de libérer un certain nombre de vérités qui étaient demeurées enfouies. François Hollande et Angéla Merkel ont reconnu publiquement que les accords de Minsk étaient une sorte de leurre Revenons au conflit qui nous occupe. Lors de la rencontre entre Emmanuel Macron et Donald Trump à la Maison Blanche le 24 février dernier, le président de la République a dit qu’il était temps de le résoudre, en rappelant que les accords de Minsk n’ont pas été respectés. N’est-ce pas une phrase très importante, qui contredit le discours général sur le fait que tout cela aurait été déclenché un beau matin sans raison ? Certes, la Russie est l’agresseur, le président Macron continue de le souligner, contrairement au président Trump, mais, pour la première fois, Emmanuel Macron est aussi revenu sur le fond de ce conflit… Emmanuel Macron progresse. C’est certain, évidemment, il le savait. Je rappelle que François Hollande et Angéla Merkel ont reconnu publiquement que les accords de Minsk étaient une sorte de leurre pour gagner du temps et permettre la montée en puissance de l’armée ukrainienne pour régler la question du Donbass. Il s’agit de cette partie Est de l’Ukraine où, pendant pratiquement une dizaine d’années, l’aviation ukrainienne a bombardé des Ukrainiens qui avaient le tort d’être russophones et orthodoxes. Monsieur Macron sait aussi très bien que tous les dirigeants russes, depuis Gorbatchev, ont cru à un moment donné l’ouverture possible à l’Ouest. Ils ont tous demandé leur rattachement à la maison commune, c’est-àdire l’Union européenne, et Vladimir Poutine a même demandé l’ouverture de l’OTAN à la Russie. Tout cela a été repoussé avec mépris. Finalement, après de nombreux épisodes, Poutine s’est dit qu’il n’avait rien à faire avec les Occidentaux qui ne veulent plus des Russes. Donc, il s’est occupé de protéger ses ressortissants russophones et orthodoxes de l’Est de l’Ukraine, qui était martyrisés et humiliés, tout en protégeant ses propres intérêts, car l’OTAN se rapprochait très près de ses frontières. Tout cela est parfaitement connu. J’ai beaucoup de famille dans l’armée française, à des postes de responsabilités élevées, et j’ai beaucoup d’informations qui ne datent pas d’hier. À l’Ouest, les politiques ont fermé les yeux, il fallait que les accords de Minsk échouent. Cela faisait déjà une semaine que l’artillerie ukrainienne montait en puissance en bombardant le Donbass Quand la guerre a démarré, le 24 février 2022, cela faisait déjà une semaine que l’artillerie ukrainienne montait en puissance en bombardant le Donbass. Tout cela se tient. Il y avait une volonté ancienne de déclarer la guerre à la Russie. Il faut aussi rappeler qu’en mars 2022, un mois après le début de la guerre, les accords d’Istanbul ont abouti à un projet de paix. Le patron de la délégation ukrainienne à Istanbul, un très proche collaborateur de Zelinski, est rentré très content à Kiev en disant que la paix était signée. C’est Boris Johnson, Premier ministre du Royaume-Uni, qui a torpillé cet accord de paix en se rendant spécialement à Kiev pour dire à Zelenski qu’il ne devait pas signer cet accord et que le RoyaumeUni et les États-Unis soutiendraient l’Ukraine jusqu’à la victoire finale. Cela ne me fait pas plaisir, parce que je suis Français et j’aime mon pays, mais je dois bien reconnaître que la responsabilité des Occidentaux est écrasante. On a aussi précipité la Russie dans les bras de la Chine et de ses alliés comme la Corée du Nord ou l’Iran Pourtant, pendant toute cette période, la Russie s’est rapprochée de gens peu fréquentables, notamment l’Iran et la Corée du Nord… Il faut bien avoir des alliés et c’est ce qui a fait émerger les BRICS, avec la Russie, la Chine, l’Iran, le Brésil et l’Afrique du Sud. Dans cette stratégie américaine visant à couper la Russie de l’Europe de l’Ouest, je constate que cette politique a permis de renvoyer la Russie dans ses buts, mais on a aussi Entretien exclusif avec le