Enquête sur la découverte de la tombe de Saint Pierre
Pierre Jovanovic est journaliste, auteur, économiste et directeur littéraire des éditions du Jardin des Livres. Il a eu connaissance il y a quelques années de l’ouvrage fascinant de Margherita Guarducci, qui a découvert la tombe de Saint Pierre, et il a décidé de le traduire. Margherita Guarducci (1902 – 1999) était une archéologue et épigraphiste italienne. Elle a été la première femme à diriger, en 1952, des fouilles archéologiques dans la nécropole du Vatican, découvrant notamment des reliques dans la tombe de Saint Pierre. Margherita Guarducci n’étant plus de ce monde, c’est Pierre Jovanovic qui répond à nos questions.
« La découverte de la tombe de Saint Pierre : la plus mystérieuse des aventures archéologiques du XXe siècle » de Margherita Guarducci (traduction Pierre Jovanovic et Anne Marie Bruyant) est publié aux éditions du Jardin des Livres.
Kernews : Comment avez-vous été amené à enquêter sur le mystère de la tombe de Saint Pierre et à traduire le livre de Margherita Guarducci ?
Pierre Jovanovic : En 2013, le Pape François a fait une messe retransmise dans le monde entier, sauf en France, pour reconnaître une fois pour toutes que Saint Pierre de Rome a bien été construite au-dessus de la tombe de Saint Pierre et que les os que l’on a retrouvés étaient bien ceux de Saint Pierre. En France, tout cela a été censuré. Je me suis penché sur l’ouvrage de Margherita Guarducci, j’ai trouvé que c’était incroyable et j’ai donc décidé de le traduire. Les trois découvertes archéologiques majeures dans l’histoire de l’humanité sont la tombe de Toutankhamon, la découverte de Troie et la découverte de la tombe de Saint Pierre. Aujourd’hui, nous sommes à une époque où l’on détruit les statues de Saint Michel et les églises, donc je comprends que la France ait choisi de ne pas parler de cette messe du Pape François. Les protestants ont toujours pensé que Saint Pierre n’avait jamais mis les pieds à Rome et que cette basilique n’avait pas lieu d’être. Ensuite, il y a eu des archéologues israéliens qui ont fait des séries entières pour dire que Pierre n’avait jamais existé. C’est très intéressant, parce que c’est une vraie guerre de l’information. En 1939, le Pape Pie XI a demandé à être enterré près du compagnon de Jésus mais, comme il n’y avait pas de place, les ouvriers ont commencé à taper un peu dans tous les sens pour trouver de la place. Ils sont tombés dans un trou et ils se sont retrouvés dans une véritable nécropole du premier siècle. Le Vatican ne savait même pas que cela existait. C’est à ce moment-là que Margherita Guarducci est intervenue.
Margherita Guarducci a su déchiffrer les codes autour du tombeau de Saint Pierre car, à l’époque, les chrétiens étaient persécutés…
Elle était épigraphiste, elle analysait les graffitis sur les murs, elle a fait ses premières armes en Grèce. N’oubliez pas que pendant trois siècles, les chrétiens ont été jetés comme repas du soir aux fauves. Il a fallu la conversion de Constantin pour qu’il s’intéresse au tombeau de Pierre où se produisaient des miracles. Il faut comparer le tombeau de Pierre à celui de Charbel Makhlouf, un moine libanais du XIXe siècle, mort dans l’anonymat le plus total et jeté dans un trou. Il y a eu ensuite des événements surnaturels autour de cette tombe et les villageois ont découvert que ce moine faisait des miracles pour toute personne qui déposait des prières sur sa tombe. Je rappelle que la femme de Carlos Ghosn a dit récemment à la télévision libanaise qu’elle avait été prier sur la tombe de Charbel Makhlouf pour que son mari puisse s’évader du Japon… Il s’est passé la même chose pour Pierre qui a été jeté comme un malpropre dans un trou, sur cette colline du Vatican qui à l’époque était un dépotoir. C’était le lieu où les Romains avaient autorisé les esclaves à jeter les cadavres. À l’époque, le Vatican était un endroit totalement nauséabond, c’est ce que rappelle Margherita Guarducci, mais les gens sont venus de plus en plus nombreux prier autour de la tombe de Pierre.
Elle a localisé le tombeau, alors que l’on savait quand même que Pierre était sur ces lieux. Plutôt que d’une découverte, ne peut-on pas parler de preuve ?
Le livre comporte de nombreux documents et dessins. Une nécropole, c’est un cimetière. Margherita Guarducci a pu évoluer en décryptant les graffitis, jusqu’à déceler la tombe de Pierre. Les graffitis étaient différents en fonction des siècles et elle explique comment elle a travaillé. De tous les apôtres du Christ, Saint Jude est celui qui rapporte le plus d’argent dans les troncs de l’Église catholique. Pourtant, on ne sait pas trop où il a été enterré. De tous les apôtres du Christ, seul Pierre bénéficie de cet édifice extraordinaire, sans doute le plus beau au monde.
C’était le site où l’on jetait tous les cadavres des esclaves et des gueux. Dans ce contexte, comment a-t-on pu identifier Pierre ? L’archéologue apporte des pistes à travers sa crucifixion, mais également le fait qu’il avait eu la maladie des pêcheurs…
D’abord, elle observe que les prières sont de plus en plus ardentes au fur et à mesure que l’on se rapproche de la tombe de Pierre. Il a été crucifié la tête à l’envers et, sur les os qui ont été retrouvés, on a pu constater que les pieds manquaient. Les techniques de médecine légale confirment qu’il s’agissait bien d’un homme d’une soixantaine d’années, assez robuste, et qu’il avait de l’arthrose, qui est la maladie des pêcheurs. Il y a eu des analyses ADN très pointues et, si le Pape François a décidé de dire une messe retransmise dans le monde entier, c’est parce qu’il y avait bien une certitude. Je me repose aussi sur cette phrase extraordinaire du Christ, quand il a rencontré le pêcheur Simon, car au bout de quelques secondes, il l’a baptisé Pierre en précisant : « C’est sur ta tombe que je vais construire mon église. » C’est exactement ce qui s’est passé ! J’ai pris la décision de publier Margherita Guarducci parce que j’étais tombé sur ses travaux en préparant le livre « 888 ». N’oubliez pas que chez les juifs, on ne dépose pas de fleurs sur une tombe, mais des pierres. Le Christ a déposé des monceaux de pierres en annonçant la basilique de Saint Pierre. C’est comme si la phrase du Christ se matérialisait sous nos yeux. N’oubliez pas que sur les douze apôtres, Simon est le seul pour qui le Christ change le nom à la seconde où il le rencontre. Seul Pierre bénéficie d’un tel édifice. Il ne faut pas oublier Jacques, à Compostelle, et Marc, à Venise. Les autres apôtres n’ont pas bénéficié d’un tel cadeau de la part du Christ. Le message implicite, c’est que Pierre a réussi son destin, à savoir répandre le christianisme. Finalement, il a fallu attendre deux mille ans, à travers toutes ces preuves, pour remettre l’église au milieu du village… Ce qui est intéressant aussi, c’est que tous les travaux de Margherita Guarducci ont été financés par un milliardaire texan qui a fait fortune dans le petros en grec, en l’occurrence le pétrole. Et la signification de petros est pierre en français. N’est-ce pas un signe prodigieux ?