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Yves Laisné : « La France est un État de droit en déclin. »

Selon un enseignant-chercheur et jurisconsulte, notre excès de lois et de normes rapproche la France de l’Union soviétique ou du Troisième Reich.

Yves Laisné est docteur en droit, ancien enseignant-chercheur à l’Université́, ancien auditeur de l’IHEDN, jurisconsulte pour le droit français inscrit sur la liste du Kammergericht de Berlin et auteur de plusieurs ouvrages juridiques. Il cumule une expérience diversifiée de la fonction publique, de l’organisation patronale, de chef d’entreprise, dans le conseil stratégique, les fusions acquisitions et la transmission d’entreprises. Cet intellectuel indépendant et profondément libéral a mené́ une expérience de la métapolitique acquise au cours de longues années de lutte contre l’idéologie communiste.

Yves Laisné vient de publier deux ouvrages analysant les structures actuelles de la société́ française. Il s’adresse, bien sûr, à un public universitaire et intellectuel (juristes, économistes, analystes politiques et du renseignement, stratèges…), mais aussi à toute personne désireuse de comprendre pourquoi la France ne sort pas de la crise, pourquoi les élites ne répondent plus aux attentes du peuple, pourquoi des mutations en profondeur sont nécessaires et comment elles sont possibles à peu de frais.

« Le Ve Empire », avec « Dans les ténèbres » (Tome I) et « Vers la lumière » (Tome II), d’Yves Laisné est publié chez VA Éditions.

Yves Laisné explique pourquoi, selon lui, l’Allemagne s’en est mieux sortie que la France : « Ce qui est intéressant, dans l’exemple allemand, et c’est ce qui gêne beaucoup nos commentateurs, c’est que l’Allemagne s’est retrouvée avec un nombre de morts très inférieur à celui de la France, avec un traitement beaucoup plus efficace de la pandémie, et l’on s’est demandé pourquoi. La réalité peut être assez choquante pour des oreilles administratives : c’est qu’au début des années 2000, dans l’agenda 2010 du chancelier Schröder, la majeure partie du secteur hospitalier allemand a été privatisée et ce sont trois grandes entreprises qui détiennent la plupart des hôpitaux. Cette gestion privée a eu pour effets une meilleure prévision, une meilleure réactivité et des coûts moins élevés, avec une efficacité très supérieure à celle de la France. La réalité, c’est que c’est la crise de l’économie administrée et l’organigramme du monde de la santé et du monde hospitalier reflète un système totalement échevelé avec des hautes autorités et des autorités secondaires… C’est effrayant. »

Les dictatures ont toujours d’excellents motifs : cela peut être la construction d’un empire millénaire, cela peut être la construction du socialisme contre ses ennemis, la lutte contre les anarchistes ou les communistes, comme le faisait Franco..

Dans son livre, il estime que notre excès de normes et de lois nous rapproche de l’Union soviétique ou du Troisième Reich : « J’ai choisi le Ve Empire pour faire un jeu de mots avec la Ve République et le Troisième Reich, puisque Reich est la traduction d’Empire, avec un drapeau qui a la structure graphique de celui du Troisième Reich. Cette crise donne à mon ouvrage une certaine actualité en raison de ma crainte que ce système extrêmement administré ne tourne un jour à une dictature. Les dictatures ont toujours d’excellents motifs : cela peut être la construction d’un empire millénaire, cela peut être la construction du socialisme contre ses ennemis, la lutte contre les anarchistes ou les communistes, comme le faisait Franco…Il y a toujours d’excellentes raisons. Aucune dictature ne s’est jamais instituée en disant : « Nous sommes les plus forts et taisez-vous ». Il n’y a sans doute que Gengis Khan qui ait fait cela. Dans la période contemporaine, la dictature a toujours d’excellents motifs. Aujourd’hui, c’est la santé. Alors, on nous explique qu’il faut protéger les gens et l’on se réfugie derrière des médecins qui connaissent leur métier de médecin, mais qui ne connaissent pas le reste. Ce ne sont pas des sociologues, des polytechniciens, des juristes ou des hommes d’État et, sous couvert de médecine, on traite des questions de droit constitutionnel et de libertés publiques, des questions économiques, des questions sociales… On laisse mourir des gens qui ne sont pas atteints du coronavirus, mais qui ont d’autres pathologies et qui ne sont pas soignés et qui vont, bien entendu, rentrer dans les statistiques du coronavirus. On prétend, de manière parfaitement divinatoire, que l’on a sauvé 60 000 personnes, alors qu’en réalité personne n’en sait rien, et que l’on en a peut-être fait mourir autant d’un autre côté. Il meurt en France en moyenne 600 000 personnes par an et la statistique de mortalité qui s’est actuellement développée ne fait pas varier la statistique annuelle de manière significative. »

S’il n’y a plus de sécurité juridique, l’État de droit est en déclin .