colonel Jacques Hogard : « Trump veut aussi réamarrer la Russie au clan occidental.» précipité la Russie dans les bras de la Chine et de ses alliés comme la Corée du Nord ou l’Iran. C’était parfaitement évitable, car Poutine ne demandait qu’une chose, intégrer l’Union européenne, voire l’OTAN. Et il a toujours été débouté avec mépris. Les Français doivent savoir cela. C’est écrit dans une multitude d’ouvrages, un certain nombre de gens savants le savent très bien et les politiques le savent, tout en faisant semblant de l’ignorer. Les grands médias sont amorphes face à ces questions et ils débitent un discours appris, mais faux. Trump veut aussi réamarrer la Russie au clan occidental. Les Chinois regardent cela avec inquiétude. Donald Trump vient de rappeler qu’il y a eu des élections en mars 2024 en Russie, mais qu’elles ont été annulées en Ukraine. À Moscou, ce qui est surprenant, en discutant avec des Russes, c’est de découvrir que certains commencent à penser que Poutine est trop mou… Donald Trump doit très bien savoir que le risque de durcissement de l’opinion publique russe n’est pas à écarter... Je connais bien la Russie, vous avez raison, vous touchez du doigt quelque chose de très important. Les gens ont l’impression d’un retournement d’alliance et que Trump devient l’ami de Poutine en ignorant l’Europe. Mais en faisant cela, il sait très bien ce qu’il fait. Son objectif est de faire la paix, en rétablissant tous les circuits commerciaux et industriels, mais il veut aussi réamarrer la Russie au clan occidental. Les Chinois regardent cela avec inquiétude. Cette alliance entre les Russes et les Chinois est plutôt étonnante, car ils n’ont jamais été amis dans l’histoire. Aujourd’hui, ils ont des intérêts communs exacerbés par la politique de Joe Biden, mais aussi de l’Union européenne. Je suis choqué par cette ignorance des opinions publiques Regardez l’entêtement de Madame von der Leyen visà-vis du problème ukrainien, dont je rappelle que c’est une fonctionnaire allemande non élue, qui s’arroge des responsabilités politiques qui ne sont pas les siennes. Elle veut donner 3,5 milliards à l’Ukraine. Pourquoi faire ? Il y a des centaines de milliers de morts et le pays est exsangue. Je suis choqué par cette ignorance des opinions publiques avec, à notre tête, des gens qui, soit manquent de culture générale, soit ont des intérêts plus particuliers qui mériteraient d’être mis sous la lumière. Il faut inciter les gens à faire du tourisme et ils reviennent généralement avec des idées un peu plus fines et différentes La culture générale naît souvent des voyages. Prenons l’exemple du Maroc, que les Français aiment et connaissent. Pourtant, il y a quarante ou cinquante ans, ils s’imaginaient que les Marocains vivaient sous des tentes, avec des dromadaires, dans un pays sous-développé, en ignorant que Casablanca était l’une des villes les plus modernes au monde entre les deux guerres. C’est en allant sur place qu’ils ont découvert la réalité. Pour revenir sur l’affaire de la Russie, ceux qui y ont voyagé ont une version différente de ceux qui n’y ont jamais mis les pieds. Finalement, ne faut-il pas encourager nos compatriotes à voyager davantage ? Vous avez raison, il faut encourager les gens à aller voir sur place. Je suis allé en Crimée en février 2020. La population est très accueillante et souriante, très heureuse d’avoir rejoint le giron russe, parce que tout le monde avait oublié, en Europe de l’Ouest, que la Crimée avait été donnée par Khrouchtchev à l’Ukraine en 1953, ce qui était une aberration historique, culturelle et politique. Des erreurs de ce type créent des instabilités profondes et des guerres quelques dizaines d’années plus tard. Il faut inciter les gens à faire du tourisme et ils reviennent généralement avec des idées un peu plus fines et différentes. Heureusement, les choses changent maintenant. Mais tout était écrit et documenté. Propos recueillis par Yannick Urrien.
