Il incarne la génération des jeunes intellectuels dissidents.
Stanislas Berton, 39 ans, incarne la génération des jeunes intellectuels dissidents. Cet ancien éditeur de jeux vidéo a tout laissé tomber pour se consacrer à la défense de ses idées. Ses livres sont tous des succès de librairie. Il fait aussi le tour de France pour expliquer « la réalité de la guerre menée contre les peuples par une oligarchie transnationale qui s’est emparée des principaux leviers du pouvoir. » Stanislas Berton est venu à La Baule pour dénoncer ce qu’il appelle « l’empire du mensonge » lors d’une conférence. La salle était pleine, avec un public enchanté de rencontrer l’auteur des différentes éditions de « L’Homme et la cité ».
Kernews : À l’origine, vous êtes entrepreneur et créateur d’une start-up dans les jeux vidéo. Vous avez réussi dans ce domaine et vous auriez pu continuer de vous y développer en gagnant beaucoup d’argent. Pourquoi avoir tout sacrifié afin de vous consacrer à la France et aux idées politiques ?
Stanislas Berton : Je n’ai pas vraiment la réponse, parce que cela s’est fait d’un seul coup. J’ai créé une entreprise à 26 ans. Je me suis rendu compte que si j’aimais le monde de l’entreprise, je ne faisais pas ce que je devais faire. Quand je sens que je ne fais pas ce que je dois faire, je me mets en chemin pour essayer de trouver une réponse. Je pense l’avoir trouvée, puisque je donne des conférences et mes livres marchent bien. Il y a aussi cette question : si l’on ne le fait pas, qui le fera ? Les choses sont très graves. C’est aussi une manière de résister. Je ne me considère pas d’ailleurs du tout comme un intellectuel, mais plutôt comme un soldat. On est vraiment dans une guerre. C’est une guerre qui a changé de nature. Je suis allé visiter le blockhaus qui se trouve à Batz-sur-Mer. Autrefois, on résistait en prenant le maquis, en faisant sauter des trains, en sabotant les lignes de production. Aujourd’hui, on résiste en faisant certains sacrifices et en allant expliquer des choses aux gens.
Vous auriez pu faire de la politique…
Je ne cesse d’expliquer aux gens que ce n’est plus le bon cadre pour comprendre ce qui est en train de se passer. Je pense que la forme électorale n’est plus du tout adaptée et qu’elle fait même partie du problème. Il y a une chose très importante que l’on peut faire, si l’on veut sauver la France : c’est supprimer les partis politiques.
Votre combat, c’est la lutte contre le mondialisme. Qu’est-ce que cela signifie ?
Le mondialisme est un projet que l’on pourrait qualifier de politico-religieux et qui a différentes facettes. La première, c’est de vouloir aboutir à ce qui s’appelle une gouvernance mondiale, la destruction des États-nations, pour mettre le pouvoir dans des structures supranationales. On est dedans en ce moment : destruction de l’école, destruction de l’hôpital public, destruction de notre industrie et destruction de notre diplomatie qui est humiliée sur la scène internationale. Il faut détruire l’État. Il faut détruire tout ce qui est la société traditionnelle, tout ce qui distingue un peuple d’un autre, ses coutumes, ses traditions, ses mœurs. On devient des nomades, donc, on n’est plus enraciné dans un terroir. Pourquoi un projet religieux ? Parce qu’en fait, c’est une croyance. On a détruit la religion chrétienne et on l’a remplacée par une autre religion, qui se manifeste par le wokisme, par exemple. On peut se retrouver dans la religion gayatique. C’est-à-dire notre mère la Terre. On va sauver la planète… On est vraiment dans une logique religieuse. On va se sacrifier, on va même se mortifier, si cela peut aider à sauver notre mère la Terre. Si l’on ne réplique pas à cela, par justement du religieux, on se trompe. Je défends la France chrétienne, car on n’est pas armé pour combattre le mondialisme avec les bonnes armes.
Certains pensent que le mondialisme est positif car, avec un gouvernement commun, on pourra voyager et faire du business librement…
C’est une utopie. Les gens qui vont rejeter le communisme vont embrasser cette utopie mondialiste, qui est aussi une utopie et qui ne correspond pas du tout au réel. Le réel, on le sait depuis l’Antiquité grecque, c’est le politique : c’est-à-dire, c’est la différence entre des corps politiques, des Nations qui ont des intérêts qui peuvent être convergents ou divergents. Cette vision est essentiellement occidentale. Vous allez parler à un Russe, un Chinois, un Africain, ou quelqu’un du Moyen-Orient et le mondialisme ne les fait pas du tout rêver. Au contraire, ils ont le sentiment d’être attaqués et que l’Occident essaie de leur imposer ce modèle.
