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Sexe et espionnage. L’enquête incroyable d’un groupe de journalistes américains sur l’affaire Epstein

Pierre Jovanovic : « Il avait de nombreux domaines, de très grands appartements, et toutes les chambres étaient bardées de caméras cachées. »

Pierre Jovanovic, directeur littéraire des Éditions du Jardin des Livres, vient de racheter les droits de l’ouvrage publié aux États-Unis sur l’affaire Epstein et il publie la version française de cette enquête passionnante. Dans ce livre, Dylan Howard, Melissa Cronin et James Robertson révèlent les dessous de la vie détraquée du milliardaire Jeffrey Epstein, confident de Bill Clinton, qui a piégé pendant vingt ans, pour le compte des services secrets israéliens, des milliers de députés, sénateurs, hommes d’affaires, journalistes, stars de cinéma, scientifiques de renom, recteurs et doyens d’université, premiers ministres, princes et princesses (dont le prince Andrew) et même des présidents, avec son réseau de prostitution de jeunes filles. Pierre Jovanovic nous résume cette affaire stupéfiante.

« L’affaire Epstein » de Dylan Howard, Melissa Cronin et James Robertson est publié aux Éditions Jardin des Livres.

Kernews : Vous avez acquis les droits du livre de Dylan Howard sur l’affaire Epstein. Beaucoup de gens pensent qu’il s’agit simplement d’une immonde affaire de sexe. Or, en réalité, elle relève surtout de l’espionnage, puisque l’enquête révèle que Jeffrey Epstein était un agent du Mossad…

Pierre Jovanovic : C’est quelque chose qui a été bien caché et ceux qui ont vu sur Netflix la série traitant de cette affaire ont pu constater qu’il n’a pas été dit que c’était un espion des services israéliens. On a bien compris pourquoi Netflix s’est dépêché de réaliser cette série : c’était justement pour allumer un contre-feu, afin que le grand public ne puisse pas comprendre que c’est une grosse opération d’espionnage menée conjointement par la CIA et le Mossad.

Cette enquête nous emmène sur les traces de Robert Maxwell et de Bill Gates. D’abord, on peut commencer par rappeler qui était Robert Maxwell…

C’était un garçon d’origine tchèque, qui avait fait la Deuxième Guerre mondiale et qui s’était installé en Angleterre, où il a fait fortune. Il a commencé par racheter énormément de journaux anglais, dont le fameux Daily Mirror, mais aussi des clubs de football et des chaînes de télévision. Il a progressivement pris le contrôle d’un véritable conglomérat médiatique, un peu comme Monsieur Drahi en France aujourd’hui. Dans les années 90, on s’est aperçu que ses affaires n’étaient pas vraiment florissantes et, pour masquer la faillite de son empire financier, il s’était mis à taper dans la caisse de retraite de tous ses collaborateurs. C’était un trou de plusieurs centaines de millions de livres sterling, un scandale retentissant en Angleterre, parce que Maxwell était connu. Il était sur toutes les chaînes de télévision, il faisait des dons aux bonnes œuvres… Ensuite, après cette affaire de détournement, il est parti sur son yacht – un vrai yacht, pas un bateau de pêcheurs à Saint-Nazaire – et il est tombé de son bateau. Mystérieusement, en pleine nuit, au large des Canaries… Tout le monde soupçonne le MI6, les services de renseignement anglais, de lui avoir réglé son compte une fois qu’ils avaient découvert que Robert Maxwell était, depuis le départ, un agent du Mossad. Le grand public a su cela lorsque de grands reporters sont allés en Israël à son enterrement, ils se sont aperçus que c’était une affaire nationale en Israël. Tous les services secrets israéliens, tous les ministres sensibles, tous les patrons du Mossad étaient à son enterrement… Depuis, il y a eu plusieurs enquêtes et l’on sait que Robert Maxwell était bien un agent du Mossad.

