L’invité de Yannick Urrien du mardi 6 septembre 2022
Modeste Schwartz est linguiste, traducteur et auteur. Ancien élève de l’École Normale Supérieure, il a passé plusieurs années en Roumanie et en Hongrie. Il vit aujourd’hui en Italie. Il est l’auteur du « Magicien de Davos », un livre qui fait évidemment référence à Klaus Schwab, fondateur du Forum de Davos, qui avait déjà tout écrit sur le confinement, le passe sanitaire, et même sur la nécessité de faire peur aux populations à travers la crise climatique… Modeste Schwartz avait analysé le livre de Klaus Schwab en soulignant :« Ses prédictions sont en réalité des ordres, ce qui donnerait au concept de prophétie autoréalisatrice un sens finalement très proche de celui de conspiration ».
Dans son dernier ouvrage, Modeste Schwartz revient sur la crise de la Covid en estimant qu’il ne s’est pratiquement rien passé sur le plan sanitaire mais que, sur le plan politique, nous sommes à la fin d’un monde, celui de la rationalité de l’Occident, donc de l’Occident.
« Kovid. 1204 – 2020 » de Modeste Schwartz est publié aux Éditions Culture & Racines.
Extraits de l’entretien
Kernews : Après votre livre sur Klaus Schwab, vous étudiez l’évolution de notre civilisation depuis la crise sanitaire. Pourquoi cette orthographe de « Kovid » avec un K ?
Modeste Schwartz : Je bouge beaucoup. J’ai passé peu de temps en France, pour des raisons compréhensibles, et je continue de changer de pays assez souvent, ce qui me permet d’avoir ma liberté de parole, peut-être même ma liberté tout court… Surtout quand je vois que mon collègue Éric Verhaeghe a été mis en garde à vue. Je m’attends depuis assez longtemps à un tour de vis du pouvoir sur les rares opposants qui osent appeler les choses par leur nom. Kovid est effectivement le troisième volet d’une trilogie. Le premier livre, « Yin », avait été écrit avant la crise covidienne et il était sorti avant le premier confinement. Le second livre, « Le magicien de Davos », était surtout un commentaire du texte de Klaus Schwab, organisateur du Forum de Davos. Et, aujourd’hui, le troisième tome s’appelle « Kovid ». C’est évidemment le nom de cette fameuse pandémie invisible dans les chiffres démographiques. Les mauvaises langues diraient que c’était plutôt une opération psychologique… J’ai adopté cette orthographe spéciale parce que, sur un certain nombre de plates-formes Internet, il faut très adroitement slalomer pour éviter la censure de l’intelligence artificielle. Par exemple, certains utilisent des synonymes, comme résinage, pour désigner certaines opérations d’injection. Au début, c’était un artifice graphique pour éviter d’aligner les caractères du mot Covid. Maintenant, j’ai une compréhension culturelle et philosophique du phénomène, je m’aperçois que cette crise Covid était quelque chose de plus profond et j’ai lancé cette réflexion philosophique sur l’Occident, sur toute sa durée de vie, puisque nous atteignons la fin. C’est l’histoire d’un phénomène qui ne s’arrête pas à la crise sanitaire. C’est l’idéologie du risque zéro que notre président, Emmanuel Macron, a parfaitement résumé par cette formule qui est le véritable mot d’ordre du covidisme : « Quoi qu’il en coûte. » Quand on dit cela, on dit que l’on a renoncé à la rationalité. En ce moment, c’est aussi la devise qui guide les élites occidentales dans ce qu’elles présentent être une guerre contre la Russie, alors que la Russie ne semble toujours pas très concernée : ils n’ont toujours pas fait de mobilisation générale, ils continuent de livrer de l’uranium à la France et, de toute évidence, c’est censé s’arrêter dans quelques mois. C’est une guerre dans les médias occidentaux, alors que dans le reste du monde c’est un petit conflit local. Cela fournit le prétexte à une politique de sanctions qui, comme par hasard, comme pour la crise dite du Covid, finit par réaliser les objectifs du fameux Green deal. Souvenez-vous, Ursula von der Leyen, créature de Klaus Schwab – comme Macron et tant d’autres, y compris Viktor Orban et Vladimir Poutine – était venue devant le Parlement européen avec son projet de Green deal. Elle s’était vu opposer une fin de non-recevoir, parce que personne n’était assez fou pour signer ce genre de truc. Finalement, une grande partie du paquet est déjà passée sous le nom de plan de relance post-Covid, il n’y a pas eu d’opposition déclarée à ce plan, et, comme pour enfoncer le clou, le même plan est mis en œuvre sous l’alibi de l’écologie. Mais cela va au-delà. Il y a une expression qui revient de façon obsessionnelle dans les textes de Klaus Schwab : « D’après l’opinion d’une majorité d’experts ». En l’occurrence, il s’agit d’un quorum d’une majorité d’experts.
