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Confinement : une analyse qui démonte les théories complotistes et qui place nos technocrates face à leurs responsabilités

Yves Laisné : « Ils font une expérience de contrôle social en explorant les limites d’acceptabilité de la population. »

Contrairement aux théories complotistes qui circulent sur les réseaux sociaux à propos d’un projet de gouvernement mondial qui voudrait asservir les peuples, Yves Laisné rappelle d’abord que les pays n’ont pas la même réponse face à la crise. Ainsi, en Allemagne, on respecte davantage les commerçants et les patrons de PME, tandis qu’en France la technostructure n’aime pas les commerçants et c’est pour cette raison que les banques n’ont reçu cette fois-ci aucune consigne pour aider les entreprises. Il souligne que ce confinement permet aussi de mener une expérience de contrôle social pour explorer les limites d’acceptabilité de la population. Yves Laisné va plus loin, en revenant sur la lutte contre le réchauffement climatique. Il explique pourquoi cette idée, qui a été lancée par les compagnies pétrolières, requiert des changements de comportement, or la capacité de la population à consentir à ces évolutions ne passera que par des contraintes sociales.

Yves Laisné est docteur en droit, ancien enseignant-chercheur à l’Université, ancien auditeur de l’IHEDN, jurisconsulte pour le droit français inscrit sur la liste du Kammergericht de Berlin et auteur de plusieurs ouvrages juridiques. Il vient de publier deux ouvrages analysant les structures actuelles de la société française.

« Le Ve Empire » avec « Dans les ténèbres » (Tome I) et « Vers la lumière » (Tome II) d’Yves Laisné est publié chez VA Éditions.

Écoutez l’entretien intégral avec Yves Laisné.

Extraits de l’entretien

Aujourd’hui, la mort ne fait plus partie de la vie.

«  Ce n’est pas la première fois que nous avons une épidémie grave. Il y a eu la grippe espagnole, qui aurait tué 400 millions de personnes dans le monde et, beaucoup plus près de nous, la grippe asiatique entre 1956 et 1958 qui aurait tué 100 000 personnes en France. J’étais enfant à l’époque et, à la maison, on disait simplement qu’il fallait faire attention parce qu’il y avait la grippe asiatique. Je me suis intéressé aux éléments du PIB au cours de cette période et il y a eu un fléchissement de la croissance : on était à 2 à 3 %, contre 5 %. Pour le reste, il n’y a pas eu de confinement. Il est probable que les hôpitaux aient étaient saturés, mais personne n’en parlait et il est probable que des personnes soient mortes chez elles, mais personne n’en parlait. Quelques années après la guerre, la mort faisait encore partie de la vie. Aujourd’hui, la mort ne fait plus partie de la vie. La mort est devenue scandaleuse, on le voit bien avec les malheureux militaires qui sont victimes en opérations. C’est triste, c’est épouvantable pour leurs familles, mais ce sont des gens qui ont choisi le métier des armes où l’on risque sa vie à tout instant. En 14-18, des milliers de gens mouraient tous les jours, c’était logique, c’était la guerre. Mais de nos jours, dans les opérations en Afrique, si un sous-officier meurt, à la limite dans un accident de voiture, on va lui faire des funérailles nationales avec le président de la République. C’est triste et c’est épouvantable, la mort d’un militaire, mais cela fait partie des risques du métier. Or, c’est devenu scandaleux et on en fait un événement extrêmement important. On s’aperçoit que le politique dépend d’un comité scientifique et qu’il ne fait plus des choix politiques. En réalité, le politique ne décide plus. Nous sommes dans une technocratie totale et il y a un problème d’équilibre entre la protection et la liberté. Aujourd’hui, le curseur est du mauvais côté, puisqu’il est du côté de la contrainte sociale. Cette épidémie est une bonne occasion pour un certain nombre de gens qui n’aiment pas la liberté. La presse est-elle crédible pour parler du nombre de morts et d’hospitalisations ? J’ai un exemple que je peux citer. La tante d’une amie vient de mourir à 92 ans. Elle avait six pathologies graves, dont diabète, hypertension et insuffisance cardiaque, et elle n’était maintenue en vie que par une trentaine de pilules journalières. Elle veut aller rendre ses derniers devoirs à sa tante à la maison de retraite. On lui dit qu’elle ne peut pas entrer et elle voit que sa tante a été mise dans un sac avec l’inscription Covid ! Cela veut dire que cette dame de 92 ans, avec six pathologies différentes, qui était maintenue en vie artificiellement par une boulimie médicamenteuse, est rentrée dans les statistiques du Covid… »

Le chef d’entreprise, notamment de PME – pas celui du CAC 40, qui fait partie du cercle – n’est pas aimé.