la baule+ 10 | Mars 2025 Finances ► L’économiste livre quelques clefs pour nous permettre de prendre notre argent en main Matthias Baccino : « Les institutions financières historiques ont rempli la tête des gens de nombreuses erreurs. » Matthias Baccino, 39 ans, est économiste et directeur des marchés européens de la néobanque allemande Trade Republic. Diplômé de Sciences Po Aix et de l’ESSEC, il participe à des think tanks sur les questions politiques et économiques. Il réalise des chroniques et des tribunes dans la presse, et ses interviews sur les réseaux sociaux cumulent des millions de vues. « Prenez votre argent en main » de Matthias Baccino est publié aux éditions Michel Lafon. La Baule+ : D’abord, vous rappelez que la France est un pays particulier en raison du manque d’éducation financière de la population. Comme nous nous situons dans un contexte d’appauvrissement collectif, nous avons tendance à nous tourner vers de faux coupables, comme les patrons, les riches ou les milieux financiers… Matthias Baccino : Effectivement. On observe aussi cela dans d’autres pays européens, notamment en Espagne et en Italie. Les gens ont compris qu’ils ne peuvent plus faire l’autruche. Ils ont envie de savoir, parce que la génération Z a décidé que le fait de gaspiller son argent au quotidien dans de mauvaises pratiques était quelque chose de dépassé. Ils ont bien raison, parce qu’avec l’explosion de la dette de l’État et le vieillissement de la population, il est évident que le système de protection sociale va devoir évoluer en incluant une dimension d’action individuelle. Il ne s’agit pas d’accumuler des pièces comme Picsou, mais si l’on ne fait rien, les Français vont s’appauvrir et c’est inévitable. La protection sociale individuelle, c’est ce qui permet de sauver notre système collectif. La transition sera quand même longue, car de nombreuses personnes n’ont pas épargné puisqu’elles ont été imprégnées des discours de l’État sur leur retraite garantie… L’État a une responsabilité énorme. Mais c’est toujours pareil, c’est tout le monde et personne. Les réflexes que nous avons eus longtemps ne sont plus valables : par exemple, le fait de laisser dormir son argent sur un compte courant ou d’accepter de payer et de recevoir 2 % chaque année sur son épargne. Les institutions financières historiques ont rempli la tête des gens de nombreuses erreurs. Tout cela a été établi par le marketing des acteurs traditionnels qui ne sont là que pour engranger des frais. Notre position est très difficile pour les gens qui ont plus de quarante ans, car il est très difficile à quelqu’un qui a fait confiance à son banquier depuis vingt ans d’admettre que cela fait vingt ans qu’il se fait berner. Il y a un réflexe psychologique qui consiste à dire qu’il n’est pas possible d’accepter que l’on ait été dupé. Les frais de gestion, c’est n’importe quoi. Laisser son argent dans des comptes qui ne rapportent rien, avec 15 % d’inflation en quatre ans, c’est une énorme erreur. Le crédit à la consommation, avec des taux de 7 à 15 %, c’est très dangereux... Il y a beaucoup de choses à dire. Un Français sur deux n’arrive pas à finir son budget à la fin du mois, c’est normal, personne n’a reçu la moindre éducation financière. En plus, il y a autour de l’argent un tabou qui empêche d’en parler à ses proches. On peut avoir quelques vérités sur l’argent, mais si personne n’ose en parler, on n’avance pas. Je préconise la règle du 50/30/20 Il ne faudrait pas culpabiliser tous les Français. Prenez quelqu’un qui gagne 1600 € par mois : entre le loyer, les frais divers et les courses, on ne va pas lui dire qu’il va devoir mettre 20 % de son argent en épargne… Oui, c’est particulièrement difficile pour les petits salaires dans les grandes villes. Le problème, c’est lorsque l’on a un faible revenu et que l’on habite dans un endroit où la vie coûte cher. Je préconise la règle du 50/30/20: 50 % de ce que l’on gagne doit être consacré aux dépenses obligatoires, 30 % aux dépenses facultatives et 20 % à l’épargne. Cette règle de budget doit être mise en œuvre dès son premier salaire, car cela permet de s’organiser en conséquence. Il faut aussi, et c’est indispensable, ne pas tenir son budget seul. Souvent, lorsque l’on est seul, on est guidé par ses émotions. Tout le monde peut épargner