Il ne faut pas oublier la division B, avec Salvini, Le Pen ou Orban…
Qui sont ces gens-là ?
En réalité, c’est un quorum défini par le Forum de Davos : donc, c’est l’avis de Klaus Schwab qui se cache derrière tout un tas de gens qu’il a financés, puisque Davos est une plate-forme de cooptation de politiciens de premier plan, mais aussi de scientifiques. Ces gens maîtrisent le récit scientifique qui guide les politiques occidentales et c’est une boucle. Les gouvernants de premier plan sont cooptés par Davos, Ursula von der Leyen, Mario Draghi, Emmanuel Macron, mais il ne faut pas oublier la division B, avec Salvini, Le Pen ou Orban…
Pourtant, pour l’opinion publique, ces derniers sont des opposants à cette réinitialisation de l’économie…
C’est la division B. Certains ont des propagandistes assez influents dans les milieux dissidents qui s’acharnent à vous expliquer que ces gens-là sont des opposants. Tout cela repose sur du vent et je vous mets au défi de trouver une déclaration explicite contre cet agenda de Davos.
Peut-être ne sont-ils pas au courant de cet agenda de Davos …
A ce niveau-là, j’aurais beaucoup de mal à imaginer qu’ils ne soient pas au courant ! À la différence des membres de la famille Le Pen, qui n’a jamais eu le pouvoir, aussi bien Viktor Orban que Vladimir Poutine ont été formés par Klaus Schwab. Je vais me heurter à des objections assez spécieuses, selon moi, mais il ne faut pas oublier que Viktor Orban faisait partie à Davos de la même promotion qu’Angela Merkel.
On peut assister aux travaux de Davos, compte tenu de leur importance mondiale, sans pour autant ressortir en signant le bon de commande…
Sauf que ce n’est pas vrai ! Il y a une très longue liste de chefs d’État qui n’ont jamais été Young Global Leaders de Davos, comme Viktor Orban. C’est aussi le cas de Vladimir Poutine parce que, quand son nom a commencé à être connu dans la politique russe, il avait dépassé la limite d’âge pour participer à ce programme. En revanche, les liens de Vladimir Poutine avec Klaus Schwab datent d’avant sa percée dans la politique locale russe. Avant de devenir un apparatchik assez en vue de l’équipe municipale au pouvoir à Saint-Pétersbourg, il avait des liens très étroits avec Klaus Schwab. Il rappelle même cela dans l’introduction de son discours au dernier Forum de Davos.
Peut-on prendre en compte l’hypothèse qu’il aurait fait partie de la bande à un certain moment, puis qu’il se serait finalement fâché avec eux ?
Cette hypothèse est véhiculée par de nombreux cercles de la dissidence française qui perpétuent cette vieille tradition russophile des nationalistes français. Mais c’est faux. À partir du déclenchement de ce que l’on appelle l’opération spéciale en Russie – donc la guerre contre l’Ukraine car, vu de Russie, cela ressemble plutôt à une opération de police puisqu’il n’y a pas eu de mobilisation générale et seulement un cinquième de l’armée russe est impliqué – les liens économiques avec l’Occident n’ont pas été rompus unilatéralement par la partie russe. On aurait pu s’attendre à ce qu’à partir du déclenchement de cette opération, le programme de biosécurité disparaisse ou soit considérablement ralenti. Mais il s’est passé exactement le contraire. L’agenda de biosécurité a été très bien détaillé par un journaliste qui est un transfuge de Russia Today. C’est un dissident qui a compris que Russia Today l’empêcherait de faire un travail honnête sur la version russe du Great Reset et il documente de façon minutieuse tout cela. Il n’y a pas que la biosécurité : il y a aussi la numérisation accélérée de la société qui est le présage à l’élimination de l’argent liquide et aussi la disparition de la propriété privée, à part celle des milliardaires. Tout cela est un programme que l’élite de Davos ne cache d’ailleurs pas…
Avec cette idée que tout le monde sera plus heureux lorsque la propriété privée aura disparu…
C’est l’économie de la location permanente. On appelle cela l’économie carbone… Malheureusement, c’est l’économie de l’espèce humaine, qui a cette mauvaise manie de boire et de manger, de se reproduire et de se mettre à l’abri des intempéries en construisant des logements… Tout cela consomme du carbone. Il y aurait beaucoup à dire sur cette diabolisation du carbone…
N’est-ce pas aussi le prétexte pour nous imposer un passe écologique ?