J’avais rencontré Robert Maxwell lors de son association avec Francis Bouygues pour le rachat de TF1. Si Francis Bouygues avait pu racheter TF1, c’est notamment grâce à l’intervention de Robert Maxwell auprès de François Mitterrand. Or, Ghislaine Maxwell, que l’on retrouve dans l’affaire Epstein, suivait de près cette opération. D’ailleurs, ce sont les Maxwell qui ont imposé Anne Sinclair à Francis Bouygues…

Justement, sa fille Ghislaine était aussi devenue une activiste du Mossad et c’est Robert Maxwell, en rencontrant le jeune Epstein, qui était amoureux de Ghislaine, qui l’a embauché au Mossad. C’est donc une affaire très familiale…

Dans l’histoire de l’espionnage, on retrouve en permanence ces deux éléments. D’abord, le sexe, avec des prostituées qui vont chercher des informations chez des personnes sensibles. Cela va même plus loin, puisque cela peut être des femmes qui deviennent les épouses de ces personnalités. Il y a ensuite ces gens qui s’inventent une nouvelle identité dans un pays et qui y créent des affaires dans des domaines sensibles en obtenant carrément la confiance des dirigeants, comme lorsque les services secrets israéliens ont pu infiltrer un agent du Mossad au sein même du gouvernement syrien dans les années 60 avec l’affaire Élie Cohen. Ici, pour la première fois, on rassemble les deux éléments, puisqu’ils ont recruté cet agent qui était un pervers sexuel, un homme intelligent. Il dispose de plusieurs millions et il entraîne avec lui dans ses dépravations tous ceux qui comptent sur Terre …

J’ai son fameux carnet noir et je peux vous dire que toutes les têtes couronnées d’Europe y figurent !

Epstein était attiré par les jeunes filles d’une dizaine d’années parce qu’il avait un tout petit pénis…

Tous les psychiatres expliquent que dans 80 % des cas, les hommes qui préfèrent les gamines d’une dizaine d’années, c’est pour une question d’adéquation de taille. Epstein s’est fait refaire son sexe. Cela ressemblait à une sorte de mini ananas. On le voit d’ailleurs dans le livre, puisque, lors de son procès, l’une des avocates a décrit très précisément son sexe. Comme c’était filmé, on voit Epstein absolument dégoûté et il regarde le plafond quand on l’interroge sur la taille de son sexe. On sait depuis peu qu’il a commencé à faire des trafics de gamines d’une dizaine d’années au moment de la guerre du Kosovo. Il partait aux Balkans avec un avion de la CIA. On le sait, puisque l’on a retrouvé l’immatriculation. Il avait de nombreux domaines, de très grands appartements, et toutes les chambres étaient bardées de caméras cachées. C’est absolument terrifiant. On va maintenant beaucoup plus loin en retrouvant le nom de Bill Gates, qui a été le voir à plusieurs reprises après sa sortie de prison en 2008. Quelqu’un de la stature de Bill Gates ne va pas fréquenter un type qui sort de prison pour accusation de proxénétisme sur des gamines de douze ans ! Il y a quelque chose qui ne colle pas. En plus, Bill Gates monte dans l’avion privé d’Epstein à plusieurs reprises, alors qu’il a son propre avion… Tout cela est très étrange. On retrouve ensuite beaucoup de médecins et de scientifiques qui ont été largement arrosés par Epstein après sa sortie de prison. En effet, à sa sortie de prison, le Mossad et la CIA lui ont demandé d’abandonner les gamines, pour se concentrer sur les scientifiques : il devait filmer les ébats sexuels des scientifiques, pour obtenir ensuite leurs recherches gratuitement.

Notre conversation peut sembler décousue, puisque l’on parle de Robert Maxwell, de Ghislaine Maxwell, puis de Bill Gates, mais c’est l’affaire qui nous amène à cela… Jeffrey Epstein lance finalement son YouPorn de la jet-set, avec des ministres, de grands chefs d’entreprise, des scientifiques et toujours le même scénario : celui du dîner amical avec une belle jeune femme russe ou ukrainienne. Elle est soi-disant étudiante, elle est cultivée, elle est censée tomber sous le charme du gogo qui s’imagine être Georges Clooney, elle l’emmène dans la chambre d’amis à l’autre bout de l’appartement ou de la maison, et tout est filmé…

C’est exactement cela. C’est du Mata Hari mis à jour ! Je vais vous donner l’exemple de l’ancien Premier ministre australien, ce n’est quand même pas rien. Figurez-vous qu’il a fait un chèque de 400 000 dollars à Jeffrey Epstein lors de sa sortie de prison et, quand la presse australienne lui a demandé quelques explications, il a répondu qu’il ne savait pas vraiment qui c’était et que c’était une œuvre de bienfaisance… Par ailleurs, le patron du fonds de pension qui gère les retraites de tous les agents de la CIA, Apollo Management – et cela fait du monde – a lui aussi mis en place une œuvre de charité similaire dans laquelle on retrouvait le patron de la Barclays Bank, mais également le bras droit de Bill Gates. Tous ces gens ont contribué à payer Epstein à sa sortie de prison.

