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Bernard Bertho : « Les élèves étaient assis sur des bottes de paille. »

L’écrivain baulois raconte l’histoire des écoles de La Baule.

L’écrivain baulois Bernard Bertho publie un nouveau livre sur le passé de La Baule. Cette fois-ci, il raconte l’histoire des écoles de La Baule. Intitulé « De la plume d’oie à la pointe Bic », cet ouvrage est diffusé dans toutes les librairies de la presqu’île. Il est édité par « Collection patrimoine de La Baule » et Franck Louvrier, maire de La Baule, l’a également fait mettre à disposition dans les écoles de la ville. Ce livre présente de nombreuses photos de classe jusque dans les années 80.


Kernews : Pourquoi avoir travaillé sur l’histoire des écoles de La Baule, alors que de tout temps il y a eu des écoles dans les bourgs ?

Bernard Bertho : C’est vrai, mais il y a une histoire particulière par rapport à Escoublac. Les moines avaient dans leur monastère une pièce qui servait à accueillir tous ceux qui souhaitaient parler français, écrire et compter. Il y avait deux monastères. Les élèves étaient assis sur des bottes de paille, sans cahier, sans crayon et même sans plume. C’était bien une plume d’oie qui servait à écrire.

Peut-on savoir à quelle époque remontent les premières écoles ? Il y a la version contemporaine, avec Jules Ferry, mais aussi ce sacré Charlemagne qui a inventé l’école, comme dit la chanson… Ainsi, les écoles auraient toujours existé ?

Oui, sous des statuts différents. Au départ, c’étaient les privilégiés qui allaient à l’école, mais pas seulement. Il y avait aussi ceux qui faisaient du commerce et ceux qui devaient voyager. Ils devaient avoir un minimum de connaissances, ne serait-ce que pour reconnaître les villes : par exemple, ils écrivaient le nom de Paris et, quand ils arrivaient à Paris, ils savaient qu’ils étaient bien parvenus à leur destination. Cela permettait de se débrouiller. Il y avait aussi le calcul, comme apprendre à faire une addition et une soustraction. Il y avait également l’envie des moines de partager leurs prières, en passant du latin au français.

Il faut bien préciser qu’il n’y avait pas de barrières sociales à l’entrée des écoles. Les gens y aillaient simplement en fonction de leurs besoins. Certaines familles n’éprouvaient pas celui d’envoyer leurs enfants à l’école, mais d’autres si…

Votre précision est importante. Il y avait des pauvres qui allaient à l’école et des riches qui n’y allaient pas. Il y avait même un professeur spécifique chez les seigneurs. C’était la seule différence. Ensuite, il y a eu ce besoin de généraliser l’école auprès de tout le monde.

La première école que vous avez pu identifier à La Baule date de 1694…

C’est exact. Ensuite, en 1833, il y a eu la loi Guizot avec le certificat d’aptitude pour aller à l’école. Tout le monde pouvait le passer et, à Escoublac, le maire a demandé la création de son école. Il a voulu que son secrétaire de mairie passe son diplôme. L’école était sous la responsabilité du maire et non du ministre de l’Éducation. C’était la mairie qui payait l’instituteur, qui achetait les tables et la craie, et les parents devaient payer. Il y avait un conseil municipal spécifique qui fixait le prix. Il y avait une catégorie pour les nécessiteux, qui pouvaient quand même être inscrits. C’étaient des classes avec une quarantaine ou une cinquantaine d’élèves. Les jeunes avaient soif d’apprendre.

Comment se fait-il qu’aujourd’hui, alors qu’en France nous avons l’Éducation nationale la plus stricte, la plus contrôlée, et sans doute la plus étatisée au monde, à l’exception de la Corée du Nord, nous connaissions autant de problèmes ?

Avant, il y avait une soif d’apprendre. Aujourd’hui, les jeunes ont plutôt envie de jouer avec leur smartphone, alors qu’à l’époque on voulait vraiment comprendre le masculin, le féminin, le pluriel…. Les parents étaient fiers que leurs enfants puissent lire quelque chose qu’ils ne pouvaient pas lire. Tout se faisait autour de la lecture, du calcul et de la connaissance du monde.

Vous citez les noms de nombreux instituteurs…

Ce sont les hussards de la République qui ont façonné l’ensemble des enfants de la commune. Ces instituteurs étaient aussi le chef de la fanfare, le responsable de la gymnastique… Ils n’étaient pas simplement dans leur salle de classe. Les communes se sont toujours adaptées aux différentes lois et c’est à partir de l’avant-guerre que l’école est devenue plus nationale. Les directeurs ont été nommés par le ministère. Il y a aussi un moment qui m’a étonné : pendant la guerre de 39-45, toutes les écoles ont été réquisitionnées par les Allemands et les enfants ont été disséminés un peu partout. À Vallet, il y a eu des enfants réfugiés. Malheureusement, l’un d’entre eux, en jouant avec un engin explosif trouvé par terre, a été tué. Autre chose intéressante, j’ai retrouvé les motifs des absences. Souvent, il y avait « Maladie », mais il y avait aussi « Utile à la maison ».

Écrit par Rédaction

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