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Olivier Vial, directeur du CERU : « Demander une minute de silence pour une victime, c’est aujourd’hui considéré comme du fascisme. »

Dans de nombreuses communes et universités, des militants de gauche sont venus perturber un hommage rendu à Philippine, cette jeune femme tuée dans le bois de Boulogne par un homme sous OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français). Comment peut-on expliquer ces contre-manifestations accompagnées de chants antifascistes ? Nous avons demandé à Olivier Vial de nous livrer son analyse sur ce sujet.

Olivier Vial est directeur du CERU (Centre d’études et de recherches universitaire), laboratoire d’idées indépendant, et ancien membre du Comité consultatif auprès du Haut Conseil de l’Éducation.

Kernews : Pourquoi est-ce dans les universités que l’on a pu observer le plus de perturbations lors des hommages à Philippine ?

Olivier Vial : Nous sommes convaincus que l’université est l’endroit où l’on forme les futurs cadres de demain, les futures élites, mais c’est aussi l’endroit où les idées les plus folles ont prospéré, jusqu’à être le terreau d’une contestation extrêmement virulente, comme le wokisme ou le nouvel antisémitisme que l’on voit apparaître dans la société française. Ce sont des racines qui sont nées dans les universités.

Au cours des cérémonies organisées en hommage à Philippine, il y a eu des manifestations pour troubler ces rendez-vous. Après des recherches sur le profil de ces manifestants, on a découvert qu’ils comportaient beaucoup d’étudiants, de professeurs et d’universitaires…

Il y a deux événements extrêmement inquiétants. D’abord, certains étudiants ont voulu rendre hommage à cette étudiante décédée après avoir été agressée par un migrant sous OQTF. Ils ont voulu lui rendre hommage en collant son portrait dans certaines universités. Très rapidement, ces affiches ont été arrachées et elles ont eu une durée de vie de quelques minutes, tout cela en raison de l’action de militants de gauche. C’est malheureusement cette même philosophie qui fait qu’il y a quelques mois, dans les universités, on a pu constater que les affiches en hommage aux otages israéliens ont été, elles aussi, arrachées. À Sciences Po, on a vu des étudiants arracher ces affiches en considérant qu’elles étaient racistes. On a même vu des enseignants applaudir ce genre d’opérations. Vous avez raison, c’est quelque chose que l’on retrouve essentiellement dans certaines grandes écoles et l’on constate cela depuis un peu plus d’un an. C’est par les élites que cette idée totalement folle se répand. Pour eux, Philippine n’a pas été assassinée par la bonne personne et donc, comme c’est un migrant sous OQTF, il ne faut pas en parler. Il faut effacer ce crime pour ne pas stigmatiser les migrants ! Cette idéologie ne peut naître que dans les esprits qui ont été totalement formatés par les nouvelles théories du wokisme et de la lutte décoloniale. Le commun des mortels est forcément en sympathie avec la famille de Philippine et ses amis, car c’est un crime abominable. On ne peut pas accepter le fait d’arracher ces affiches et d’interrompre une minute de silence. Demander une minute de silence pour une victime, c’est aujourd’hui considéré comme du fascisme, ce qui est surréaliste !

On a également remarqué des profils d’enseignants du quotidien dans des villes de province…

Dans ce que l’on a remarqué, il y a Sciences Po, Grenoble, Lyon et des villes où il y a une très forte présence des mouvements d’extrême gauche. Une petite musique se développe sur le fait qu’il y a une sorte d’instrumentalisation. Mais c’est toujours à sens unique. Quand il y a un meurtre, ou un viol, commis par une personne qui n’est pas sous OQTF, ce sont les premiers à faire le procès de cette personne. Nous sommes tous contre les viols et les meurtres, et nous sommes tous solidaires de cette émotion. Alors, pourquoi sommes-nous dans un déni total dans ce cas précis ? Ce qui est dramatique, c’est cette volonté d’effacer la victime par une personne qui ne peut pas être un agresseur… C’est ce que l’on retrouve dans les luttes intersectionnelles. Une personne issue d’une minorité est, par essence, une victime et donc elle ne peut pas être un agresseur. Pour eux, il y a une forme de bug, car une personne migrante sous OQTF est avant tout une victime dans leur esprit. Or, cette personne est coupable, la majorité des Français savent cela. On a un problème avec une petite partie de l’immigration. Il y a 160 000 OQTF qui sont prononcées chaque année et, sur ces 160 000, 7 % des intéressés sont considérés comme susceptibles de provoquer des troubles à l’ordre public. Cela fait quand même plus de 10 000 personnes qui devraient être exclues de notre territoire national en priorité, car on sait que leurs profils sont menaçants. Ce n’est pas l’extrême droite qui dit cela, mais la justice… Donc, il ne faut pas détourner le regard. Malheureusement, à force d’idéologie, beaucoup refusent de voir la réalité en face. Donc, on accuse ceux qui décrivent cette réalité d’être des fascistes ou d’être d’extrême droite. La première chose à faire, pour répondre à cet enjeu de société, c’est de regarder la réalité en face en ne se laissant pas aveugler par des idéologies.