Cela va beaucoup plus loin puisque, derrière, vous aurez la reconnaissance faciale et le crédit social. Klaus Schwab ne se cache absolument pas de son projet de société bolchevique, puisqu’il se laisse filmer dans son bureau de président à vie du Forum de Davos devant une bibliothèque où l’on reconnaît très facilement un buste de Lénine, le chef du bolchevisme russe qui a aboli la propriété privée. Le programme est quand même d’une extrême clarté. Certains aimeraient se bercer de l’illusion que la Russie actuelle a changé.
Il y a une très longue liste de leaders mondiaux qui ont été éliminés, y compris physiquement, par les forces de l’empire
Face à cela, qui sont les opposants ? Est-ce le peuple ?
Parlons des dirigeants qui sont dans la catégorie universelle, puisqu’ils sont dans la vie publique et leur action est exposée aux yeux de tous. On dit souvent que tous les hommes politiques prometteurs doivent aller au Forum de Davos pour entrer dans le jeu. Face à cela, certains disent que les jeunes politiques doivent y aller pour faire de l’entrisme. Mais il y a une très longue liste de leaders mondiaux qui ont été éliminés, y compris physiquement, par les forces de l’empire, parce qu’ils n’ont jamais fait partie de ces programmes. Saddam Hussein n’était pas un homme de Davos, pas plus que Kadhafi ou la famille Assad. Mais je voudrais surtout citer Alexandre Loukachenko, qui est l’un des seuls dirigeants européens à n’avoir pas suivi le programme covidiste. Et il l’a même dénoncé. Il est allé beaucoup plus loin que les Suédois, qui ont adopté une politique de feindre une espèce d’adhésion au discours dominant en Europe continentale, parce qu’ils en sont dépendants commercialement. Mais en réalité, ils n’ont rien mis en œuvre. Aucune des fameuses mesures présentées comme absolument nécessaires pour éviter une catastrophe sanitaire n’a été mise en œuvre en Suède. On remarque que la Suède n’a pas disparu, y compris sa population… Officiellement, la Suède a adhéré au récit covidien, elle a simplement fait valoir son droit de gérer de façon un peu plus spécifique cette crise. Alexandre Loukachenko, président de la Biélorussie, n’a pas eu ce genre de pudeur. Il a dit que c’était une grippe et qu’il n’avait pas l’intention de faire tomber son économie vingt ans en arrière pour empêcher trois nonagénaires de mourir d’une grippe. Il a réellement vendu la mèche en rendant public, dans une interview, le montant exact proposé par la Banque mondiale, à savoir le pouvoir financier mondial, pour mettre en œuvre l’agenda covidiste dans son pays.
Que pensez-vous de Donald Trump ?
Donald Trump n’a jamais trop traîné ses guêtres à Davos…
En conclusion, certains estiment que le film de l’Occident n’est pas encore fini, alors que vous êtes convaincu que c’est déjà terminé… Pourquoi faites-vous référence à cette date de 1204, à savoir la prise de Constantinople, dans le titre de votre livre ?
C’est ma manière de voir les choses. C’est la date de la quatrième croisade. Les croisades ont matérialisé une sorte de prise de pouvoir des intellectuels. Dans la culture précédente, la théologie s’occupait de l’au-delà et de la transcendance. À la charnière des deux millénaires, c’est devenu une puissance temporelle, c’est-à-dire la puissance des intellectuels. Les papes sont des intellectuels en chef d’une bureaucratie idéologique qui disent aux gens où il faut aller se battre pour que l’empire du bien advienne. Alors que ces croisades étaient destinées à libérer les lieux saints, le premier acte de grande bravoure militaire n’a pas eu lieu en Terre sainte contre les mahométans, mais il a consisté à saccager Constantinople : c’est-à-dire la capitale de la chrétienté ancienne que l’on appelle aujourd’hui la chrétienté orthodoxe. Donc, c’est l’avènement du progressisme. J’ai décidé de prendre cette date de 1204 comme référence au début de l’Occident.