Un éditeur attaque en justice le secrétaire général de l’OTAN.
Patrick Pasin, directeur des éditions Talma, détaille les raisons qui l’ont amené à déposer une plainte pénale contre le secrétaire général de l’OTAN, le norvégien Jens Stoltenberg. Son analyse est intéressante car il aborde de nombreux éléments, qui ne sont pas évoqués dans les médias français, sur les origines de cette guerre et le comportement de l’Ukraine. Dans quelques années, pourra-t-on faire un parallèle avec la désinformation instillée à l’encontre de l’Irak ? Personne ne le sait encore. En attendant, nous avons recueilli les commentaires de Patrick Pasin.
La plainte de Patrick Pasin (PDF)
Plainte Jens Stoltenberg-Otan-Patrick Pasin-2024-02
Kernews : Vous venez de déposer plainte contre Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’OTAN, pour avoir menti sur différents événements, ce qui a entraîné la guerre en Ukraine et constitué une atteinte directe aux droits et libertés des citoyens français. Comment avez-vous été amené à travailler sur ce dossier ?
Patrick Pasin : Je m’intéresse à la géopolitique depuis longtemps. Je suis allé assez souvent dans les pays de l’Est. Pas en Ukraine, mais l’année dernière j’ai publié un livre « Guerre en Ukraine : la responsabilité criminelle de l’Occident » et, quelques mois auparavant, j’avais publié le livre d’une jeune romancière du Dombass, Faina Savenkova, qui a 15 ans et habite à Lougansk. Depuis l’âge de 12 ans, elle est inscrite sur un site horrible, géré par les services de renseignements ukrainiens, qui liste tous les ennemis de l’Ukraine qui sont à abattre. Depuis l’âge de 12 ans, elle s’est retrouvée sur la liste des ennemis de l’Ukraine, parce qu’elle avait participé à un concours de littérature russe. Évidemment, cela viole tous les droits de l’homme. Sur cette liste, il y a également des journalistes français, des hommes et des femmes politiques, Ségolène Royal aussi, tout simplement pour avoir dit qu’il fallait peut-être écouter les Russes… Je m’intéresse à cette région depuis longtemps, car j’ai toujours pensé qu’elle serait l’outil pour entrer en guerre contre la Russie.
Si vous interrogez la plupart des Français, ils vous répondront que c’est la Russie qui est entrée en guerre contre l’Ukraine. Comment arrivez-vous à démontrer l’inverse ?
D’abord, ce que l’on raconte aux Français ne démarre que le 24 février 2022. Je viens d’écrire à Gérard Larcher, président du Sénat, qui dit que l’Ukraine s’est fait agresser par la Russie : c’est très étonnant, car c’est le deuxième personnage de l’État, d’un pays qui était censé garantir les accords de Minsk. Ces accords devaient assurer la paix entre l’Ukraine et les régions séparatistes. J’explique, dans ma plainte, que le premier agresseur, c’est l’Ukraine. On comprend cela quand on reprend la chronologie. En février 2014, il y a la révolution de Maïdan. C’est un renversement du président élu, pro-russe, qui n’était pas un modèle de gouvernance non plus. Rapidement, les deux régions séparatistes du Dombass annoncent la création de républiques indépendantes, ce qui est tout à fait autorisé en vertu du droit international, puisque la Charte des Nations Unies reconnaît expressément le droit des peuples à l’autodétermination. Par exemple, quand la Yougoslavie a explosé, on a tenu compte de la volonté des peuples. En 2014, l’indépendance de ces deux républiques du Dombass n’est pas reconnue par la Russie. L’Ukraine déclenche