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Olivier Piacentini : « Toute la presse française est tenue par quelques financiers qui se servent des médias comme d’un outil d’influence. »

L’écrivain et politologue publie « OPA sur l’Élysée »

Olivier Piacentini, diplômé de l’Institut d’Études politiques de Paris, s’est fait connaître en 2016 avec son premier essai, « Vers la chute de l’Empire occidental », dans lequel il comparait notre décadence avec celle de l’Empire romain. Il a également publié « Les dossiers noirs du socialisme français » et « La mondialisation totalitaire ». Dans son dernier ouvrage, il qualifie d’OPA la victoire d’Emmanuel Macron car, selon lui, son élection ne doit rien au hasard : « Le soutien sans faille que le monde de la finance, des médias, des multinationales lui apporta est le nœud de ce qui s’apparente à un coup d’État d’un milieu que seul Macron pouvait pleinement servir ». Olivier Piacentini ne joue-t-il pas le jeu des conspirationnistes, toujours à l’affût du complot mondialiste ? Pourtant boycotté par les médias institutionnels, l’auteur fait l’objet d’un certain succès et son livre s’est retrouvé à la 200e place du classement des livres politiques sur Amazon en ce début juillet.

« OPA sur l’Élysée » d’Olivier Piacentini est publié aux Éditions de Paris.

Kernews : Vous revenez sur l’histoire d’Emmanuel Macron et sur son élection, que vous qualifiez d’OPA. Pour quelles raisons ?

Olivier Piacentini : J’analyse son bilan au regard de la façon dont il est arrivé au pouvoir et qui sont ses soutiens, parce qu’il y a vraiment au niveau d’Emmanuel Macron et de la campagne 2017 une exception. Ce n’était pas une campagne comme les autres et le nouveau président n’est pas un président qui a été élu comme les autres. Un malaise a été ressenti dès la journée d’investiture… On ne sentait pas le même enthousiasme que d’habitude, parce que les Français ont été privés de leur campagne, qui a été cooptée par des puissances d’argent et des puissances médiatiques pour faire arriver Emmanuel Macron à l’Élysée.

Le fait est qu’Emmanuel Macron a été élu à une large majorité. Les Français ont confirmé ce choix lors des législatives et, aujourd’hui, le président reste toujours apprécié par son électorat…

Effectivement, il a été élu avec une large majorité, face à Marine Le Pen, dans une campagne où l’on n’a pas parlé du fond du programme. La campagne s’est faite avec trois candidats qui pouvaient gagner, dont deux qui ont été empêtrés dans des affaires. D’ailleurs, on les a empêtrés dans des affaires ! Je me souviens de cet article du Canard Enchaîné avec une enquête préliminaire ouverte dès le lendemain sur l’affaire Fillon. Où en sommes-nous aujourd’hui… Donc, il s’agissait bien de le piéger… L’affaire des assistants parlementaires de Marine Le Pen a commencé en 2013, avec le début de l’enquête et, comme par hasard, tout s’est accéléré quelque mois avant l’élection présidentielle. Ne trouvez-vous pas curieux que deux candidats importants se retrouvent empêtrés dans des affaires deux mois avant la campagne ?

Vous reprenez la phrase de Jacques Attali qui disait, il y a deux ans, que le prochain président de la République serait un inconnu et vous expliquez que tout a été organisé par une sorte de cabinet noir… N’est-ce pas tomber dans le complotisme ?

Il y a bien eu une interview de Jacques Attali, en avril 2016, c’est-à-dire un an avant l’élection, dans laquelle il annonçait qu’Emmanuel Macron serait élu. Il précisait : « Si ce n’est pas lui, ce sera Bruno Le Maire… »

Le peuple français a sans doute eu envie de tourner la page et de changer de génération…

Je ne dis pas que Monsieur Macron est le dernier des imbéciles et je reconnais même que c’est quelqu’un qui a un certain talent. Mais quand je parle d’OPA, j’étaye cet argument. La justice s’est comportée d’une façon anormale et beaucoup de juristes contestent la façon dont on a traité les différentes affaires. Emmanuel Macron, depuis sa carrière de banquier, jusqu’à ses postes à Bercy, a puissamment aidé de grands patrons d’industrie comme Lagardère, Arnault ou Drahi, qui sont également des grands patrons de presse. Suis-je le seul à avoir eu la sensation que les médias étaient quand même en sa faveur ? On l’a vu claquer dans la main de Ruth Elkrief sur le plateau de BFM TV… J’ai analysé la tournure des interviews de Ruth Elkrief et l’on voit bien que les mêmes termes ne sont pas employés. Les médias ont puissamment appuyé Emmanuel Macron pendant cette campagne et ils ont enfoncé François Fillon d’une manière que j’ai trouvée franchement scandaleuse, comme lorsqu’il s’est retrouvé face à Christine Angot. Donc, tout a été fait pour que l’on escamote les programmes… Tout cela parce qu’il y a en France neuf grands patrons qui dirigent pratiquement tous les médias et, si vous les avez dans la poche, vous avez un avantage…

Vous consacrez un chapitre à expliquer comment il a profité de sa position à Bercy pour tisser des liens et nouer des relations. Mais n’était-ce pas logique ? Tout le monde n’aurait-il pas fait cela ?