Selon lui, la France est un Etat de droit en déclin : « La France est un État de droit en déclin. Certains pays font mieux que la France : il s’agit de l’Allemagne, du Luxembourg, du Canada, des États-Unis ou de l’Angleterre. Ce sont des États de droit plus perfectionnés. En France, le pouvoir administratif, toujours plus concentré, a conduit à ce que la loi devienne assez relative. D’ailleurs, un rapport du Conseil d’État de 2006, sur l’insécurité juridique, explique que le foisonnement des normes, la contradiction, le changement des normes, conduisent à une insécurité juridique et à une inconnaissabilité de la loi. Or, si le citoyen ne peut pas connaître la loi qui lui est applicable, alors que par ailleurs on lui dit que nul n’est censé ignorer la loi, il n’y a plus de sécurité juridique. S’il n’y a plus de sécurité juridique, l’État de droit est en déclin ».

Avec des lois qui changent en permanence, des injonctions contradictoires, comme on l’a vu avec cette affaire du coronavirus… Même les policiers reconnaissent qu’ils ont reçu du jour au lendemain des ordres divergents : « En plus, on leur donne un rôle d’appréciation, alors que l’appréciation de la commission d’une infraction n’appartient qu’au juge. C’est un exemple très intéressant de dégradation de l’État de droit, c’est l’hypothèse dans laquelle ce qui, normalement, est du ressort d’un juge se retrouve transféré à la police ».

Des policiers ont refusé de contrôler durement la population : « Ils ont bien raison, ce sont des gens de bien. Il y a des gens de bien dans toutes les catégories de la population, notamment chez les policiers, puisque leur métier est de protéger et de servir. »

Dans ce cinquième empire que nous vivons en ce moment, il y a un point qui n’est pas neutre, c’est l’attitude de la population : « Les périodes de dictature, car nous sommes hélas dans une période de dictature, que l’on espère provisoire, ont pour effet mécanique de révéler ce qu’il y a de plus mauvais dans l’humain, mais aussi ce qu’il y a de meilleur. C’est pour cela que l’on voit des dénonciateurs et des justes. Il peut y avoir des justes, même dans les forces de l’ordre… » En effet, des policiers ont refusé de contrôler durement la population : « Ils ont bien raison, ce sont des gens de bien. Il y a des gens de bien dans toutes les catégories de la population, notamment chez les policiers, puisque leur métier est de protéger et de servir. Malgré tout, ces périodes révèlent ce qu’il y a de plus mauvais chez beaucoup d’humains. Il y avait beaucoup de dénonciations au moment de l’Occupation aussi. Mon père a connu l’Occupation et, comme il était employé des chemins de fer et qu’il parlait couramment l’allemand, il a été interprète entre le chef de gare français et le chef de gare allemand à la gare des Batignolles. Il a eu l’occasion de rencontrer deux officiers de la Gestapo qui lui avaient dit : « Nous sommes dégoûtés par les dénonciations que nous recevons des Français, ce n’est pas glorieux… » C’est intéressant, parce que l’époque actuelle fait remonter ce genre de choses à la surface et ce ne sont pas les choses les plus agréables. Pourquoi le peuple français ne pousse-t-il pas un cri de bonheur à l’idée d’être libéré ? D’abord, la fraction française qui a fait la Révolution de 89 est une fraction très minoritaire. La grande majorité des Français ne sont pas vraiment décidés à se battre pour leur liberté. C’est toujours une minorité, elle est importante et elle peut éventuellement changer les choses. Ensuite, il y a eu une psychose collective à propos de ce virus chinois et cette psychose collective a été organisée par la majorité des organes de presse, avec l’influence des réseaux sociaux, qui ont expliqué que c’était extrêmement dangereux, et il y a une véritable ambiance de panique collective. On sait que les gens ne raisonnent plus dans la panique : c’est l’histoire du cinéma en flammes, où une pauvre femme enceinte qui trébuche se fait piétiner par la foule, alors que chacun des membres de la foule qui piétine la pauvre femme ne le ferait pas individuellement, bien au contraire. André Gide disait : Je hais la foule, parce que je sais ce que j’y deviens. Gustave Le Bon a écrit des choses indépassables sur la psychologie des foules. Donc, curieusement, il y a eu un phénomène de foule psychologique sur ce sujet à travers la manière dont les médias ont présenté les choses. Aujourd’hui, la terreur n’est pas entièrement passée et il y a de plus en plus de gens qui ne respectent pas l’assignation à résidence. Donc, progressivement, les gens se lassent d’avoir peur, mais la majorité continue d’être terrorisée. Toutefois, dans quelques mois, il ne sera plus possible de demander aux gens de rester confinés. »

Écrit par Rédaction

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