une opération antiterroriste, c’est comme cela qu’ils ont appelé ces opérations. Tout cela a débouché sur l’accord de Minsk 1, qui n’a même pas tenu une semaine. Et puis, quelque temps plus tard, il y a eu Minsk 2, qui n’a pas tenu davantage. Simplement, la Russie a pris le soin de faire enregistrer cet accord auprès du Conseil de sécurité de l’ONU. Ensuite, faisons un bond, la Russie annexe la Crimée sans un coup de feu. En décembre 2021, la Russie envoie deux propositions de traité, aux États-Unis et à l’OTAN, donc à Monsieur Stoltenberg, secrétaire général de l’OTAN. Le traité qui est envoyé à l’OTAN, on peut considérer que l’OTAN ne peut pas l’accepter. Mais, c’est le principe d’une négociation, on demande le plus possible, on se met autour d’une table et on essaye de rapprocher les positions. Quelque chose de très étonnant se passe le 16 janvier 2022, plus d’un mois avant le déclenchement de la guerre. Le président Biden répond, lors d’une conférence de presse à la Maison-Blanche, que la Russie attaquera l’Ukraine et que Poutine payera un prix très cher. On commence alors à voir fleurir dans la presse anglo-saxonne la date de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, qui est fixée dans la nuit du 15 au 16 février. Donc, des médias des pays de l’OTAN annoncent que l’Ukraine sera envahie par la Russie dans la nuit du 15 au 16 février. C’est très étrange. En même temps, et c’est l’objet de notre plainte, le 19 janvier, Jean Stoltenberg donne une interview au magazine allemand Der Spiegel. Le journaliste lui dit que les Russes expliquent que l’OTAN s’était engagée à ne pas dépasser l’Allemagne en 1990. Stoltenberg répond que c’est faux et que cela n’a jamais existé. En fait, il y a aujourd’hui de nombreux documents qui prouvent que ce sont des engagements qui ont été faits auprès des Russes. C’est dans le texte de ma plainte et j’ai même découvert un document du 17 mai 1990 sur le site de l’OTAN, comme quoi l’OTAN s’engage à ne pas dépasser les frontières de l’Allemagne.
Donc, ce mensonge est l’un des objets de votre plainte…
Oui. S’il avait dit que peut-être les conditions n’étaient pas réunies pour que l’Ukraine entre dans l’OTAN actuellement, cela aurait été immédiatement un signe de désescalade. Les Russes ne peuvent pas accepter que ce régime ukrainien vindicatif puisse héberger des armes nucléaires, puisque c’est ce que cela signifie. Il y a des armes nucléaires américaines stationnées en Italie, en Belgique, aux Pays-Bas, en Turquie et en Angleterre. Le 13 février 2022, il y a une communication du président Zelensky qui annonce : « Les Russes vont nous envahir dans la nuit du 15 au 16 ». Pourtant, les Russes continuent de nier. Les vols commerciaux des compagnies aériennes sont suspendus et les Américains transfèrent leur ambassade. Mais dans la nuit du 15 au 16 février, il ne se passe rien. La Russie n’envahit pas l’Ukraine. À ce moment-là, on découvre des documents précieux : ce sont les rapports quotidiens de l’OSCE (Organisation de sécurité de coopération en Europe) qui est chargée de surveiller le cessez-le-feu entre l’Ukraine et le Donbass. Jusqu’au 15 février, il y a peu de violations de cessez-le-feu, rien de plus et peut-être moins qu’auparavant. Donc, la Russie n’envahit pas l’Ukraine. À partir de là, en quatre jours, les bombardements ukrainiens sur le Donbass se multiplient, jusqu’à 2 000 par jour, et mon interprétation est qu’il s’agit de provoquer la Russie.