aujourd’hui et notre responsabilité individuelle est de se former. Bien entendu, quand on rembourse un crédit immobilier chaque mois, cela doit être intégré dans son effort d’épargne… Oui, c’est plutôt une bonne épargne, à condition de ne pas avoir un taux trop élevé sur son crédit immobilier. D’ailleurs, il faut toujours essayer de renégocier lorsque les taux baissent. Avoir un crédit à 4 % sur 25 ans, cela correspond à payer une fois et demie sa maison. La valeur de la maison se retrouve augmentée de 50 % ! Il faut être conscient de la réalité de l’argent et cela peut changer la vie. Vous soulignez que certaines personnes éprouvent encore de la confiance à l’égard de leur banquier et que cela doit changer… C’est en train de changer. Les gens s’aperçoivent que les banquiers eux-mêmes sont les plus malheureux, parce qu’ils ne peuvent
la baule+ Mars 2025 | 11 pas vraiment conseiller, puisqu’ils sont obligés de vendre les produits qu’ils ont sur l’étagère. Ils sont obligés de vendre des produits en sachant très bien que ce ne sont pas forcément les meilleurs. J’observe que beaucoup de gens se forment sur Internet et vont ensuite challenger leur banquier. Quand vous vous intéressez à ce sujet, vous ne revenez plus en arrière. Quand on devient riche, c’est que l’on a déjà au moins trois sources de revenus Vous incitez les gens à cumuler plusieurs emplois afin d’avoir des compléments de revenus… Quand on devient riche, c’est que l’on a déjà au moins trois sources de revenus. La diversification est essentielle. De plus en plus de gens diversifient leurs sources de revenus en ayant une activité complémentaire. C’est quelque chose qui est en train d’exploser, car il y a de nombreuses manières de gagner davantage d’argent sans modifier son mode de vie. Cela permet aussi de libérer plein d’énergie. Il y a une vingtaine d’années, il y avait chez les jeunes majeurs cette idée reçue sur le fait que l’on ne gagne pas d’argent en travaillant, avec une forme de mépris pour la valeur travail. C’était la mode des start-up par exemple. Aujourd’hui, cette génération semble retrouver foi dans la valeur travail… Le rapport aux risques est en train de changer. On est prêt à prendre des risques, car on veut obtenir quelque chose. Plus on a besoin d’obtenir quelque chose, plus on est prêt à prendre des risques. Les moins de quarante ans sont conscients qu’ils n’auront pas une retraite aussi confortable que celle de leurs aînés s’ils ne font rien. Ils sont aussi conscients que le pouvoir d’achat va stagner en Europe. Cette génération a besoin de faire travailler son argent, ce qui n’était pas le cas quand on sortait des Trente glorieuses. Le pouvoir d’achat est en berne et les retraites vont baisser massivement. C’est une évidence. Donc, il faut s’organiser. Quand on cherche des solutions pour son argent, on est prêt à prendre davantage de risques. Aujourd’hui, le principal risque, c’est de ne rien faire. Les retraités heureux sont généralement ceux qui ont vécu les Trente glorieuses et qui ont une retraite assurée. Les moins de quarante ans d’aujourd’hui seront probablement des retraités heureux, parce qu’ils auront compris la nécessité de s’organiser et d’anticiper. À l’inverse, peut-on penser que ceux qui ont entre quarante-cinq et soixante-cinq ans seront les sacrifiés, car ils n’ont pas eu le temps de se prendre en main alors qu’ils vont devoir subir la vague de l’effondrement du système ? L’État est perdu, la direction politique est très faible, donc il est tentant de tomber dans le complotisme et l’anarchisme, comme le font les libertariens. Mais ce n’est pas ma réponse. Nous sortons d’une période où l’État-providence s’occupait de tout en Europe. Nous entrons dans une période où chacun va devoir compléter les solidarités collectives, pour les sauver, mais aussi pour assurer la transition financière. Si l’on réussit à réparer tout cela, le système tournera mieux. Le capitalisme est une merveilleuse machine à réduire les pauvretés et maintenant il faut répartir toute cette richesse. Donc, chacun doit aller chercher sa part du progrès économique. Il faut donner aux gens les armes intellectuelles et émotionnelles pour se prendre en main et c’est ensuite à chacun d’être libre. On ne peut plus se permettre de fermer les yeux. Propos recueillis par Yannick Urrien.
