Matthias Tavel, député LFI de la 8e circonscription de Loire-Atlantique, était l’invité de Yannick Urrien sur Kernews. En préambule, il a voulu aborder la loi sur l’immigration, car « c’est un moment très dangereux et de bascule pour le pays, comme pour chacun d’entre nous, puisque, pour la première fois, un texte concernant la question de l’immigration est adopté avec, non seulement les voix, mais aussi les idées du Rassemblement national, et ce sera une régression pour tout le monde, les étrangers comme les Français. Quand on commence à s’attaquer à l’accès aux soins et au remboursement des soins pour les étrangers, on s’attaque aussi au remboursement des soins pour les Français. Quand on met en cause l’accès aux allocations logement, quand on fragilise la situation des enfants, on sait très bien que derrière les mêmes choses viendront frapper demain les Français qui sont en difficultés. »
Il faut aller vers un progrès partagé, car cela bénéficierait à tout le monde
Il ajoute : « sur le bassin de Saint-Nazaire, il y a énormément de travailleurs étrangers qui viennent pour travailler, ils sont les bienvenus, parce que nous avons besoin de leurs compétences, mais nous défendons le fait qu’ils doivent travailler sur un contrat de droit français pour être traités à égalité avec les travailleurs français, comme cela il n’y aura pas de concurrence déloyale, de dumping, les actionnaires ne pourront pas mettre en concurrence les salariés entre les uns et les autres. Avec ce texte, nous allons maintenir des ressortissants étrangers dans la précarité, dans la vulnérabilité, nous allons peu régulariser les personnes qui travaillent, alors qu’elles sont sans-papiers, donc on va permettre à des patrons voyous, je ne généralise pas à tous les patrons, qui exploitent des travailleurs étrangers, avec le statut de travailleurs détachés, ou en recourant à des sans-papiers, ce qui va tirer vers le bas l’ensemble des conditions de travail et de salaire pour tous les travailleurs. Il faut aller vers un progrès partagé, car cela bénéficierait à tout le monde. » Concrètement, « il faut viser les mécanismes qui permettent cette exploitation et cette mise en concurrence des travailleurs entre, donc il faut appliquer à tout le monde le statut du droit du travail français et il faut régulariser les travailleurs sans-papiers pour leur permettre de faire valoir leurs droits à égalité de dignité avec l’ensemble des travailleurs. »
Un libéralisme européen débridé, avec la nécessité de s’interroger sur l’Europe
Le député Matthias Tavel dénonce un libéralisme européen débridé, avec la nécessité de s’interroger sur l’Europe : « Ma première campagne politique, c’était pour voter Non en 2005 ! Je suis convaincu que les règles actuelles de l’Union européenne ne nous permettent pas d’affronter les questions qui sont devant nous, on l’a vu pendant la crise sanitaire, on pousse à réduire les services publics, on pousse à aller toujours vers le moins-disant social, on se rend dépendants à des productions qui viennent de l’autre bout du monde. Il faut que cette question de la relocalisation industrielle, et du protectionnisme des activités stratégiques, soit menée. Il faut donc une rupture avec les règles européennes actuelles. » Il explique que « la députée européenne Leïla Chaibi a obtenu une victoire pour que les travailleurs qui sont embauchés sous le statut d’autoentrepreneur, notamment dans les plates-formes de livraison, comme Uber, puissent demain faire reconnaître leur réalité, à savoir bénéficier d’un contrat de travail de salarié, avec les droits qui s’y attachent. C’est une victoire qu’une députée européenne Insoumise est en train d’obtenir et le gouvernement de Monsieur Macron veut faire capoter cela. »
Il faut plus de médecins et réguler leur installation
Matthias Tavel évoque également les questions de santé : « La santé est une question extrêmement politique, il faut plus de médecins et réguler leur installation, ce que les Macronistes et Madame Le Pen ont refusé à l’Assemblée nationale. Il faut aussi plus de médicaments, quand vous recherchez du Doliprane ou de l’amoxicilline, vous avez du mal à en trouver et il faut que la France reconstruise une industrie nationale du médicament. »
En conclusion, il lance un message aux auditeurs : « Il faut faire l’effort de rester soi-même, d’avoir le courage de ses convictions, de tenir bon, même si ce que l’on fait peut parfois percuter d’autres personnes. Il faut faire cela dans le respect évidemment, mais il n’y a pas de République sans Républicains, il n’y a pas de démocratie sans démocrates, donc engagez-vous, battez-vous pour vos idées, exprimez-vous à l’occasion des élections européennes, mais surtout soyez conscients, acteurs, ne vous laissez pas guider par le bout du nez comme trop souvent certains éditorialistes, ou le président de la République, aimeraient le faire. »