Rédaction
Kernews est une radio libre qui laisse la parole à tout le monde. David van Hemelryck, qui connaît très bien La Baule, est connu pour son activisme, notamment en pilotant chaque été un avion avec la banderole « Macron démission ». Il vient de faire le buzz sur les réseaux sociaux en faisant un direct de Kiev pour critiquer le régime. Un direct qui a failli lui coûter la vie puisqu’il a été repéré par les services secrets ukrainiens. Aujourd’hui, il est réfugié à Budapest et il a témoigné en direct sur Kernews. C’est un scoop Kernews : il confirme la montée en force de groupes ukrainiens qui communiquent aux Russes les emplacements des armes de l’armée ukrainienne. Rien ne permet de vérifier ce nombre, mais il est exact que la police ukrainienne traque ces gens. En France, certains vont les qualifier de « collabos », d’autres de « résistants ». A chacun de se faire son opinion.
Depuis 30 ans, on leur fait un lavage de cerveau, financé par Georges Soros
Kernews : Vous venez de passer quelques jours en Ukraine : quel était votre objectif ?
David van Hemelryck : Je voulais soutenir les Ukrainiens qui sont en train de mourir pour rien. Depuis 30 ans, on leur fait un lavage de cerveau, financé par Georges Soros notamment, en leur expliquant que l’Europe c’est bien, et que la Russie c’est très mal. Mais, ils ont tous des cousins dans le monde russophone, que ce soit en Biélorussie ou en Russie. Je connaissais des Ukrainiens au début de la guerre, ils étaient très excités, ils voulaient se porter volontaires, maintenant j’y suis retourné et j’ai été très surpris, car la plupart ont fait marche arrière. Beaucoup m’ont dit qu’ils se sont documentés, ils reconnaissent avoir eu le cerveau complètement retourné par la propagande, et maintenant ils sont en train d’envoyer leurs frères mourir pour rien. Mais c’est trop tard, ils ne peuvent plus rien faire, puisque là-bas il est interdit de se déclarer pour la paix. Je n’ai pas pu les filmer en direct.
Les services secrets ukrainiens sont occupés à traquer la résistance qui donne la position des usines d’armes aux russes.
Cela peut-il se comprendre pour un pays en guerre ?
Oui, mais l’Ukraine, selon la propagande, est censée se battre pour la démocratie. En Ukraine, les gens survivent en criant gloire à l’Ukraine, mais on ne peut plus savoir si c’est sincère, car ils n’ont pas envie d’aller en prison. Il y a des millions d’Ukrainiens qui se sentent Russes, ils sont condamnés au silence. J’ai donc voulu prendre la parole, depuis Kiev, au nom de ces millions d’Ukrainiens qui ne peuvent pas prendre la parole. Sur les réseaux sociaux, les Macronistes m’ont accusé d’être un mythomane, en disant que je n’étais pas en Ukraine, et j’ai pris le risque de faire un live depuis la place Maïdan à Kiev. On sait qu’en France il y a de la censure, donc je ne suis pas invité sur les plateaux, sauf chez Hanouna, donc je ne suis pas connu. Les services secrets ukrainiens sont occupés à traquer la résistance qui donne la position des usines d’armes aux russes. Cette résistance est souterraine et cela prend beaucoup de temps pour les traquer.
Le dernier qui s’est amusé à faire une vidéo en Ukraine, le journaliste Gonzalo Lira, a été torturé par le régime de Zelinsky et il est mort en prison…
En Ukraine, les entretiens sont assez musclés, on tabasse la personne. On a un peu la même chose en France avec des arrestations dans le but de vous faire taire. Mais c’est vrai, en France, les policiers ne vous tabassent pas en garde à vue, il vous tabasse avant. Les policiers font souvent du grand n’importent quoi, mais ils ont un certain honneur, et ils ne tabassent pas en garde à vue. J’ai donc voulu témoigner de ce qui se passe là-bas, directement depuis Kiev.
À Odessa, en attendant, les gens veulent être libérés par les Russes.
En Ukraine, les sondages confirment que le soutien à Zelinsky est en forte baisse. Qu’entendez-vous ?