la baule+ 12 | Mars 2025 Entretien ► Le maire de Pornichet fait le point sur son action Jean-Claude Pelleteur : « Nos députés ne pensent qu’à leur réélection, pas à l’intérêt général. » La Baule+ : La désertification médicale constitue un sujet de préoccupation important chez nos compatriotes. Il n’y a pas que les villages ruraux qui sont concernés, mais aussi les villes moyennes. À Pornichet, vous venez d’annoncer la création d’une nouvelle maison médicale et vous avez des candidats… Jean-Claude Pelleteur: D’abord, si j’écoute l’ARS, nous n’avons pas besoin de médecins à Pornichet, parce qu’il y en aurait suffisamment... Mais c’est faux ! Nous avons des médecins qui ont un nombre important de patients et qui partent à la retraite. Dès aujourd’hui, il y a des Pornichétins qui n’arrivent pas à trouver un médecin. Nous avions anticipé les choses depuis plus d’un an, en travaillant avec nos médecins, pour mettre en place une maison médicale avec la possibilité d’avoir des services mutualisés et des infirmiers qui pourront faire des soins à la place des médecins. Il fallait agir. Nous lançons des appels dans toute la France pour accueillir des médecins généralistes L’ARS vous dit que vous n’avez pas besoin de médecins. Ne prend-elle pas en compte l’évolution démographique ? La courbe des âges de la population ? C’est bien ce que je leur reproche. Ils se basent sur des statistiques de deux ou trois ans, mais pas sur le futur. Nous avons des jeunes, mais aussi pas mal de personnes âgées, avec des dossiers médicaux importants. Cela nécessite beaucoup de temps passé et ce n’est pas dans les statistiques. Cependant, c’est le vécu quotidien de nos médecins. Aujourd’hui, nous lançons des appels dans toute la France pour accueillir des médecins généralistes. Donc, si des médecins généralistes sont attirés par notre projet, nous les accueillerons avec plaisir. C’est tellement la surenchère qu’une commune a même offert une place de port pour attirer un médecin... Nous n’irons pas jusque-là ! Dans votre actualité, il y a aussi la résidence intergénérationnelle. Estce une manière de sortir de la caricature avec, d’un côté, la maison de retraite et, de l’autre, le foyer de jeunes travailleurs ? C’est ce qui m’emballe dans ce projet. Nous savons qu’il y a des Pornichétins qui ont des petites retraites et qui ne veulent plus, ou qui ne peuvent plus, entretenir leur maison. Nous offrons aussi à des jeunes travailleurs, pas seulement des saisonniers, la possibilité de résider à un même endroit, avec des locaux communs, de façon à participer à des activités communes. Il y a des jeunes qui viennent travailler dans notre région et qui n’ont pas forcément leur famille chez nous. Donc, ils pourront se retrouver avec des personnes âgées qui leur rappelleront leurs parents ou leurs grands-parents. Inversement, il y a des personnes âgées qui auront plaisir à s’amuser avec des jeunes générations. C’est vraiment un concept intéressant. La question du logement reste cruciale et vous avez récemment annoncé votre volonté d’avancer rapidement sur la question du Bail réel solidaire… Nous avons 50 projets déjà signés. C’est la seule méthode que nous ayons trouvée pour que des jeunes puissent s’installer et devenir propriétaires, tant le foncier est contraint chez nous. Même des couples de cadres, sans apport personnel, ont d’énormes difficultés à boucler un budget pour faire construire à Pornichet. Avec le Bail réel solidaire, certes le terrain ne leur appartient pas, mais en tout cas ils n’ont pas à le payer. Cela permet donc à des jeunes couples, dans les premières années de leur vie commune, de s’installer, puis de rebondir après s’il y a meilleure fortune. Commercialement, cela fonctionne très bien. Est-il prévu par la loi qu’après un certain nombre d’années de détention, les propriétaires de la maison puissent aussi racheter le terrain ? Est-ce envisageable ? À ce stade, ce n’est pas prévu par la loi. Mais les lois peuvent changer. Nous sommes habitués aux mauvaises surprises venant de l’État Pour le budget des communes, l’heure est aux économies. Mais vous aviez anticipé cela dès l’an dernier… Oui. Nous sommes habitués aux mauvaises