Certes, mais on vous rétorque qu’il s’agit d’arriérés qui ne sont pas à la page…
Le jeu est en train de basculer. L’Occident, il faut dire les choses franchement, est perçu par le reste du monde comme un asile de fous. Un asile de fous qui, en plus, essaie d’entraîner les autres dans sa folie. On est en train de faire un cordon sanitaire autour de l’Occident et c’est ce qui est en train de se passer avec les BRICS. Les pays que l’on considère en voie de développement ne veulent pas de ce qu’ils considèrent être notre décadence morale et spirituelle. Surtout, ils veulent se détacher de la tutelle financière, militaire et monétaire occidentale. Ils sont en train de faire leur propre système.
Sommes-nous en train de corriger Babel, c’est-à-dire que chacun devait partir sur sa propre terre, avec sa propre langue, et se diriger comme il l’entend ?
Le récit de la tour de Babel est un avertissement. C’est le danger de vouloir défier Dieu, parce que c’est ce que l’on veut faire. On parle du transhumanisme et on parle de tout ce qui est la modification du vivant. C’est une utopie qui est rejetée par une grande partie du reste du monde.
Il y a un point important dans vos travaux. Vous expliquez que tout ce qui relève du naturel, ce que les juifs, les musulmans ou les chrétiens pourraient dire comme fait par Dieu, l’Occident veut le contrecarrer…
Il y a quelque chose qui s’appelle la morale naturelle ou la loi naturelle, qui touche le vivant, qui touche les rapports hommes-femmes, etc. L’exemple, c’est le transgenre, qui est propre à l’Occident, qui devient même une espèce de totem, et qui est incompréhensible pour les autres cultures. Quand on fait de la politique, il faut regarder le réel. Aujourd’hui, on a des gens qui sont dans une idéologie qui est rejetée par le reste du monde. Ils essayent de l’imposer. En faisant cela, ils nous ridiculisent.
Sommes-nous marginalisés face au reste du monde ?
Cela a été prophétisé par Soljenitsyne, quand il est venu en Vendée. Il a dit précisément que les dissidents étaient à l’Est et qu’ils vont passer à l’Ouest. La différence, c’est que l’on ne s’en rend pas compte. Les gens qui vivaient sous le communisme en avaient conscience. Aujourd’hui, vous allez interroger les gens, ils considèrent que notre système est un modèle extraordinaire que tout le monde devrait copier. Il y a toutes ces injonctions, comme il faut que les Chinois ou les Russes se démocratisent, mais sans jamais se demander si cela intéresse ces peuples. On se considère comme un modèle, mais ce modèle est devenu un repoussoir pour une grande majorité des peuples de la planète.
Lorsque vous dites cela, on acquiesce, mais les autres sont malheureux. Quand ils auront notre modèle, ils seront heureux. Il y a une sorte d’évangélisation…
On est dans une logique religieuse. Le discours que l’on peut entendre sur la Chine, ou sur l’Ukraine, c’est que l’on n’est plus dans des conflits d’intérêts, c’est-à-dire des intérêts de pays, mais dans une croisade morale. Il y a le bien et le mal. Eux, ils pensent mal. Ils ne sont pas comme nous. Ils ont de fausses valeurs et il faut leur apporter les bonnes valeurs. Souvenez-vous de l’Irak, on va leur apporter la démocratie et à coups de bombes si nécessaire. Mais les gens ont compris cela.
Donc, selon vous, les Occidentaux ne s’en rendent pas compte, alors que les lois liberticides se multiplient, comme le fameux article 4 sur la liberté d’expression. Des comptes bancaires d’opposants sont fermés en France, ainsi que des associations et des organes de presse. Des manifestations sont interdites pour la simple raison qu’il pourrait s’y dire des choses dont on soupçonne qu’elles pourraient l’être…
Les gens ne sont pas informés, parce que ces informations ne sont accessibles qu’à ceux qui creusent ou qui s’informent par les réseaux sociaux. J’évoque des choses qui sont connues, même à l’étranger, mais que les gens en France ne connaissent pas. Vladimir Poutine disait que l’Occident est l’empire du mensonge. On nous dit que nous sommes la démocratie et les droits de l’homme, peu importe que cela soit vrai ou pas. L’important, c’est le discours, car c’est le discours qui crée les faits. Par la magie des mots, on va créer une nouvelle réalité. On est en train de glisser vers la dictature et le totalitarisme. Quand on dit cela, les gens répondent : « Mais vous exagérez quand même ! » Non, on n’exagère pas. Il est temps de s’en rendre compte.
