Un habitant de la presqu’île publie la première grande étude sur les ravages de la pornographie.
Pour la première fois, une association vient de compiler toutes les études sur les effets de la pornographie sur les jeunes et les adultes en publiant un DVD, un ouvrage et différents documents thématiques concernant ce sujet. L’association Stop au Porno est présidée par François Billot de Lochner, qui habite sur la presqu’île guérandaise. Elle compte parmi ses dirigeants une conseillère conjugale et familiale, un philosophe, un avocat et un docteur en neurosciences. François Billot de Lochner est diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris, l’EM Lyon et a suivi un cursus de doctorat en économie. Il a dirigé des établissements bancaires, présidé un fonds d’investissement et il dirige la revue Liberté Politique. Auteur de plusieurs ouvrages, il est également le président de France Audace, un collectif regroupant 120 associations ayant pour objectif de peser au moment des élections autour d’un projet de rénovation de la France.
Le site Internet de l’association Stop au Porno permet de se renseigner sur ce sujet, de consulter de nombreuses études et de commander le DVD « Le tsunami pornographique » (5 euros).
Kernews : Qu’est-ce que la pornographie ? Quelle est la frontière, selon vous, entre l’érotisme et la pornographie ?
François Billot de Lochner : Il y a aujourd’hui un véritable mélange des genres dans les esprits et les gens ne font pas le distinguo entre érotisme et pornographie. Jusqu’à il y a un demi-siècle, la pornographie était extrêmement limitée et il y avait plutôt de l’érotisme. Progressivement, il y a eu un mélange de plus en plus évident entre érotisme et pornographie. Les promoteurs de l’érotisme ont compris que l’on pouvait amener mécaniquement à la pornographie. Il y a deux siècles, vous regardiez un dessin d’une femme nue et c’était fini, alors qu’aujourd’hui nous sommes dans une société où quelqu’un qui regarde une femme nue à 14 heures peut ensuite trouver des vidéos pornographiques et y passer la soirée ! Aujourd’hui, il n’y a pratiquement plus de distinction entre l’érotisme et la pornographie. L’érotisme est une partie de la pièce pornographique, mais c’est complètement lié. Le but de la pornographie est d’exciter les pulsions les plus débridées et l’érotisme conduit à la pornographie de façon quasiment mécanique.
Imaginons un fabricant de maillots de bain qui présente la photo d’une jolie femme en maillot au bord d’une piscine… Cela ne va quand même pas choquer ?
Ce n’est pas choquant, évidemment, mais en neurosciences on assimile cela automatiquement à des images qui mènent à la pornographie. Les concepteurs de la pornographie expliquent que le chemin commence exactement par ce que vous venez de décrire. C’est pour cette raison que l’on estime qu’aujourd’hui en France 90 % de la population est peu ou prou soumise à des matériaux pornographiques, volontairement ou involontairement.
Avec un tel raisonnement, on va vous qualifier d’ayatollah !
Non, parce que je ne qualifie pas une telle image de pornographique : je dis simplement que dans le mécanisme du cerveau, ce genre d’image à haute dose conduit assez mécaniquement à cela. On dit toujours que la pornographie se développe sur Internet, mais c’est faux. Il y a plusieurs millions de livres pornographiques qui se vendent chaque année et, tous les soirs, il y a deux radios pornographiques avec plusieurs millions d’auditeurs. Donc, il ne s’agit pas d’un point précis, mais d’un système qui mène tout au long de la journée sur le chemin pornographique et qui entraîne vers une pornographie pure et dure.
Si l’on pense à cette belle photo de Robert Doisneau qui a fait le tour du monde, avec ce couple d’amoureux qui s’embrassent, aujourd’hui, un photographe plus provocateur ferait sans doute un cliché où on les verrait s’embrasser goulûment, ce qui amènerait davantage de suggestions… Est-ce cette évolution que vous dénoncez ?
C’est exactement cela. Le but du créateur est que le regard de la personne se concentre sur une toute petite partie du corps : en clair, si vous voyez une très jolie femme en maillot de bain au bord d’une piscine, mécaniquement vous allez regarder vers ses parties intimes et le cerveau va immédiatement tenter de l’imaginer sans maillot de bain… C’est tout à fait humain et ce sont des mécanismes du cerveau. Un docteur en neurosciences, qui est un grand spécialiste du sujet, travaille de façon très scientifique et il explique que tout est fait pour conditionner le cerveau à la pulsion débridée. C’est ce qui pose un vrai problème puisque, ensuite, on ne maîtrise absolument plus ses pulsions. La pornographie entraîne des ravages inimaginables que personne ne veut pointer.