Évoquons la situation économique. Lors du premier confinement, les banquiers avaient reçu des consignes pour aider les petites entreprises, alors que cette fois-ci un banquier vient de me confirmer qu’il n’avait aucune directive et qu’il incombait à chacun de se débrouiller. Est-ce maintenant le règne du chacun pour soi ?

Nous sommes gouvernés par des fonctionnaires et le fonctionnaire moyen n’a jamais connu la vraie vie, avec les fins de mois difficiles. C’est la caverne de Platon à l’envers. En plus, il n’y a pas très longtemps encore, on appelait les commerçants les « mercantis » dans certains milieux intellectuels. Il est très important de savoir qu’on ne les aime pas dans les milieux administratifs. Le chef d’entreprise, notamment de PME – pas celui du CAC 40, qui fait partie du cercle – n’est pas aimé. En réalité, ce gouvernement, qui est profondément technocratique, n’aime pas les petites et moyennes entreprises, même s’il raconte le contraire. Lors du premier confinement, comme ils ne savaient pas exactement ce qui allait se passer, ils ont été très prudents en craignant un effondrement brutal de l’économie. Alors, ils ont fait les fameux PGE et les prêts rebonds. Mais ces prêts garantis par l’État étaient destinés à éviter la chute d’entreprises dont les exercices précédents n’avaient pas été mauvais. En revanche, pour celles qui étaient déjà en difficulté, elles n’avaient qu’à crever, puisque les PGE n’étaient pas accordés à des entreprises qui avaient un mauvais bilan 2019. Il y avait déjà dans l’air l’idée de nettoyage. Aujourd’hui, ils se sont aperçus que le tissu économique avait à peu près résisté et on va un peu plus loin dans le nettoyage. Cela ne se passe pas du tout comme cela en Allemagne puisque, plutôt que de faire des prêts garantis, ils ont opté pour des subventions. Si vous réfléchissez bien à la logique du PGE qu’il faut rembourser, ce n’est pas du tout une logique de sauvetage des entreprises : c’est une logique de lissage d’un tsunami de faillites…

On ne peut pas imaginer que le changement énergétique se fasse dans un monde de liberté ! C’est pour cette raison que nous avons en ce moment des attaques très fortes contre la liberté individuelle, parce que la liberté individuelle pourrait être un obstacle à cette conduite du changement énergétique.

Tout cela ne confère-il pas du crédit aux théories complotistes qui évoquent le Grand Reset, avec des milliers de faillites ?

