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Marc Sanchez, secrétaire général du SDI : « Il y a beaucoup d’artisans, de commerçants et de patrons de TPE qui jettent l’éponge. »

La situation des petites entreprises n’a jamais été aussi dégradée.

L’invité de Yannick Urrien: mardi 17 mai 2022

La dernière enquête du SDI (Syndicat des Indépendants et des TPE) signale que la situation des petites entreprises n’a jamais été aussi dégradée. Compte tenu de la guerre en Ukraine, la Commission européenne indique avoir augmenté de 3,5 points sa prévision d’inflation, passée à 6,1 % pour l’année 2022. Le pouvoir d’achat des Français est directement impacté par cette situation. Depuis le mois de février, la hausse des prix est spectaculaire sur certains produits, comme les céréales (+ 69 % en un an selon l’INSEE). De leur côté, les commerçants, artisans, TPE et PME, sont contraints de répercuter le coût exponentiel des matières premières sur leur production, en prenant ainsi le risque de voir se dissoudre une partie de leur clientèle. Marc Sanchez, secrétaire général du Syndicat des Indépendants et des TPE, souligne : « L’inflation risque d’être encore plus élevée après l’été. Le retour des touristes dans les grandes villes et le beau temps permettent au secteur de l’hôtellerie-restauration de souffler un peu, mais on continue sciemment d’ignorer les réalités des autres secteurs. C’est toute l’économie française qui en pâtit. Pourtant les dirigeants d’entreprises sont des entrepreneurs positifs, mobilisés, sérieux, ils paient ce qu’ils doivent malgré des trésoreries quasi vides. 45 % d’entre eux estiment qu’ils ne seront pas en mesure d’assumer le paiement de leurs charges (au sens large) en 2022 en cas de persistance d’un environnement économique aussi dégradé. 28 % des personnes interrogées font état de problèmes de trésorerie importants ou critiques, lorsque 33 % avouent rencontrer des problèmes encore limités, mais ont du mal se projeter. »

Extraits de l’entretien

Les observateurs indiquent qu’il y a peu de redressements ou de liquidations, mais on sait que les petites entreprises sont dans des situations difficiles et que les trésoreries sont au plus bas. Est-ce le calme avant la tempête ?

Marc Sanchez : C’est effectivement une belle description, qui résume assez bien la situation. On a beaucoup d’entreprises qui commencent à se remettre de la sortie de la dernière vague du Covid qui, maintenant, accusent le coup avec les deux périodes de hausse des matières premières, notamment depuis la guerre en Ukraine, et il y a les remboursements du PGE qui commencent à tomber. Pourtant, dans de nombreux secteurs d’activité, les chiffres d’affaires n’ont pas été au rendez-vous, pour des raisons différentes, notamment la guerre en Ukraine, mais aussi le changement de comportement des consommateurs, avec l’impact du télétravail pour les métiers de bouche. L’inflation a aussi beaucoup changé les comportements, avec un climat d’inquiétude que l’on ressent chez les consommateurs. Cela concerne de nombreux secteurs, notamment les TPE.

Dans votre dernière enquête, vous soulignez que beaucoup de petites entreprises ont des trésoreries quasiment vides…

C’est cela. Nous avons fait une enquête récemment sur la situation des petites entreprises, notamment au regard de leurs charges fiscales et sociales, et une grande majorité d’entre elles sont très inquiètes par rapport aux perspectives d’apurement, notamment de la dette accumulée, mais aussi de celle qui va se constituer au cours de l’exercice 2022. Le manque de perspectives et de rebond les amène dans un état d’inquiétude qui ne ressort pas dans les chiffres et les statistiques de la Banque de France. Mais, s’il n’y a pas beaucoup de défaillances, il y a beaucoup de cessations d’activités et les chiffres sont assez catastrophiques puisque nous sommes quand même à plus de 30 % de cessations volontaires entre le premier semestre 2021 et le premier semestre 2022. Ce sont des chefs d’entreprise qui, plutôt que d’engager une procédure collective, préfèrent arrêter avant que la situation ne s’aggrave, notamment sur leur patrimoine personnel. Ces entreprises ne sont pas comptabilisées dans les statistiques de la Banque de France, notamment sur le nombre de faillites et c’est un peu l’arbre qui cache la forêt. Effectivement, il y a peu de procédures collectives, même si la courbe augmente légèrement, mais il y a beaucoup d’artisans, de commerçants et de patrons de TPE qui jettent l’éponge.

Écrit par Rédaction

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