On savait que l’excès de pornographie entraîne de la violence, y compris au sein du couple, mais l’étude va plus loin puisqu’elle explique que cet abus a pour effet de rendre les gens deviennent plus violents d’une manière générale…
C’est un point qui se révèle. Nous avons dans le cerveau une substance chimique qui s’appelle la dopamine. Si vous vous mettez à table, vous avez de l’appétit parce que la dopamine excite le cerveau qui irrigue l’envie de déjeuner ou de dîner. Pour la sexualité, la dopamine a un rôle fondamental : c’est l’outil du cerveau qui permet que l’activité sexuelle soit classique et normale. Les neurosciences prouvent que l’excès de pornographie dégrade la dopamine, qui ne réagit plus. Donc, si une personne regarde de la pornographie sur Internet, au départ cela excite sa dopamine et cette personne aura un conditionnement sexuel à peu près normal. Puis, la dopamine s’abîme et la personne aura envie d’aller plus loin pour être excitée. Et, à la longue, la dopamine ne réagira plus. À ce moment-là, l’individu deviendra de plus en plus violent, notamment pour épanouir sa sexualité. Mais cela ne marchera même plus au bout d’un certain moment. Les cas d’impuissance liés à la pornographie sont de plus en plus nombreux et c’est quelque chose de méconnu. Je fais des conférences dans toute la France et certains viennent me dire que la sexualité peut s’épanouir par la pornographie… Or, en réalité, on tue purement et simplement sa sexualité par la pornographie. C’est une évidence : si un homme s’adonne à la pornographie à haute dose, la femme devient un objet de consommation courante, ce n’est plus une personne, c’est une espèce d’instrument de boucherie.
Revenons au rôle de la dopamine. Par exemple, enfant, lorsque j’étais amoureux d’une fille, je tremblais pendant des heures à l’idée de lui prendre simplement la main au cinéma. Et si sa main avait rencontré la mienne, je devais sécréter un taux de dopamine incroyable, simplement parce que nos mains s’étaient frôlées… Or, si j’avais été baigné de pornographie à cette époque, je n’aurais rien ressenti en lui prenant la main… Est-ce ce que vous voulez dire ?
Oui. En plus, cela aurait tué complètement votre belle relation car, dans l’histoire de l’humanité, une relation entre deux personnes n’a jamais été cantonnée à une relation sexuelle. Vous décrivez la belle relation en opposition à la relation extrêmement moche qui consiste à dire que l’on ne s’intéresse à une femme que s’il s’agit d’un étalage de boucherie que l’on peut consommer comme on veut… J’ai reçu très récemment une lettre d’un garçon de 21 ans qui m’a dit que mon action était fondamentale, car il est addict à la pornographie. C’est une catastrophe pour lui, il s’est dit être pratiquement mort. Une femme m’a raconté l’histoire de sa fille de 26 ans : elle a fait Polytechnique, elle est cadre supérieure dans une grande société française, et dès qu’elle rentre chez elle le soir, elle se précipite sur son écran pour regarder des films pornographiques pendant toute la nuit. Le week-end, elle reste enfermée chez elle pour regarder des films pornographiques. Et je ne parle pas des millions de couples qui sont sacrifiés chaque année par la pornographie !
Vous relayez une étude sur Tinder qui est un supermarché de la drague et qui a des conséquences terribles à travers la note de désirabilité : on constate que personne ne s’engage, les gens restent vraiment dans le couloir en permanence, parce qu’ils s’imaginent pouvoir trouver mieux en rayon…
Exactement. C’est un étalage de boucherie, on s’imagine que l’on va toujours trouver mieux en rayon… Les personnes sont des objets de consommation et on est dans un rêve, un délire hors-sol…
La presse féminine a influencé toute une génération qui ne s’engage jamais dans une relation et qui se dit toujours : « Je vais peut-être trouver mieux… »
Le système, depuis presque un demi-siècle, par une espèce de libertarisme, fait que l’on ne s’occupe plus que de soi : « C’est moi qui prime et je fais mes choix selon ma jouissance personnelle ». L’être humain n’est plus un être social, l’autre ne compte plus. Donc, on prend, on jette et on reprend…
Vous attaquez en justice le site Jacquie et Michel. Pour quelles raisons ?