Le Grand Reset, ce n’est pas une invention, puisque c’est le titre d’un livre de Klaus Schwab, qui est le président du Forum de Davos. C’est une personnalité de premier plan. Le concept existe d’un bouleversement qui pourrait être mondial, avec des différences selon les pays, et l’on peut se demander d’où vient cette idée de grand changement. En réalité, elle est liée à la propagande sur le changement climatique. Derrière tout cela, il y a quelque chose de réel : c’est le « Pic oil ». Cela veut dire qu’à un certain moment, la production d’hydrocarbures ne pourra plus faire face à la demande. Cette idée existe depuis les années 30. Les gens du milieu pétrolier considéraient qu’il n’y allait plus y avoir assez de pétrole, ce qui poserait un problème considérable, et ils penseraient que le pétrole s’épuiserait à partir de 1950. Dans les années 50, on a dit que cela commencerait dans les années 70 et, dans les années 70, on a dit que ce serait dans les années 2000. Maintenant, on dit que ce sera en 2040. Le fait que le « Pic oil » semble s’éloigner comme un mirage donne l’impression à un certain nombre de gens que cela ne se produira jamais. Mais cela se produira. Et cela s’est peut-être même déjà produit. Par exemple, il faut aller chercher le pétrole de plus en plus en profondeur, des pétroles alternatifs, et il faut chercher sans arrêt de nouveaux gisements. Selon certaines sources, le « Pic oil » se serait produit en 2019. Il y a une relation fortuite, mais elle existe. C’est un vrai souci pour les gens qui réfléchissent à l’avenir de l’humanité. Ces organismes de réflexion sont très puissants et le problème qui se pose, c’est qu’aujourd’hui 70 % de l’énergie dans le monde provient des hydrocarbures. On est dans une civilisation thermo-industrielle, nous dépendons entièrement de l’énergie et si, demain, l’électricité s’arrête, nous tombons dans le monde de Mad Max. Il faut savoir que ce sont les pétroliers eux-mêmes qui sont à l’origine de toutes les idées écologistes d’énergies renouvelables. Ils demandent l’utilisation chimique du pétrole en arrêtant le gaspillage monstrueux qui correspond à l’utilisation énergétique. C’est la doctrine du cartel du pétrole dans le monde. Donc, il y a probablement un réchauffement climatique. Il y a effectivement une activité humaine énergétique qui produit du CO2, mais personne n’a démontré de manière probante le lien de causalité indiscutable entre l’activité humaine et le phénomène de réchauffement climatique que nous constatons. La question du « Pic oil » est extrêmement importante et, comme c’est difficile à vendre, on vend le changement climatique. Mais le résultat est le même, puisqu’il s’agit de passer aux énergies renouvelables. Le problème qui se pose, et qui se retrouve à travers les mesures liberticides prises à l’occasion de la pandémie, c’est qu’un certain nombre de mouvements intellectuels ont réussi à vendre à ces cercles de réflexion mondiaux l’idée que le changement énergétique ne pourrait être conduit que dans la contrainte sociale. On ne peut pas imaginer que le changement énergétique se fasse dans un monde de liberté ! C’est pour cette raison que nous avons en ce moment des attaques très fortes contre la liberté individuelle, parce que la liberté individuelle pourrait être un obstacle à cette conduite du changement énergétique, qui est indiscutablement nécessaire car il faut éviter le monde de Mad Max. Un certain nombre d’intellectuels pervers, notamment dans la fonction publique, ont vendu à ces cercles de réflexion que cela ne pourrait se faire que dans la contrainte.

L’ordre dirigeant de la haute fonction publique explore les limites de l’acceptation sociale, c’est pour cela qu’ils tâtonnent…

Mais quel avenir peut-on envisager pour tous ces commerçants qui sont à la rue, avec un confinement qui pourrait durer plusieurs mois ?

Vous savez qu’ils font une expérience de contrôle social en explorant les limites d’acceptabilité de la population. Quand ils disent par exemple que les cyclistes et les joggeurs n’ont pas besoin de porter de masque, c’est parce qu’il y a un problème de limite d’acceptabilité. Le peuple français est imprévisible et il peut y avoir un soubresaut de colère d’un seul coup. L’ordre dirigeant de la haute fonction publique explore les limites de l’acceptation sociale, c’est pour cela qu’ils tâtonnent…

C’est ce que l’on fait dans un dressage d’animaux…

Je suis tout à fait d’accord et c’est ce que nous sommes en train de vivre. C’est le communisme 2.0, c’est le communisme chinois : on laisse les gens produire, mais on les tient avec une laisse électronique.

Que va-t-on faire de ces millions de commerçants et d’indépendants au cours des prochains mois ?

On va en faire des assistés. En France, ils naviguent à vue, car en Allemagne il n’y a pas de confinement, contrairement à ce que l’on pense, et la plupart des commerces restent ouverts. La seule chose qu’ils ferment, ce sont les restaurants, les bars et les salles de fitness. Je suis passé à la gare centrale de Berlin et tous les commerces étaient ouverts. Le gouvernement allemand a le souci de ne pas tuer son économie, parce qu’en Allemagne il n’y a pas une haute fonction publique comme en France. D’abord, c’est un pays fédéral et il y a également le fait que les Allemands ont appris à la Libération à créer une société entièrement nouvelle. C’est une société profondément attachée à la liberté individuelle. C’est pour cela que la circulation des espèces est libre. Personne ne s’occupe de ce que vous faites quand vous êtes dans les affaires et il n’y a pas d’ordre fonctionnarial dominant comme c’est le cas en France.

Écrit par Rédaction

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