L’histoire se répète puisque ce que vous dites ressemble à ce qui s’est passé avec Saddam Hussein, lorsqu’il a envahi le Koweït, poussé par les Américains…
Oui, quand il avait reçu le feu vert de l’ambassadrice des États-Unis. Concrètement, le vendredi, l’OSCE recense 1 800 violations des accords de paix de la part de l’Ukraine, avec des bombardements à l’arme lourde, qui sont interdits par les conventions de Genève et le droit international. Le samedi 19 février 2022, les autorités du Donbass, en accord avec la Russie, font évacuer 100 000 personnes, de l’autre côté de la frontière, afin de les protéger des bombardements ukrainiens. D’ailleurs, on peut voir des centaines d’autobus circuler sur les routes. À ce moment-là, on découvre aussi qu’il y a plus de 100 000 soldats ukrainiens qui sont massés aux frontières du Donbass et qui sont prêts à en découdre. Franchement, quand on bombarde aussi lourdement les populations civiles, c’est que derrière on prépare quelque chose. En plus, il y a l’article 61 de la Constitution de la Fédération de Russie, qui est très court, qui dit que la Fédération de Russie doit protection et assistance aux citoyens russes à l’étranger. Or, dans le Donbass, beaucoup d’habitants ont la double nationalité. Le droit international donne l’obligation à Vladimir Poutine d’intervenir, tout comme sa propre Constitution. Quand on bombarde des populations civiles, le droit international exige une intervention des voisins. Or, cette fameuse semaine, je n’ai pas entendu le secrétaire général de l’ONU s’inquiéter de ce que subissent les populations civiles, je n’ai pas entendu le secrétaire général de l’OTAN intervenir, je n’ai pas entendu Madame Von der Leyen, ni le président Macron, alors qu’ils sont censés garantir les accords de paix. Si un État attaque les populations civiles, la communauté internationale doit intervenir, donc je considère que l’État ukrainien est l’agresseur et qu’il fallait que l’État voisin intervienne pour protéger les populations civiles. J’ajoute que le 20 février 2022 est aussi un jour très intéressant. Le président Zelensky est invité à la fameuse conférence sur la sécurité de Munich et il va expliquer qu’il veut rompre le protocole de Budapest afin d’avoir des armes nucléaires sur son territoire. Durant le week-end, l’OSCE va continuer d’enregistrer 3 000 violations du cessez-le-feu. À ce moment-là, il y a les forces ukrainiennes qui tirent, mais aussi les républiques du Donbass qui se défendent. Le dimanche, Vladimir Poutine entame le processus de reconnaissance des deux républiques et les présidents des deux républiques sont invités à Moscou le lendemain pour signer des traités d’assistance. Je pensais que c’était une bonne chose, parce que c’était un signe de désescalade car, jusque-là, attaquer le Donbass, de la part des Ukrainiens, c’était attaquer des populations civiles ukrainiennes. Cette fois-ci, on aurait pu penser que les Ukrainiens allaient faire attention, car désormais ils attaqueraient aussi la Russie. Mais pas du tout, c’est toujours dans les rapports de l’OSCE que tout le monde peut lire, l’OSCE continue d’enregistrer 1 700 violations de cessez-le-feu le lundi et le mardi. Maintenant, on rentre dans mon interprétation, la Russie a compris que les accords de Minsk étaient caducs. Il ne faut pas oublier cette déclaration d’Angela Merkel et de François Hollande sur le fait qu’il fallait faire gagner du temps à l’Ukraine pour l’armer.
Vous vous doutez bien qu’une telle plainte a peu de probabilités d’aboutir… Quelles sont vos chances ?
Maintenant, c’est entre les mains de la justice. Dans sa sagesse, le législateur avait anticipé ce genre de situation. Je ne dis pas que c’est Monsieur Stoltenberg qui a déclenché la guerre, mais il a menti et cela a précipité la guerre. Nous pouvons faire jouer notre Code pénal parce qu’il a attenté aux intérêts fondamentaux de la Nation en mentant. Vous avez vu l’état de notre pays depuis ? Vous avez vu combien de milliards nous avons envoyé à l’Ukraine ? En contribuant à déclencher la guerre, il nous a entraînés dans une situation économique encore plus grave, puisque nous sommes déjà largement endettés. Il n’y a plus d’argent pour les agriculteurs, pour les hôpitaux, pour les retraites… Mais il y a de l’argent pour l’Ukraine. On continue d’envoyer de l’argent à l’Ukraine. Nous envoyons toujours de l’argent à l’Union européenne, qui va servir à l’Ukraine, en étant bien naïfs. Il est hors de question que des soldats français aillent mourir pour l’Ukraine, pour des intérêts qui sont contraires aux nôtres, alors que cela nous coûte déjà une fortune, puisque les générations futures vont devoir rembourser les prêts que nous contractons pour l’Ukraine, alors que c’est un pays corrompu. Un million de soldats ukrainiens sont morts et cela veut dire que des générations entières ont disparu. Ces hommes ne feront plus d’enfants. Donc, on peut considérer que l’Ukraine est un pays fini.