Je ne suis pas d’accord avec vous. Le prédécesseur d’Emmanuel Macron, en l’occurrence Arnaud Montebourg, a refusé de signer l’autorisation permettant à Patrick Drahi de reprendre SFR. Arnaud Montebourg était pourtant, lui aussi, candidat à l’élection présidentielle et il a refusé de signer, en expliquant que le montage financier ne lui semblait pas conforme. Macron est également le seul candidat de l’histoire qui ait été élu en n’ayant pas de financement public. Sur 13 millions d’euros de dons qu’il a obtenus, 80 % émanent de 1800 donateurs…

On compare souvent Emmanuel Macron à Valéry Giscard d’Estaing,  le jeune brillant que l’on a remarqué, mais vous contestez cela en disant que le système a préparé son arrivée au pouvoir…

Ma théorie est la suivante. François Hollande a déçu ces milieux d’affaires, parce que l’on pensait qu’il était réformiste. Il a entamé des réformes, mais il était quand même lié au Parti socialiste. Le caractère de Hollande n’était pas d’aller systématiquement à l’affrontement, mais de toujours être dans les compromissions. Emmanuel Macron a proposé d’aller plus loin, en se débarrassant du PS et des partis en place. En plus, cela coïncidait avec un état d’esprit de l’opinion qui, après les épisodes Chirac, Sarkozy et Hollande, se défiait des partis institutionnalisés. Donc, c’est vrai qu’il a eu une démarche qui était en phase à un moment avec les attentes de l’opinion. Je ne dis pas le contraire. Cependant, tout cela avait été soigneusement préparé en amont.

Est-il encore important d’aborder ce sujet aujourd’hui ? Emmanuel Macron a été élu démocratiquement, la plupart des gens pensent qu’il se débrouille bien et qu’il n’est pas aussi catastrophique que certains de nos précédents présidents de la République…

Mon livre correspond à une attente, puisqu’il est très bien placé dans tous les rayons des librairies. Cela prouve quand même qu’il y a un attrait pour ce sujet. Si je parle de tout cela, ce n’est pas simplement pour refaire l’histoire, mais pour que l’on comprenne les décisions d’Emmanuel Macron à l’aune de ceux qui l’ont aidé. Ceux qui financent un candidat attendent en général un retour… Souvenez-vous du débat du premier tour. À un moment donné, Benoît Hamon a interpellé Emmanuel Macron en lui demandant s’il n’y avait pas plusieurs laboratoires pharmaceutiques qui l’appuyaient… Emmanuel Macron s’est abrité derrière la loi en répondant : « Je n’ai pas à vous révéler les noms… » Quelle est la première décision qu’il a prise ? On est passé de 3 à 11 vaccins obligatoires ! Est-ce que, pendant la campagne, quelqu’un a entendu parler d’un problème d’épidémie en France ? Est-ce que quelqu’un a dit que le problème majeur de notre pays, c’était les épidémies ? Pourtant, l’une des premières décisions a été de renforcer les obligations vaccinales d’une manière incroyable… Et regardez sa politique au sujet de l’ISF. Pourquoi supprime-t-on l’ISF pour les actifs financiers et pas pour les actifs immobiliers ? N’y a-t-il pas là quelque chose d’étrange ? Soit on supprime l’ISF, soit on le garde… Cela veut dire que celui qui a quelques biens immobiliers, dont un appartement à Paris, va payer et que celui qui a 100 millions en banque ne va rien payer… Est-ce logique ?

On nous explique aussi que l’argent qui est investi dans la pierre n’est pas productif, tandis que l’argent qui est en bourse va créer des emplois…

C’est faux ! Vous avez des entreprises de rénovation, des artisans, il y a toute une activité autour de l’immobilier, donc ce n’est pas un argument valide. Je n’ai pas l’impression, depuis toutes ces années, avec toutes les faveurs qui sont faites aux multinationales, qu’elles créent autant d’emplois que cela. Je miserais plutôt sur les PME qui sont présentes sur notre territoire car, quand elles ont une activité supplémentaire, elles n’hésitent pas à embaucher. Les entreprises du CAC 40 ont compris depuis bien longtemps que la main-d’œuvre n’était plus en France.