Stéphane Séjourné, ministre des Affaires étrangères, vient de déclarer qu’il faut combattre la désinformation et sanctionner ceux qui donnent de fausses informations. Donc, il y a vingt ans, celui qui disait que Colin Powell mentait à l’ONU aurait été sanctionné…
Oui, tout à fait. Plus proche de nous, il y a tous les discours sur la Covid, par exemple sur l’efficacité des vaccins. Aujourd’hui, on a des textes qui sont issus de Pfizer eux-mêmes, qui expliquent que ce vaccin n’empêchait pas la transmission. C’est quelque chose qui n’a pas été inventé par un obscur complotiste, puisque c’est la documentation des fabricants eux-mêmes, qui ont été obligés de la diffuser sous la pression de différentes associations.
Lorsque vous le dites, on vous accuse : « Vous êtes un complotiste » !
C’est le mot qui tue tout. La technique consistant à décrédibiliser votre opposant en le traitant de complotiste, c’est quelque chose qui a été imaginé par la CIA dans les années 60, pour discréditer les gens qui se posaient des questions sur l’assassinat de Kennedy. On a un mémo de la CIA qui dit clairement que toute personne qui conteste la version officielle de la mort de Kennedy doit être qualifiée de complotiste. C’est une stratégie qui est utilisée pour éteindre la critique, le questionnement, les interrogations et les doutes légitimes. Staline disait à l’époque : « Traitez votre opposant de fasciste. Le temps qu’il se défende en disant qu’il n’est pas fasciste, en fait, il ne vous répondra plus sur le fond. » Aujourd’hui, c’est extrême droite, fasciste, complotiste, poutiniste… Il faut arrêter d’être effrayé et il faut demander aux gens de vous répondre sur le fond et ne pas se laisser intimider.
Évoquons le « soft power » dans ce combat politico-économique. Le plus connu, c’est celui des États-Unis, à travers les séries hollywoodiennes et les films. Qu’en est-il exactement ?
C’est le concept plus large de guerre hors limites. La manière d’imposer sa volonté passe par un grand nombre de vecteurs, c’est ce qu’on appelle la guerre de l’information, mais il y a aussi la guerre du droit. Les États-Unis utilisent le dollar comme instrument de pression. En France, on aurait un instrument très puissant, la géographie, puisque la France est un carrefour. La France peut décider de fermer ses frontières, ou d’imposer une taxe, comme le fait la Suisse avec les poids lourds qui veulent aller en Espagne ou en Angleterre, puisque la France est le verrou potentiel de l’Europe. La question centrale est celle de la volonté car, quand on a une volonté de défendre l’intérêt national, on trouve des solutions. Les gens qui nous dirigent ne veulent pas défendre l’intérêt national ou même l’intérêt de leur propre peuple. C’est la clé du problème. Quand vous avez renoncé à défendre la France, forcément, vous ne pouvez pas trouver les différents vecteurs du soft power ou du hard power que vous allez pouvoir déployer.
La langue peut-elle être un attribut de souveraineté ?
Bien sûr, la défense de la civilisation française passe par la langue. C’est une forme de guerre cognitive et de soft power. Regardez l’américanisation de la société française, que ce soit dans ses modes de vie, ou dans sa langue. Le chic, c’est de mettre des mots anglais partout. Les gens pensent pareil, voilà, on est devenu le 52ᵉ État ! Je rappelle que le français était une langue diplomatique qui, théoriquement, devait être utilisée à l’ONU et à l’Europe. C’est une catastrophe parce que, derrière la langue, il y a une pensée. La langue française est une langue qui a une capacité de penser le monde, qui a été louée et célébrée pendant des siècles, par tous les grands penseurs. C’est un trésor.
Que faire face à cette situation ?
Il y a plusieurs choses. D’abord, se former sur ces sujets et comprendre ce qu’est le mondialisme et ne plus tomber dans la politique électorale. Dans les familles, j’explique qu’il faut par exemple protéger les enfants des effets néfastes des écrans. Il faut aussi fonder des familles. Aujourd’hui, combien de jeunes disent que pour sauver la planète, ou parce que les choses sont tellement graves, ils ne veulent pas d’enfants. Mais faites des enfants et faites beaucoup d’enfants ! Mariez-vous, ayez des enfants et transmettez-leur ces choses, cette culture, cette tradition. Souvenez-vous de vos ancêtres. Ils étaient agriculteurs, ils savaient qu’il pouvait y avoir une averse de grêle et qu’ils ne mangeraient pas l’année suivante. Mon grand-père a fait la Deuxième Guerre mondiale, il est revenu d’un camp de prisonniers et sa mère ne l’a pas reconnu. Nos ancêtres ont vécu des choses tellement dures que c’est inimaginable pour nous. Mais la vie est une lutte. Je pense que, face à cela, on ne peut pas y arriver sans l’aide de Dieu. Dieu nous a dit que nous devions être féconds, nous multiplier et travailler la terre. Tout est cohérent. Le mondialisme nous demande d’être stériles, pour soi-disant sauver la Terre, donc toutes les dimensions sont complémentaires vu les difficultés qui nous attendent. On ne pourra pas s’en sortir sans l’aide de Dieu.