Lorsque l’on lit de grandes épopées historiques, on constate que même les Barbares pouvaient avoir des temps de respect à l’égard des morts et de leurs familles, et ne touchaient pas aux cérémonies de leurs ennemis. Sommes-nous tombés plus bas ?

Oui, pour ces gens qui arrachent les affiches, on se trompe de victime : donc, la victime ce n’est pas Philippine, mais la personne qui est sous obligation de quitter le territoire. Donc, ce n’est pas le bon coupable. Il y a quelques années, on a eu la même chose avec des viols commis par des migrants en Allemagne et il ne fallait pas en parler, pour éviter de stigmatiser une population. En fait, c’est un combat politique et idéologique, car ces gens refusent la réalité. Cette dérive a toujours existé dans certains courants de gauche, mais aujourd’hui cela devient vraiment radical et c’est la réalité qui devient réactionnaire et fasciste. Ces gens sont dans un monde totalement virtuel, où les minorités sont des victimes et où les blancs sont des bourreaux. Dès lors que nous ne sommes pas dans ce schéma, ces gens sont prêts à tout pour que l’on n’en parle pas. C’est quelque chose qui est totalement irréel pour le commun des mortels. Aujourd’hui, c’est bien documenté par tout un courant intellectuel qui finit par créer des filtres. Ce courant est extrêmement présent dans les universités et dans les grandes écoles, notamment dans les sciences sociales. Tout cela a vocation à se substituer à la réalité pour décrire un autre modèle. C’est un renversement extraordinaire.

Inversons le raisonnement, en prenant des illustrations sans pour autant les cautionner : par exemple, il y a quelques années, lorsqu’un commerçant harcelé par l’inspecteur des impôts sortait son fusil, ou lorsqu’un paysan faisait la même chose face à un contrôleur tatillon, certains disaient que l’on pouvait les comprendre… Chacun peut avoir sa propre interprétation des faits divers…

Nous sommes dans une société où il faut bien rappeler que la violence ne peut pas être acceptée. La seule violence légitime, c’est celle de l’État et de la police. C’est quelque chose qui est contesté et c’est ce qui finit par dissoudre la communauté nationale. Lorsque l’on commence à dire que la police tue et qu’elle n’est pas légitime à utiliser la force, effectivement, on est face à des problèmes de plus en plus importants. Au cours des six derniers mois, on a assisté à des refus d’obtempérer qui sont toujours plus importants. Un refus d’obtempérer toutes les 20 minutes, c’est quand même très inquiétant. 75 % des refus d’obtempérer sont commis par des moins de 30 ans, ce qui signifie que dans cette nouvelle génération, formée par cette sociologie qui considère que la police n’est pas légitime, il n’y a plus de respect de l’autorité et il n’y a plus de crainte à foncer sur la police quand elle essaie de s’interposer. Cet imaginaire est extrêmement dangereux, car on assiste à une contestation de la violence légitime et chacun peut choisir qui est la victime et qui est le bourreau. Or, nous devrions tous être d’accord sur le fait que Philippine est une victime et qu’en tant que victime, elle mérite totalement notre sympathie et notre compassion. De l’autre côté, on a une personne qui a déjà été condamnée pour viol, qui sort d’un centre de rétention administrative, et qui commet un viol et un meurtre deux jours après. Donc, ce n’est pas normal. Faire ce constat, c’est simplement regarder la réalité en face. C’est aux politiques de trouver des solutions pour éviter que ce cas de figure se reproduise. Vouloir effacer cette affaire, cela relève d’une violence très grande, tout comme d’une irresponsabilité publique.

Écrit par Rédaction

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