On a souvent l’image de l’agent secret qui est un patriote qui veut défendre son pays, ce qui est respectable, mais il ne faudrait pas présenter Epstein ainsi, puisque c’était quand même un mercenaire qui se faisait payer un million de dollars la vidéo !

Payés par le Mossad et la CIA : quand il est sorti de prison en 2008, figurez-vous que cette même annexe de la CIA, Apollo Management, lui a fait deux virements de 25 millions de dollars. Sans doute pour le dédommager et le remettre en selle pour les opérations suivantes… On a vu quelles étaient les opérations suivantes : compromettre les scientifiques des plus grandes universités mondiales. Les services français ont utilisé Madame Claude dans les années 70, mais c’étaient des femmes majeures et je n’ai pas le souvenir d’avoir vu des services secrets mettre en place un réseau d’esclaves sexuelles avec des gamines d’une dizaine d’années… C’est tout à fait incroyable. Ces gens n’ont pas de morale et l’objectif de cette bande était simplement de faire chanter les gens au profit des États-Unis et d’Israël.

On a découvert que Robert Maxwell était un agent du Mossad bien après qu’il a bâti son empire et, pendant tout ce temps, on lui a fait des courbettes, puisque les plus grands patrons de médias du monde entier allaient pleurer dans son bureau pour qu’il participe à l’augmentation de capital de leur journal, leur station de radio ou leur chaîne de télévision. Or, Robert Maxwell n’a jamais pu posséder un média en France : il ne pouvait rester que minoritaire, en raison de la loi qui imposait la condition de nationalité sur la détention des médias…

C’est très intéressant, mais le patron de BFM, Patrick Drahi, qui possède de nombreux journaux en France, aurait renoncé à sa nationalité pour devenir citoyen israélien ? N’est-ce pas extraordinaire ? Je pense que beaucoup seront d’accord avec mon raisonnement : je trouve aussi très étrange qu’un ancien patron du Mossad soit devenu aujourd’hui le patron du journal Libération !

Vous avez le carnet noir de Jeffrey Epstein…

C’est passionnant ! On voit bien qu’il a ciblé exclusivement les gens très très riches, puisqu’il était aussi dans la finance. Il avait travaillé avec l’oncle de Khashoggi. Pas celui qui a été découpé, mais le fameux marchand d’armes. Epstein a même le numéro du prince ben Salman. Il faisait aussi de la lessiveuse en proposant aux milliardaires de payer le moins d’impôts possible. Quand vous avez tous les numéros de téléphone d’une personne, celui de la maison de campagne tout comme celui du chalet à la montagne, vous vous dites qu’il y a une véritable conjonction. Mais l’enquête avance. D’ailleurs, Monsieur Brunel, le patron de l’agence Élite qui le fournissait en gamines de douze ans – Monsieur Ben Chemoul de son vrai nom – a été arrêté récemment alors que la justice française s’était endormie pendant assez longtemps.

Terminons cet entretien avec Bill Gates : que vient-il faire dans cette affaire ?

C’est la question majeure. Epstein a fait son testament deux jours avant son suicide, alors qu’il n’avait pas l’intention de se suicider, et il a nommé le bras droit de Bill Gates pour toutes les affaires pharmaceutiques qu’il suivait. Déjà, il y a quelque chose de surprenant. Bill Gates a été mis dans le conseil d’administration de cette œuvre de charité, au profit d’Epstein, œuvre qui a été mise en place par celui qui gère les retraites des agents de la CIA. C’est une opération qui a été aménagée dès les années 2000 et qui montre cette connivence incroyable entre la CIA, Epstein et Bill Gates : ce même Bill Gates qui nous parle, depuis les années 2000, de la nécessité de réduire la population mondiale de 15 % et du risque pandémique. Aujourd’hui, vous avez un plan de vaccination global qui est mis en place, alors que ce virus est une grippe beaucoup plus virulente que les autres et, si les hôpitaux sont pleins, c’est parce que nos hommes politiques ont pris le soin de supprimer près de 100 000 lits d’hôpitaux au cours de ces 15 dernières années. A chacun de réfléchir…

Écrit par Rédaction

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