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Taoufik Djebali : « Les gens dénoncent l’intervention russe sur Facebook, mais cela s’arrête là. »

L’invité de Yannick Urrien : mercredi 2 mars 2022

On a eu peur de la Covid, on aura encore plus peur d’aller se battre contre l’armée russe.

Taoufik Djebali, spécialiste des relations extérieures américaines et maître de conférences en civilisation américaine à l’université de Caen Normandie, analyse la position des États-Unis sur le conflit en Ukraine. Il est titulaire d’un doctorat en civilisation américaine de l’université Paris-Sorbonne (Paris 4) et a publié de nombreux articles sur la société et l’économie américaine. Il appartient aux centres de recherche ERIBIA-LSA (université de Caen) et CERVEPAS (Sorbonne nouvelle – Paris 3).

Les phrases fortes de l’entretien

Si la situation se passe bien pour Vladimir Poutine, les Américains devraient faire attention à ce qui risque de se passer à Taiwan, car cela pourrait donner des idées aux Chinois. Dans ce contexte, les Américains regardent l’Europe sans oublier la question chinoise.

Je ne suis pas sûr que Poutine mènera l’aventure au-delà de l’Ukraine. Je ne suis pas sûr non plus que les Européens seraient prêts à aller se battre en Ukraine. Il y aura des conseillers, on va laisser partir des volontaires, mais on ne va pas envoyer nos armées pour s’opposer à l’armée russe.

La France est la septième puissance militaire du monde et, selon certains rapports, nous aurions dix jours de munitions et l’aviation tiendrait deux semaines…

L’opinion publique est affaiblie par deux ans de Covid et le peuple européen s’est installé dans un confort qu’il ne veut pas perdre. C’est ce confort qui rend le peuple assez mou. On a atteint un niveau de vie et on a envie de le garder, même en faisant des concessions d’ordre idéologique, moral ou politique. L’important est de maintenir ce niveau de vie. Il est certain que, face à la Russie, cela complique la situation, parce que les Russes ont un autre mode de vie. Ils ont l’habitude d’autre chose. Ils se sont accommodés à des dictatures et il est certain que l’opinion publique européenne n’est pas prête à mourir pour les Ukrainiens. Les gens dénoncent l’intervention russe sur Facebook, mais cela s’arrête là. Au-delà, je ne suis pas certain que les gens soient prêts à faire des sacrifices, y compris sur leur niveau de vie et leur confort de tous les jours. Je pense que Poutine a un autre calcul. Ce n’est pas la faiblesse des Européens qui l’intéresse, c’est plutôt la grandeur de la Russie qui l’intéresse et, s’il en avait les moyens, après l’Ukraine, il pourrait se diriger vers le Sud, vers un pays non européen, pour imposer ses règles.

Écrit par Rédaction

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