surprises venant de l’État. Dans la période actuelle, nous nous doutions que nous allions devoir mettre la main au pot. C’est dommage. Je vois que mes collègues, dans toutes les communes, font de nombreux efforts. Pendant ce temps, l’État n’arrive pas à diminuer ses coûts de fonctionnement. C’est assez invraisemblable. Il y a un vrai sujet en France. Je ne fais pas de politique politicienne, cela ne m’intéresse pas, mais on ne sait pas où va l’argent qui est versé par tous les contribuables. Il y a un gros travail à faire sur le sujet. Des économies de structure peuvent être largement faites au niveau de l’État On sait qu’une grande partie ne sert qu’à rembourser les intérêts de notre dette…
la baule+ Mars 2025 | 13 Oui, mais les gouvernements successifs, depuis des dizaines d’années, n’ont pas fait les efforts nécessaires. Le millefeuille administratif existe toujours. Je suis connu pour être un peu trop vertical et je pense que des économies de structure peuvent être largement faites au niveau de l’État. C’est une évidence. Faut-il encore avoir des politiques qui pensent à l’intérêt général, plutôt qu’à leur réélection. Peu importent les élections, nos députés ne pensent qu’à leur réélection, pas à l’intérêt général. N’avez-vous jamais été tenté de porter cette parole au niveau national ? On m’a proposé d’être à la députation en 2015 et j’ai refusé. Mais en cas de dissolution dans les mois qui viennent ? Il en est hors de question, parce que je suis trop vieux… Il est nécessaire de revenir à cette notion de députémaire Ce n’est pas à vous d’en juger, mais aux électeurs… Non, je laisse cela aux autres. J’étais un chaud partisan du non-cumul des mandats, car c’était un véritable scandale en France. Certains avaient trois portefeuilles et plus, donc j’étais d’accord pour le non-cumul des mandats. Maintenant, j’observe qu’il est nécessaire de revenir à cette notion de député-maire. Il faut revenir sur ce cumul. Je ne parle pas pour moi, mais un député qui passe trois jours à Paris et qui revient le week-end dans sa commune peut réellement voir et comprendre la réalité du terrain. Ce sont les maires qui sont au contact permanent de la population. Le député qui n’a pas de mandat communal ne sait pas de quoi il parle. N’est-ce pas aussi une question d’hommes ou de femmes, car on peut avoir un seul mandat et être totalement incompétent, ou être un cumulard qui accomplit des miracles ? En vous écoutant, je pense à René Monory, un gros cumulard, ce qui ne l’a pas empêché d’être un homme exceptionnel et de faire plein de choses… Il faisait plutôt partie des exceptionnels. C’étaient des gens qui savaient s’organiser et c’était aussi peut-être un autre monde. C’était une autre période de la vie. Il y aura une notion de largeur qui n’existe pas ailleurs Enfin, sur le front de mer, vous avez récemment déclaré que les gens seraient surpris par le dernier morceau du front de mer. Que préparez-vous ? Exact. Je me rends bien compte, en voyant l’évolution des travaux, qu’en arrivant sur la dernière partie, sur la place du marché, du côté du square Hervo, il y aura une notion de largeur qui n’existe pas ailleurs. C’est le même principe que sur l’ensemble du boulevard, mais la partie piétonnière du square Hervo est déjà faite, ce qui nous laisse une étendue plus importante pour végétaliser et avoir une largeur plus large de pistes cyclables. Je suis persuadé que cela va surprendre les gens. C’est difficile à voir sur les plans, mais physiquement cela va vraiment se voir. Tout sera prêt début juin. Propos recueillis par Yannick Urrien. ARTISANS, COMMERÇANTS : POURQUOI COMMUNIQUER ? Entreprendre est un défi, alors pourquoi rester dans l’ombre ? Communiquer, c’est exister et toucher un large public. Un média local vous assure une visibilité ciblée dans votre bassin de vie, bien au-delà des cercles restreints des réseaux. Presse et radio renforcent votre notoriété auprès de vos clients… et surtout, vous font connaître de ceux qui ne vous connaissent pas encore ! Contactez Fabienne au 06 08 80 39 55 ou fabienne@labauleplus.com pour découvrir les différentes offres. la baule+
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