Vous êtes très dur dans votre livre à l’égard des journalistes, vous parlez de tribunaux et d’Inquisition… Donc, selon vous, ce sont les médias qui font les élections…

Regardez le classement de Reporters sans frontières sur la liberté de la presse : nous sommes 45e ! Nous sommes entre le Botswana et la Roumanie, qui est un pays ultra-corrompu… On est loin des États-Unis, de la Suisse, du Danemark ou de la Grande-Bretagne… Reporters sans frontières précise que toute la presse française est tenue par quelques financiers qui se servent des médias comme d’un outil d’influence. Au-delà de tout cela, je suis persuadé que la victoire d’Emmanuel Macron dépasse le cadre national. Il ne vous a pas échappé que 2016 a été l’année du Brexit et de la victoire de Donald Trump et, si la France avait basculé du côté de François Fillon ou de Marine Le Pen, le projet mondialiste aurait complètement capoté…

Malgré tout, Emmanuel Macron a une bonne image dans l’opinion publique et l’on n’entend pas dire à son sujet ce que l’on entendait sur Nicolas Sarkozy ou François Hollande…

Effectivement, il est bien évident que Monsieur Macron représente mieux la France que François Hollande ! Il fait bien le travail quand il se déplace, il fait président de la République. Mais, à côté de cela, il n’obtient pas grand-chose au niveau international. Tout ce qu’il propose est recalé ou refusé. Observez bien les évolutions en Europe : Macron est l’exact contraire de tout ce qui se passe ailleurs : Pologne, République Tchèque, Slovaquie, Hongrie, Autriche, Italie, Slovénie… La tendance mondialiste et européiste de Macron a vraiment du plomb dans l’aile.

Donc, vous ne pariez pas sur sa réélection dans quatre ans ?

On ne peut pas faire de prospective, parce qu’une réélection tient à beaucoup de choses. Souvenez-vous de François Mitterrand ou de Jacques Chirac : personne n’envisageait leur réélection deux ans plus tôt… En plus, Macron est un excellent stratège politique. Dans sa popularité, il y a aussi la mise en scène de son opposition avec l’extrême gauche, dont il se sert habilement, et qui rassure un certain électorat modéré. Cependant, je dis qu’il est moins au service de la France qu’au service des intérêts de tout un aréopage de gens qui l’ont puissamment aidé et je ne vois pas sa politique nous sortir de l’ornière dans les années à venir.

Malgré tout, il y a des réformes qui vont dans le bon sens, comme la réforme sur le travail…

Ce n’est pas une mauvaise réforme, mais Matteo Renzi a été beaucoup plus loin en Italie. Il adopte une attitude assez ferme sur le statut des cheminots, mais il faut quand même savoir que cette réforme relève d’une directive européenne d’ouverture à la concurrence : donc, il ne fait que ce qu’on lui impose de faire…

Vous critiquez beaucoup, c’est toujours facile, mais qui avez-vous à proposer ?

Il est certain qu’il profite d’un contexte politique face à une droite qui est en pleine débandade. Je pense qu’aujourd’hui les temps sont mûrs, dans le contexte international et national, pour qu’une vraie droite se rassemble et d’une façon élargie. Il me semble que sur la base du souverainisme, sur la base d’une lutte contre l’immigration massive et sur la base d’une certaine forme de relance de l’économie par une aide aux petites et moyennes entreprises, la droite pourrait se rassembler et trouver des terrains d’entente qui permettraient de remettre la France sur les bons rails, une fois pour toutes. La politique de Macron, c’est une politique sociale-démocrate améliorée, mais on va toujours rester sur les mêmes bases : trop d’État, pas assez de fermeté vis-à-vis de l’immigration et trop d’assistanat.

C’est un discours que l’on entend depuis 30 ans…

Cela fait 30 ans qu’on le dit, mais la situation est plus propice aujourd’hui. Emmanuel Macron, à travers son positionnement politique, a bien senti que la droite est aujourd’hui majoritaire dans l’opinion et il essaie de capter une partie de cette opinion qui est la plus modérée. Il y a une partie de l’électorat de droite qui apprécie Emmanuel Macron, mais il y a tout le reste et, selon moi, ce reste est encore majoritaire si l’on se donne les moyens de l’emporter. Si le peuple est plus à droite aujourd’hui, c’est tout simplement parce que la France est très à gauche dans sa gouvernance. Il y a quand même 57 % de dépenses publiques, il y a deux fois plus d’immigration qu’il y a 10 ou 15 ans, il y a un laxisme judiciaire qui est affolant et il y a un assistanat quasiment institutionnalisé. Face à tout cela, les gens réclament logiquement quelque chose de plus sensé.

 

Écrit par Rédaction

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