Les Ukrainiens sont inondés de mensonges, il y a un seul journal télévisé qui est autorisé à la télévision, donc beaucoup continuent de croire en la victoire et ils voudraient que ce soient les autres qui meurent et que l’Ukraine reste un grand pays. Je parle des Ukrainiens de moins de 50 ans. Au-delà de 50 ans, ce sont des gens qui ont connu leurs cousins de Moscou, donc il y a un fossé générationnel. Les personnes âgées sont pour la paix et les jeunes qui écoutent la propagande sont pour la guerre, mais ils voudraient que ce soient les autres qui meurent. Mais, la guerre, c’est toujours un traumatisme. Les gens qui se sont posé des questions ne sont plus très chauds pour la guerre, il y a encore beaucoup d’incohérences. Il faut savoir qu’il n’y a pas de démocratie en Ukraine, Zelinsky a signé un décret comme quoi il n’y aurait pas d’élection présidentielle, et nous en sommes restés là. Nous avons donc un dictateur à la tête de l’Ukraine et, dans ce contexte, l’opposition est à l’étranger. Si on veut critiquer l’Ukraine, il faut sortir d’Ukraine, sinon peut se faire arrêter ou tabasser, on peut avoir un accident. Il y a même un site Internet des nazis ukrainiens qui publient des listes. Donc, il y a des gens qui veulent la paix, il y a aussi des pro-russes qui essayent d’aider les Russes à libérer leur ville, en donnant les positions des stocks de munitions. Évidemment, c’est un jeu dangereux, parce que les Ukrainiens ont tendance à mettre leurs stocks d’armes pas loin des civils et, quand un missile russe tombe sur un stock d’armes, c’est épouvantable, il y a des morts. La guerre est quelque chose d’horrible. À Odessa, en attendant, les gens veulent être libérés par les Russes.
Ce sont les pauvres qui vont mourir et la caste dirigeante, qui se fait du blé avec la mafia, continue de prospérer.
Ce qui est intéressant, c’est que pour certains, ceux qui collaborent avec les Russes, sont des collabos, pour d’autres, ce sont des résistants…
Il n’y a pas de peuple ukrainien, ce sont des Slaves qui ont des cousins russes, cela fait 300 ans qui vivent ensemble, ils ont des cousins des deux côtés. Donc, on ne peut pas faire d’analogie avec ce qui s’est passé en France avec les Allemands. Il y a eu un premier référendum et, comme le résultat n’a pas plu, ils ont fait une seconde consultation en posant comme question le fait de se séparer de l’URSS. Évidemment, les communistes n’avaient pas la cote, donc les gens ont voulu devenir indépendants. Cela ne voulait pas dire qu’ils voulaient rejoindre l’OTAN et devenir des ennemis de la Russie. Je me souviens d’une excitée qui était vraiment pour la guerre il y a deux ans, maintenant elle a changé de position, parce qu’elle cache son mari. À l’époque, elle me disait : « On a envie de voyager ». Ces gens se disent qu’en étant Russes ils n’auront pas le droit d’aller en Europe, donc c’est en quelque sorte l’Europe qui est responsable de cette situation. C’est un chantage qui a fonctionné auprès des jeunes. Il ne faut pas oublier que plus de 3 millions d’Ukrainiens ont choisi volontairement de se réfugier en Russie. Il est toujours facile de faire la guerre avec les enfants des autres. D’ailleurs, toute la classe dirigeante ukrainienne protège ses enfants avec un niveau de corruption effroyable. Il suffit de payer 7 000 dollars au centre de recrutement pour être exempté d’aller au front. Finalement, ce sont les pauvres qui vont mourir et la caste dirigeante, qui se fait du blé avec la mafia, continue de prospérer. Pour elle, c’est un pactole, avec tous les milliards qui sont envoyés. Aux Etats-Unis, les démocrates empêchent l’envoi d’auditeurs pour contrôler l’usage de tout cet argent qui est envoyé. Le ministre de la Défense ukrainien faisait des contrats en multipliant les prix par trois, ce qui permettait de distribuer de la marge à tout le monde. C’est un mécanisme bien connu de corruption pour ensuite distribuer des pots-de-vin.
On a vu une usine d’armes exploser sans le moindre envoi de missile russe.
Comment la population voit-elle l’évolution de ce conflit ?
Il est très compliqué de décrire l’ambiance dans un pays en guerre, beaucoup de gens doivent se taire, tout le monde doit crier « Vive l’Ukraine », mais c’est un cri de survie. Très honnêtement, j’ai eu du mal, j’ai pu parler à certaines personnes que je connais de longue date, il y a deux ans, ils étaient pour la guerre, l’année dernière, il y avait un traumatisme fort, et cette année ils se confient de plus en plus en disant qu’ils sont pour la paix et qu’ils en ont marre des oligarques qui encouragent la guerre. Par exemple, on a vu une usine d’armes exploser sans le moindre envoi de missile russe. On a aussi appris qu’un couple de nazis avait brûlé dans leur voiture à Odessa. Donc, il y a une résistance ukrainienne, c’est encore marginal, car il y a 200 000 policiers en charge de la répression politique. Le seul devoir de ces policiers et de traquer les éventuels opposants. Il y a surtout des gens qui ne veulent plus de la guerre.