C’est un site terriblement pervers, parce qu’il a l’air de sous-entendre que ce sont des amateurs qui font des vidéos, alors que c’est une incroyable machine à argent ! Ils paient des « actrices » dans des conditions absolument déplorables, on y accède simplement en cliquant pour dire que l’on a plus de 18 ans… On est vraiment dans le prototype du site mensonger de bout en bout, alors que c’est une affaire de gros sous. Nous les attaquons au pénal parce que je trouve insupportable de se laisser soumettre à des gens qui pervertissent objectivement la société.
Les gens de bon sens savent pourtant que les conséquences sont terribles et l’on entend souvent chez les hommes cette même réflexion à propos d’une fille légère : « On doit bien s’amuser avec elle, mais je n’en voudrais jamais comme épouse ! » Il y a de l’amusement, mais aussi une certaine forme de mépris et de dégoût…
C’est quelque chose que je dis assez régulièrement dans des conférences ou dans des émissions lorsque des gens me disent que c’est finalement la liberté de chacun. Alors, je leur réponds : « Accepteriez-vous que votre ravissante fille de 20 ans fasse une vidéo pornographique ? » À ce moment-là, la même personne qui me parle de liberté se met tout d’un coup à hurler… Aujourd’hui, 75 % des Français se disent inquiets par la pornographie. Or, il y a 10 ans, cela aurait été 20 %, voire moins. Aujourd’hui, la prise de conscience est tout à fait claire et les gens commencent à se poser des questions. Simplement, entre se poser des questions et agir, il y a un gouffre. L’Éducation nationale est une usine à pervertir la jeunesse, car, quand on voit les matériaux distribués par l’Éducation nationale aux jeunes, cela fait froid dans le dos. Toutefois, les parents protestent très peu… On a été saisi pour attaquer en justice un établissement de province qui se dit catholique et où le professeur de quatrième fait lire à ses élèves des livres hautement pornographiques. En plus, c’est un professeur de français qui arrive à choisir des auteurs qui n’alignent pas deux mots de français, c’est ignoble, et nos avocats ont pensé qu’il serait judicieux de faire témoigner des parents. Mais il n’y a plus personne et l’on entend toujours la même réflexion : « Mon enfant va être ostracisé et le professeur va lui mettre des mauvaises notes ».
Les ravages de la pornographie sur le cerveau.
L’étude indique que la pornographie exerce un impact sur notre cerveau, nos cellules cérébrales se modifient et la sécrétion de dopamine disparaît progressivement : « Lorsque le cerveau devient accro à regarder les scènes sexuelles, la sécrétion de la dopamine augmente, mais après un moment les cellules qui sécrètent la dopamine se fatiguent, leur sécrétion diminue et elles s’atrophient progressivement. La personne ne se sent plus heureuse comme auparavant, cherchant d’autres moyens plus excitants (comme un toxicomane) et donc le dommage des cellules augment… C’est un véritable processus de destruction ! Les dommages s’étendent à la zone frontale du cerveau qui se heurte avec le temps, se dégradant progressivement, et perdant ainsi l’aptitude à prendre la bonne décision ». Ainsi, quelqu’un qui abuse de la pornographie n’est plus en mesure de prendre des décisions normales.
Pour les enfants, « lorsque la personne voit le film, ce qui s’exprime d’abord c’est son empathie. Un peu comme avec un film d’horreur, elle se cache les yeux parce que ce qu’elle voit est perçu comme horrible, et elle le perçoit comme horrible parce qu’elle a identifié la victime et qu’elle s’est mise à sa place. Le temps passant, l’habitude venant, le spectateur se coupe de son empathie, il ne souffre plus à la place de sa victime, il jouit à la place de l’agresseur. » Conséquence : « La sexualité n’est plus perçue comme une aventure à deux, mais comme une performance personnelle pour assouvir un besoin personnel. La pornographie ou cyberporno entraîne aussi une dépendance avec un besoin d’en voir toujours de plus en plus souvent, avec des scénarios toujours différents et de plus en plus violents également. Bon nombre de jeunes visualisent ces sites dans l’optique d’obtenir des renseignements sur la sexualité et sur le comment faire. Les garçons reproduisent ce qu’ils ont vu et les filles se conforment à ce qu’elles voient à et à ce qui est attendu d’elles. »